Le Blocus continental est proclamé par Napoléon Ier à Berlin, le 21 novembre 1806 par un décret. Le décret place les Îles Britanniques en état de blocus. Tout commerce, toute correspondance sont désormais interdits avec elles. Les marchandises anglaises peuvent être confisquées. Les bateaux britanniques ne peuvent plus être accueillis dans aucun port de l'Empire. Les ressortissants britanniques peuvent être arrêtés, considérés comme prisonniers de guerre et leurs propriétés saisies. Charles Maurice de Talleyrand-Périgord (1754-1838), en tant que Ministre des Relations extérieures, est chargé d'informer les vassaux et les alliés de l'applicabilité immédiate du décret. Le décret est ainsi communiqué à la Hollande, à l'Espagne, à Naples, à l'Etrurie. L'Europe se voit associée, sans avoir été consultée au préalable, à la guerre économique de la France contre les « océanocrates ».
[...] La contrebande est très active en Hollande. Hambourg est l'exemple type, où la corruption des responsables français encourage la fraude. La corruption des autorités françaises est l'un des moyens les plus efficaces pour contourner la loi. Le commerce anglais se trouve si facilité par la corruption des autorités françaises que le gouvernement britannique s'empresse d'adoucir le blocus sur l'Elbe, la Weser et l'Ems. Les autodafés de marchandises anglaises, organisés à grand renfort de publicité à Anvers, Livourne, Hambourg, Francfort ou Leipzig, ne peuvent que choquer l'opinion, même s'ils ne détruisent jamais de denrées alimentaires, mais seulement des produits fabriqués. [...]
[...] Traditionnellement, le blocus consiste à empêcher le ravitaillement de la ville ou du pays concerné. Dans ce cas, bien que les Îles Britanniques soient déclarées en état de blocus, il est impossible d'empêcher les marchandises britanniques et coloniales de quitter les ports britanniques, l'Empire ne disposant pas d'une flotte digne de ce nom, il doit donc leur être impossible de débarquer celles-ci pour les vendre. Napoléon Ier vise à ébranler le système de crédit anglais et par conséquent à tarir le flux de capitaux versés par l'Angleterre aux provinces qui lui sont alliées en Europe continentale. [...]
[...] Par rapport à Bordeaux, l'activité de course de Livourne et de Hambourg est moins soutenue. Peu de négociants livournais pratiquent la course. A Hambourg, la course ne fait nullement partie des activités traditionnellement pratiquées par les négociants. Les risques inhérents à la course incitent les négociants à diversifier leurs investissements sur plusieurs navires. Au cours de ces dernières années, le régime napoléonien semble reconnaître la nécessité économique, pour les négociants, de se rendre en pays ennemis. C'est une conséquence logique de la reprise de navigation sous licence avec l'Angleterre. [...]
[...] Elles sont chargées de mettre fin à la fraude mais sa répression pose des graves problèmes pour l'ordre public. On hésite à réprimer la filtration avec rigueur. Le régime est dans l'impossibilité d'empêcher la fraude au Système Continental. De Livourne à Hambourg en passant par Bordeaux, le monde du négoce et les Anglais profitent des faiblesses avouées des administrateurs français. La fréquence de la corruption laisse planer des interrogations inquiétantes sur le degré d'identification des administrateurs napoléoniens à la politique commerciale de l'Empereur. Par contre les fonctionnaires les plus conciliants ne sont pas nécessairement tous corrompus. [...]
[...] Dans les années suivant la proclamation du Blocus, Bordeaux est obligée de renoncer à la navigation outre-Atlantique et s'enfermer dans le commerce européen. Les descriptions des contemporains sont unanimes : la situation des villes à l'époque napoléonienne est noire. Le nombre des personnes faisant appel à l'assistance publique augmente de façon impressionnante. Le chômage augmente et sert d'immense réservoir de main-d'œuvre pour la fraude. En Livournais, soit la moitié de la population totale de la ville, ont besoin de l'aide publique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture