En Allemagne, la situation est d'autant plus alarmante que la nouvelle République de Weimar est confrontée à un climat de terreur qui se traduit sur le terrain par des assassinats, plusieurs tentatives de coup d'Etat et des insurrections communistes.
Le 13 août 1923, Gustave Stresemann accepte de former un gouvernement de « grande coalition » alors que le pays est au bord du gouffre. Né en 1878, il a fait des études de droit et d'économie politique avant de se lancer dans le monde des affaires. C'est la représentation d'intérêts économiques qui le mena à la politique. En 1906, il est le plus jeune député du Reichstag, élu en Saxe comme national-libéral. Monarchiste, Stresemann est alors un représentant de cette grande bourgeoisie d'affaire de Guillaume II. Pendant la guerre, il soutient les ambitions militaires de l'Allemagne et réclame en même temps des réformes libérales à l'intérieur pour mieux intégrer le peuple à la vie de l'Etat et renforcer celui-ci. 1918 est pour lui un effondrement mais il se ressaisit vite et fonde la D.V.P. (parti populaire allemand), située au centre de l'échiquier politique et qui sera un des pivots de la république de Weimar. Dévoré par le besoin d'agir sur les événements, il se prépare en 1921 au rôle d'homme d'Etat en prenant ses distances avec l'extrême droite nationaliste et en élargissant ses relations vers la gauche jusqu'à la social-démocratie. Par ailleurs, ses contacts avec l'ambassadeur d'Angleterre à Berlin, Lord d'Abernon, lui valent une excellente réputation auprès du gouvernement britannique. Lorsqu'il accède au pouvoir en août 1923, il s'octroie le poste de ministre des Affaires étrangères, poste qu'il conservera jusqu'à sa mort en octobre 1929. Son action fut surtout marquée par sa collaboration avec le ministre des Affaires étrangères français, Aristide Briand.
Briand est né en 1862. Il est avocat de formation mais s'engage très tôt en politique du côté de l'extrême gauche. Farouchement anticlérical, mêlé au mouvement syndicaliste, il se lie à Jaurès avec qui il fonde le Parti Socialiste français. Député de Saint-Etienne dès 1902, rapporteur de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat en 1905, il fait preuve d'un talent oratoire extraordinaire qu'il mêle à l'art de la négociation et du compromis. Ministre en 1906, il prend alors ses distances avec Jaurès et le Parti Socialiste. Président du Conseil pendant la bataille de Verdun, il est aussi de ceux qui sondent les possibilités de paix. Mais écarté du pouvoir en 1919, il contribue ardemment à l'échec de Clémenceau aux élections présidentielles de 1920. C'est à ce titre qu'il redevient en 1921 président du Conseil du Bloc national et s'engage par lui même à entrer dans le jeu de la politique internationale.
Alors que certains historiens n'hésitent plus à parler de « Guerre Froide franco-allemande » pour désigner les cinq années qui suivent la ratification du traité de Versailles (Poidevin, Bariéty), quelle politique ces deux diplomates, aguerries par une longue expérience politique, vont-ils décider de mener et quelles en sont les conséquences pour l'Europe ?
Tout en suivant un plan chronologique, nous tâcherons de montrer combien les intérêts nationaux sont avant tout leur principales préoccupations, mais nous verrons aussi comment à travers la défense de ces intérêts particuliers, la marche vers la pacification puis la volonté de construire une Europe rassemblée est une politique soutenue.
Dans une première partie, nous nous emploierons à montrer ce qui, dans les premiers engagements politique de Briand et Stresemann, tentent de redonner du souffle et de l'assurance à leur pays respectif. Puis nous verrons, dans une seconde partie, comment ces politiques se recoupent avec la nécessité de poser les bases d'une collaboration franco-allemande. Enfin, nous étudierons, dans une troisième partie, ce qui a pu apparaître comme al première tentative de créer une Europe unie.
[...] Bien que l'esprit de précaution ne soit pas totalement remis en cause, le pacte Briand-Kellogg est l'apogée de cette politique de paix puisqu'il condamne le recours à la guerre, et les pays signataires, dont la France et l'Allemagne, s'engagent à rechercher par des moyens exclusivement pacifiques la solution de tout différend à venir. Cette politique est surtout le début d'une certaine pacification des esprits en Europe. L'Allemagne et la France sont sorties de la misère financière, la stabilité et le plein emploi apaisent les rancœurs et les animosités. [...]
[...] Évidemment, celle- ci a dû mal à respecter ses obligations ce qui a pour effet de renforcer les tensions franco-allemandes. En Allemagne, la situation est d'autant plus alarmante que la nouvelle République de Weimar est confrontée à un climat de terreur qui se traduit sur le terrain par des assassinats, plusieurs tentatives de coup d'Etat et des insurrections communistes. Le 13 août 1923, Gustave Stresemann accepte de former un gouvernement de grande coalition alors que le pays est au bord du gouffre. [...]
[...] C'est donc un Briand affaibli qui se retrouva en janvier 1922 à une conférence interalliée à Cannes. Ses efforts pour ranimer la solidarité franco-britannique et la concrétiser sous la forme d'un pacte bilatéral efficace échouèrent. Son crédit politique à Paris s'effondrait et il démissionna le 1é janvier 1922. D'autres feront mieux Donc sa politique qui visait à renforcer la France en Europe, tout en gardant l'Allemagne hors de nuire et se rallier de nouveau les faveurs des Américains et des Britanniques, échoua. [...]
[...] En France, l'évolution des esprits est profonde. Les socialistes et les catholiques approuvent tous deux la politique de Briand, quant à l'Action Française germanophone, elle est condamnée à la fin de 1926 par le Pape. Le Vatican avance bien sûr d'autres arguments dans sa condamnation que les relations franco-allemandes, mais le résultat le plus immédiat est de démanteler en France l'opposition la plus structurée à la politique de Briand et de Stresemann car les membres de l'Action Française sont presque tous catholiques. [...]
[...] Enfin, si le projet Briand est un échec, du moins certaines idées réapparurent après 1945. Bibliographie Dictionnaire Lucien BELY, George-Henri SOUTOU, Laurent THEIS, Maurice VAÏSSE (dir.), Dictionnaire des Ministres des Affaires étrangères, 1589-2004, Fayard Ouvrages généraux Sylvain SCHIRMANN, Quel ordre européen ? De Versailles à la chute du IIIème Reich, Armand-Collin Ouvrages sur les relations franco-allemandes Raymond POIDEVIN, Jacques BARIETY, Les relations franco-allemandes, 1815- 1975, Armand-Collin Ouvrages et revues spécialisées Achille ELISHA, Aristide Briand, la paix mondiale et l'union européenne, éd. [...]
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