Ce discours, l'un des plus célèbres de la vie politique française au XXème siècle, a été prononcé par Léon Blum, le 27 décembre 1920 en clôture du Congrès de Tours, 18ème congrès de la SFIO (Section Française de l'Internationale Ouvrière). Il s'agissait lors de ce congrès pour les socialistes français, de déterminer l'attitude à adopter face aux bouleversements majeurs venus de l'Est.
En effet, trois ans plus tôt, en 1917, la prise de pouvoir révolutionnaire des bolcheviques en Russie, a suscité chez une partie des ouvriers français et des dirigeants du mouvement ouvrier, un élan d'enthousiasme sans précédent : pour la première fois, un gouvernement « non bourgeois » allait assumer le pouvoir dans l'intérêt, pensait-on, des paysans et surtout des ouvriers (...)
[...] Ainsi le deuxième paragraphe du discours évoque un groupe, qui, s'il souhaite adhérer à la IIIème Internationale, présente tout de même des divergences importantes avec le groupe précédent. Blum parle d'eux en utilisant l'expression certains d'entre vous (ligne et présente leur idée face aux 21 conditions: les accepter en façade puis les adapter selon leurs convenances, ou pour utiliser les mots de Blum n'entrer dans l'Internationale communiste qu'avec l'arrière pensée de la modifier du dedans (ligne 9-10). Cette tendance qui a obtenu 10% des suffrages se nomme à l'époque le groupe des reconstructeurs et est animé par Jean Longuet, le petit-fils de Karl Marx. [...]
[...] A la ligne une autre divergence en ce qui concerne l'organisation politique apparaît. En effet lorsque Blum parle des rapports de l'organisation politique avec l'organisation corporative il fait ici clairement référence aux rapports entre les partis politiques ouvriers et les syndicats ouvriers. Pour les socialistes comme Blum, depuis la charte d'Amiens signée en 1906, il doit y avoir une indépendance stricte entre le parti, la SFIO, et le syndicat, la CGT. Pour la future SFIC, en revanche, le syndicat doit être inféodé au parti: c'est ce qui donne en 1922 la naissance de la CGTU, soumise aux décisions de la SFIC. [...]
[...] Presque seul contre tous, il renvoie dos à dos les reconstructeurs pour leur manque de franchise et d'honnêteté, je crois aussi que c'est une attitude qui n'est pas très noble (ligne 12) et les communistes pour leur vision utopique de la société ainsi que de la politique, pendant que vous irez courir l'aventure (ligne 19-20). Malgré sa position très ferme, Blum ne cherche pas à rendre le divorce SFIO-SFIC irréversible. Troisième partie Léon Blum va donc également tenter au sein de ce discours de faire passer des messages pour le présent et le futur. [...]
[...] ] Il n'y a qu'une chose qui pourrait changer notre décision; c'est que l'Internationale communiste elle-même changeât [ . Je sais très bien que certains d'entre vous, qui sont de coeur avec nous, n'entrent dans l'Internationale communiste qu'avec l'arrière-pensée de la modifier du dedans, de la transformer une fois qu'ils y auront pénétré. Mais je crois que c'est là une illusion pure. Vous êtes en place de quelque chose de trop puissant, de trop cohérent, de trop stable pour que vous puissiez songer à le modifier. [...]
[...] Léon Blum, (1872-1950), alors député socialiste de la Seine et figure de plus en plus importante au sein de la SFIO française depuis l'assassinat de Jaurès en 1914, même s'il n'a pas encore l'aura qui sera la sienne en tant que chef de gouvernement du Front Populaire, s'exprime à la fin du Congrès de Tours. Le vote a alors déjà eu lieu et a vu la victoire écrasante des partisans à l'adhésion. Blum, défenseur du socialisme démocratique face à la pratique révolutionnaire violente, tente de se faire entendre dans une salle surchauffée et de faire passer quelques messages à ceux qui vont désormais faire route politique à part, au sein d'un discours politique très travaillé jusque dans les plus petites allusions. [...]
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