« La biographie, tout en continuant en France de rencontrer les faveurs du public, a connu chez les chercheurs une désaffection affichée ». Jean-Pierre Azéma résume bien la situation de la biographie historique dans les années 1970. Discréditée et rejetée depuis la fin des années 1920 par les historiens professionnels, notamment ceux de l'école des Annales, la biographie historique, écrite par des littéraires non-spécialistes tels qu'Alain Decaux et André Castelot, connaît un grand succès auprès du public. Jusqu'aux années 1970, le public est attiré par les anecdotes de toutes natures. Un retournement s'opère dans les années 1980 où le contexte devient plus favorable. Le genre biographique retrouve peu à peu du crédit auprès des historiens de métier.
[...] Pour Maurois, une biographie doit avoir un déroulement chronologique et privilégier le sujet de biographie au contexte et notamment les détails car ils révèlent la personnalité du sujet. Aujourd'hui, la biographie privilégie le personnage dans son contexte. Elle suit la plupart du temps le fil de la vie, avec souvent une alternance entre chapitres à tonalité chronologique et thématique. Le souci de vérité est primordial, même si le biographe doit toujours faire preuve d'intuition face aux lacunes des sources. Beaucoup insistent sur la nécessité d'une empathie de l'auteur pour le sujet de sa biographie, celui-ci ne devant pas se transformer en hagiographe. [...]
[...] Il précise son implication et son rapport personnel avec le sujet. Les plus grands romanciers et des hommes politiques (François Bayrou et Jack Lang) ont revêtu le costume de biographe. Mais actuellement, la plupart des biographies historiques sont écrites par des historiens. Dans les années 1960, le genre biographique est un tabou pour les historiens. Cependant quelques uns tels que Pierre Sorlin et Jean-Marie Mayeur tentent l'aventure, conscients d'être à contre-courant. Dès la fin des années 1970, de plus en plus d'historiens se lancent dans la biographie. [...]
[...] Les innovations en matière de biographie sont souvent limitées par des impératifs commerciaux. Cependant, des éditeurs tentent de renouveler le genre : Presses de Sciences-Po et Payot. Ils remettent en cause la fausse linéarité qui conduit de la naissance à la mort d'un sujet. Chez Science- Po, le personnage est abordé suivant un modèle qu'on peut nommer la vie et le mythe Il est étudié à travers plusieurs facettes et en particulier la façon dont il est perçu de son vivant et dans la mémoire collective. [...]
[...] Quels qu'ils soient, ces auteurs doivent faire preuve en général de qualité d'écriture, d'une certaine empathie pour le sujet, de rigueur historique, mais aussi d'une certaine intuition et imagination. De plus, la tendance actuelle est le passage de la biographie écrite à la réalisation de films. Les grands personnages historiques tels que Jeanne d'Arc, Napoléon et Hitler sont régulièrement adaptés au cinéma. DOSSE François, Le pari biographique : écrire une vie, Paris, éd. La Découverte AZEMA Jean-Pierre, Jean Moulin, Perrin KERSHAW Ian, Hitler vol., Flammarion DOSSE François, Le pari biographique, op. [...]
[...] Sa première œuvre est consacrée à Hô Chi Minh[8] en 1967 qu'il a rencontré en tant que journaliste. Il publie ensuite la biographie de Nasser[9] en 1971 puis celle de Malraux[10] en 1973. Ses ouvrages fondent le renouveau de la biographie. Ce n'est plus un simple portrait mais une somme à vocation exhaustive. Dans sa démarche, il croise les sources écrites et les témoignages oraux, ce qui explique sa prédilection pour la période contemporaine. Au total, une quinzaine de biographies sont à mettre à son actif. [...]
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