En 1886, alors que Paris a entamé depuis près de trente ans sa transformation, Berlin comme d'autres métropoles allemandes ont connu elles aussi quelques changements, des restructurations qui ne cessent de s'amplifier. Ce document est un extrait des "Notes prises dans un excursion en Allemagne", écrit par Ernest Lavisse et publié dans la "Revue des Deux Mondes", le 15 juillet 1886.
Ernest Lavisse est né à Nouvion-en-Thiérache (Picardie), le 17 décembre 1842. Il est originaire d''une famille de province qui admire la grandeur impériale. En 1862, il est diplômé à l'École normale supérieur et agrégé d'Histoire trois ans plus tard en 1865. De 1868 à 1871, il est le précepteur du prince impérial, ce qui le lie encore plus à l'Empire étant donné qu'il a pour mission de former le futur empereur. Mais la chute de l'Empire marquée par la défaite de Sedan le 2 septembre 1870, marque profondément Lavisse qui ralliera tardivement la République, pensant que seule une république conservatrice est apte à rassembler la France. Dès lors, il n'aura de cesse de considérer l'Allemagne comme le grand ennemi de la France. Maître de conférence à l'ENS en 1876, il clame la nécessité de reconquérir les provinces perdues d'Alsace et de Lorraine. Il a avant tout foi en une France solidaire, qui s'est toujours relevée. Comme Michelet, il utilise l'Histoire pour bien souvent faire l'éloge de la nation française et veut faire de l'enseignement une passerelle entre science et patriotisme. . En 1880, il entre à la Sorbonne comme suppléant de Fustel de Coulanges et y devient professeur en 1888. En 1894, il est élu à l'Académie française contre notamment Zola.
Son oeuvre majeure, L'Histoire de France en 27 volumes (1911), s'accompagne d'un manuel scolaire, Le Petit Lavisse. Il est également l'auteur de nombreux ouvrages historiques dont plusieurs sur l'Allemagne, Étude sur l'histoire de la Prusse (1879), Trois empereurs d'Allemagne (1888).
Dans ce texte, qui fait part des impressions d'Ernest Lavisse sur Berlin et Cologne, on trouve des descriptions des deux métropoles accompagnées d'une comparaison entre Berlin et Paris. Lavisse y énumère les changements qu'il a pu constater en neuf ans d'absence et livre ses impressions.
Dans quelles mesures cette description de deux villes majeures de l'empire allemand illustre les changements propres aux métropoles à la fin du XIX siècle? Comment Lavisse parvient-il à mettre en valeur la France à travers une description de l'Allemagne?
Tout d'abord, nous allons nous intéresser au constat de la puissance allemande que fait l'auteur, pour ensuite aborder le souci de forger le sentiment national, pour enfin nous pencher sur l'attirance qu'exerce l'Allemagne sur l'auteur.
[...] D'un point de vue historique, cette description est intéressante car elle nous permet d'appréhender différemment ce problème, au travers du regard d'un Français d'une part, mais surtout d'un contemporain à ces travaux. C'est aussi l'occasion pour l'auteur de mettre en valeur sa nation, de manière indirecte, en confrontant la capitale allemande à son homologue française. Mais reste qu'une certaine attirance pour l'Allemagne se ressent après la lecture de ces impressions. Berlin, et l'Allemagne en général par sa richesse et son développement semble donc séduire même les plus réticents à l'image d'Ernest Lavisse, symbole du patriotisme français. Bibliographie Pousou JP. [...]
[...] Dans les quartiers les moins riches, la sous-location et les logeurs à la nuit sont des phénomènes dominants qui permettent de diminuer les charges du loyer. En 1885, un an avant le voyage de Lavisse, on dénombre dans la capitale allemande logements composés d'une pièce et d'une cuisine dont le nombre d'occupants peut aller de 4 à 13 personnes. A cela s'ajoutent les 1584 logements d'une pièce abritant chacun 4 individus, et enfin caves dans lesquelles logent l personnes. Cependant, il constate que Berlin, à l'instar de Paris, n'a pas "une rive gauche et une rive droite", la population y est en effet répartie de manière homogène. [...]
[...] Ainsi, d'après d'anciens plans retrouvés à Dormstadt et à Paris, cette oeuvre nationale qu'est la construction du dôme, a pu être entreprise, devenant de ce fait un des symboles de l'empire allemand. D'affaire locale, la reconstruction du dôme est devenue une affaire pangermanique »(Louis Réau) . On n'a donc pas lésiné sur les moyens nécessaires à cet achèvement, à cette restauration où a épargné ni la science ni l‘argent »l.54. D'autre part, Cologne est à cette époque la métropole économique de la Prusse rhénane. Ainsi, tous ces éléments contribuent à faire de ces deux métropoles, Berlin et Cologne, des symboles du renouveau allemand. [...]
[...] Ainsi, tandis que l'Allemagne profite de son essor économique, certains dangers la guettent alors qu'elle semble selon Lavisse ignorer, "dans la joie de ses succès économiques et du Sedan industriel qu'elle nous inflige"l.62-63. Lavisse reproche ici aux Allemands une sorte d'hybris, d'allégresse trop marquée qui leur empêche de voir le danger qui s'avance. L'expression de Sedan industriel, qui met fin au texte, rappelle que, comme sur le plan militaire avec la défaite de Sedan le 2 septembre 1870, l'Allemagne continue d'humilier la France sur le plan industriel et économique. [...]
[...] Croissance des villes au XIX siècle, Paris Lacaze JP. Paris, urbanisme d'Etat et destin d'une ville, Paris, Flammarion Buffet C. Berlin, Paris, Fayard Favier J. Paris, deux mille ans d'histoire, Paris, Fayard Combeau Y. Histoire de Paris, Paris, Presse universitaire de France Kott S. L'Allemagne du XIX siècle, Paris, Hachette 1999 Réau L. Cologne, Paris, Laurens Ayçoberry P. Cologne entre Napoléon et Bismarck, Paris G. [...]
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