Bonapartisme et gaullisme: ces deux termes font appel avant tout à des hommes, mais aussi à des façons de diriger la France, à des époques et dans des contextes très éloignés. Rappelons rapidement les contextes: le bonapartisme est un terme créé sur le patronyme de Bonaparte. Il désigne donc plusieurs périodes, qui correspondent aux moments où un membre de la famille Bonaparte (Buonaparte à l'origine, famille noble italienne) dirige la France. Cela concerne le Consulat, système mis en place par un coup d'état renversant le directoire en 1799, puis l'Empire, qui remplace le Consulat en 1804, et qui se termine en 1814, et enfin les Cent-jours, courte période où le même Napoléon Bonaparte tente de reprendre le pouvoir, mais la défaite de Waterloo marquera définitivement sa chute. Mais cela concerne aussi le Second Empire, instauré par le neveu du premier empereur, Louis-Napoléon Bonaparte, qui remplace la seconde République en 1852. On se permet de désigner du même terme de "bonapartiste" ces deux époques car Napoléon III cherche avant tout à continuer l'oeuvre de son prédécesseur. Quant au gaullisme, il qualifie essentiellement la période où le général, héros de la résistance, est à la tête du gouvernement ou de l'état: il le sera en 1958, alors dernier président du conseil de la quatrième République, puis est président de la cinquième République de 1959 à 1969. Mais le général et ses idées politiques sont connues dés la fin de la seconde guerre mondiale; son discours de Bayeux de 1946, en particulier, restera célèbre. Nous allons donc faire allusion à trois grandes périodes, pour simplifier: 1799-1814, 1852-1870, et enfin 1945-1969. Il s'agit d'époques historiques très différentes et difficilement comparables, ne serait-ce que par les progrès démocratiques accomplis.
[...] En réaction à cette inefficacité et instabilitéŽ, le général a prôné un pouvoir exécutif fort, représenté avant tout par le président de la république (donc par un homme seul) qui dirigerait la politique de l'état et disposerait d'un domaine réservé. On a par ailleurs cru à une volonté d'instaurer une dictature (hypothèse que l'Histoire a démenti) et après la réforme de 62, instaurant l'élection présidentielle au suffrage universel mais surtout permettant au président de modifier la Constitution sans l'accord des parlementaires, crié au viol des valeurs républicaines. [...]
[...] Celle-ci est assurée par le moyen du plébiscite, qui fut leur première arme politique afin de s'imposer comme souverain légitime. Nous savons que les Français ont massivement accepté les constitutions de l'an VIII, qui instaure le Consulat et Napoléon comme 1er consul pour dix ans, puis de l'an X où ce dernier devient consul à vie avec choix du successeur, et enfin de l'an XII qui instaure l'Empire. De même, De Gaulle désire pour le président de la République, une désignation par le peuple, et non par un collège de notables. [...]
[...] Napoléon III ne s'est-il pas fait défenseur de l'unification italienne? Et ceux qui ont fait appel au général De Gaulle s'attendaient-ils réellement à le voir accorder à l'Algérie, quatre ans plus tard, l'indépendance (qui avait éŽté accordée facilement à la Guinée en 1958 après son refus exprimé au référendum, puis aux autres colonies africaines en 1960) ? Bien sûr tout cela n'est que phénomè L'oeuvre des deux dirigeants redorera le blason d'un pays que les guerres ou les révolutions ont usé, et lui redonne ses lettres de noblesse. [...]
[...] Ce furent des pouvoirs forts, chacun dans son contexte, et ni De Gaulle ni Napoléon, pendant leur période d'apogée ne connurent de figure rivale ou équivalente : Bonaparte évinça rapidement Sièyes, et fit de Cambacérès et de Lebrun de simples conseillers ; le général sut s'entourer mais, comme l'empereur, sut subordonner ses hommes sans leur laisser la place nécessaire pour s'éŽlever à son niveau de prestige et d'autorité. S'ils ont incarné la France, ses hommes furent incarnés par des textes, pensés et écrits sous leur inspiration. [...]
[...] Ainsi le côté parfois paradoxal d'une volonté d'aller de l'avant tout en maintenant le pays d'une main de fer pourrait résulter des tensions que fonde ce passage à une nouvelle péŽriode. A. Une politique plutôt autoritaire qui privilégie l'ordre En quoi les empires, qui ne se veulent pas être un retour à Ancien régime, furent-ils autoritaires? (Précisons d'abord que si le premier Empire fut clairement autoritaire, le second évoluera rapidement àˆ partir de 1860, particulièrement en matière sociale et parlementaire; nous allons donc essentiellement traiter de la période 1804-1814.) Avant tout par leurs commencements : les deux empires, et même la période des Cent-jours, ne doivent leur existence qu'à un coup d'état. [...]
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