Petit pays situé en un point-clé de l'Amérique centrale, le Guatemala a une histoire tourmentée, tragique et dans ce sens a fait dire à un spécialiste qu'elle était un «cadeau du diable» . L'histoire récente semble confirmer ce sombre diagnostic. Au Guatemala, la guerre civile (1962-1996) a été la plus longue et la plus meurtrière des guerres centraméricaines et pour la population civile, l'une des plus désastreuses de toutes celles que l'Amérique latine a connu au cours des dernières décennies. Le conflit a pris au début des années 1980 un virage dramatique : destruction de plus de 400 villages, massacres de populations civiles perpétrées par l'armée et les groupes paramilitaires, déplacement de personnes, principalement vers le Mexique. La répression menée par l'armée guatémaltèque au nom d'une idéologie dépassée de guerre froide (politique dite «antisubversive de sécurité nationale») a provoqué 80 000 morts et disparitions et contraint à l'exode un million des dix millions d'habitants. Le processus de paix, long et chaotique, a toutefois abouti à la conclusion d'un accord définitif le 29 décembre 1996.
Si le diable est l'auteur secret du destin historique de cette république, il existe un autre acteur incontournable dans la région: les Etats-Unis. A la fin du XIXe siècle la puissance des Etats Unis s'affirmant, il devint inévitable qu'il disputa à l'Angleterre le contrôle de zone carabéenne. Cela se traduisit par une politique de rivalité constante pour l'hégémonie de la zone, à partir du traité de Clayto Bulwer de 1860, dans lequel les deux pays s'engagent mutuellement à ne pas coloniser, ni occuper aucune partie du territoire centraméricain. La présence nord-américaine se manifesta en Amérique centrale, non seulement par des interventions militaires (Nicaragua, Salvador), mais aussi par la présence massive de multinationales. Ces compagnies disposaient de la puissance financière et technologique suffisante pour s'accaparer le marché de certaines denrées (notamment les fruits).
La United Fruit Company (UFCO), crée en 1899, et son président Minore Quiet – le «pape vert» - symbolise, au regard de son importance dans l'économie et la vie politique des pays centraméricains (principalement le Guatemala, le Honduras et le Costa Rica) à elle seule la puissance de ces compagnies. Nous tenterons de montrer, à travers le cas du Guatemala, comment, avec la modification de la situation économique mondiale et les transformations internes du régime, l'UFCO a réussi à étendre son empire et devenir un acteur incontournable pour les élites du pays.
[...] Les activités de la UFCO se déroulaient sur la côte atlantique du Guatemala, tandis que la Cuyamel opérait au Honduras. La Cuyamel était intéressé par une déviation de la frontière, cette modification lui permettant de contrôler la principale voie ferrée centraméricaine reliant la ville de Guatemala à Puerto Barrios, lorsque celle-ci pénétrait le territoire convoité. Ainsi, la Cuyamel soutint les revendications du Honduras alors que la UFC, qui détenait des intérêts dans les deux pays, demeura en position de neutralité. [...]
[...] C'est pourquoi la plupart des luttes initiées pendant cette période furent menées en marge des mouvements dirigés par les principales centrales ouvrières. De plus ces mouvements étaient moins perméables à la politisation de leurs actions que ceux des ouvriers artisans citadins, qui constituaient alors la base des syndicats. Leurs actions revendicatrices dans les années vingt s'orientaient plutôt vers la reconnaissance légale des organisations syndicales, la participation aux gains des entreprises à travers une majoration des salaires et des prestations sociales. [...]
[...] Un bon indicateur de cette tendance est la réorganisation financière auquel furent soumises certaines compagnies fruitières. Voyons, à titre d'exemple, le cas de la Hubbard-Zemurray Company, liée à la figure de Samuel Zemeray. Cette compagnie a connu une réorganisation en 1911, sous le nom Cuyamel Fruit Company. Si ce processus fut très répandu, il en est un autre qui conduisit à la centralisation. Dans ce sens, il faut indiquer que rapidement, le marché a été contrôlé sous une forme quasi monopolistique par la UFC, dans presque tous pays d'Amérique centrale. [...]
[...] L'histoire récente semble confirmer ce sombre diagnostic. Au Guatemala, la guerre civile (1962- 1996) a été la plus longue et la plus meurtrière des guerres centraméricaines et pour la population civile, l'une des plus désastreuses de toutes celles que l'Amérique latine a connu au cours des dernières décennies. Le conflit a pris au début des années 1980 un virage dramatique : destruction de plus de 400 villages, massacres de populations civiles perpétrées par l'armée et les groupes paramilitaires, déplacement de personnes, principalement vers le Mexique. [...]
[...] Les frères Dulles n'eurent aucune difficulté à convaincre Eisenhower de la menace que Arbenz représentait pour la sécurité nationale des Etats Unis. Afin de permettre la pleine réussite du plan élaboré par la CIA pour renverser le régime, elle utilisa le Nicaragua, alors dirigé par un allié des Etats Unis Anastasio Somoza, comme base arrière. Bien qu'ils aient obtenu le soutien des gouvernements des pays d'Amérique latine, la CIA avait besoin d'une preuve évidente du lien entre Arbenz et les communistes. [...]
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