Le XIXe siècle a souvent été surnommé le siècle des révolutions. L'abolition par la Révolution des discontinuités de statut, ainsi que le virage industriel généralisé notamment au milieu du siècle, modifient la fresque sociale des sociétés européennes. Le phénomène est plus visible en France que dans les autres pays, restés fondamentalement nobiliaires, c'est pourquoi, tout en prenant pour cadre l'Europe occidentale, la présente dissertation s'appuiera en particulier sur l'exemple français.
Le sujet invite à réfléchir aux dynamiques qui traversent ce nouvel échelonnage de la société, à la mobilité a priori croissante, envisagée aussi bien sous l'angle de sa signification juridique - changement de statut social - qu'historique, avec le mythe de la méritocratie et de l'ascension sociale porté par la IIIe République en France notamment.
Mais surtout, se pose la question de l'impact réel de ces mobilités, surtout lorsqu'on sait que 90% des Français restent dans la classe sociale de leur naissance. Dans quelle mesure la disparition de lignes de fracture distinctes, s'inscrivant dans une logique plus globale de tentative de démocratisation des sociétés, permet-elle une plus grande mobilité sociale au sein et entre ces groupes hétérogènes ?
[...] Un deuxième élément est commun aux différentes couches des classes moyennes ainsi qu'à celles qui composent la bourgeoisie. C'est le fait que les individus qui les composent ne résident pas, pour leur grande majorité en milieu rural. C'est là encore une définition par la négative de ce que sont ces couches sociales : elles n'habitent pas en milieux ruraux, mais plutôt dans les bourgs ou les villes. A l'aune de l'hétérogénéité et de la difficulté d'identifier une ligne de fracture entre classes moyennes et bourgeoisies, il semble que ces deux ensembles se recoupent en partie. [...]
[...] Enfin, ces classes moyennes sont composées des professions libérales, catégorie aussi en plein essor, avant tout dans les métiers de la santé. L'exemple des classes moyennes peut être transposé à la bourgeoisie où l'hétérogénéité est aussi très frappante entre les différentes couches qui la composent. Ensuite, il est d'autant plus difficile d'identifier une ligne de fracture entre classes moyennes et bourgeoisies que les deux groupes ne se définissent pas par des caractéristiques données, mais se définissent en opposition à certaines caractéristiques. [...]
[...] Ce type de dynamique est très développé, et cela avant tout au sein des classes moyennes inférieures ou intermédiaires. Principalement deux raisons expliquent cela. D'abord, la très forte hétérogénéité de ces catégories. Celle-ci permet un choix très étendu de secteurs et de professions. A cet égard, il n'est pas rare qu'un petit artisan se reconvertisse en employé ou inversement. La deuxième raison à cette forte mobilité horizontale est la très forte volonté de ne pas être déclassé au rang de prolétaire ou de paysan. [...]
[...] Conclusion Ainsi, les dynamiques internes existant au sein des bourgeoisies et des classes moyennes, groupes hétérogènes et échelonnés, s'imbriquent, à l'échelle macroscopique, dans une stabilité globale des structures. La peur sociale qui s'empare des élites, anciennes et nouvelles, se cristallise à la fin du siècle, et ce, jusqu'à la Première Guerre mondiale. La frustration née de la mobilité ainsi freinée va pousser les intellectuels à proposer un modèle utopique de société dont la hiérarchie reposerait sur la seule sélection d'un système scolaire unifié (C. [...]
[...] En effet, la mobilité sociale entre les différentes couches des classes moyennes et de la bourgeoisie est d'autant plus facile que si les membres de ces différentes couches n'ont pas les mêmes conditions de vie, ils partagent dans leur grande majorité les mêmes valeurs. Ces valeurs sont issues de la bourgeoisie et reproduites par les classes moyennes inférieures. En effet, ces dernières s'emparent des valeurs de la bourgeoisie et se les approprient. C'est d'abord la profonde certitude des vertus du travail. Il s'agit de se dépasser par le travail, mode d'ascension sociale jugé des plus nobles, à l'inverse de la spéculation, très douteuse. [...]
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