Benito Mussolini est l'une des figures noires du XXe siècle, fondateur du fascisme et incarnation d'une dictature qui régit l'Italie pendant près d'un quart de siècle. De ce simple constat découle l'intérêt principal de l'étude de sa vie. Et bien plus que l'enchaînement chronologique des événements, tout à fait aisé à réaliser, c'est la personnalité de Mussolini qui fascine. D'autant plus que celle-ci reste pour beaucoup d'européens une énigme. Après tout, comment interpréter, comment analyser les sinuosités d'une vie qui débute en 1883 dans le fin fond de la Romagne, dans une Italie tout juste unifiée, une Italie sans italiens et qui se termine le 29 avril 1945 sous les balles de partisans italiens ? Comment comprendre les changements idéologiques, les revirements qui conduisent le Duce du socialisme au nationalisme, de l'anticléricalisme aux accords du Latran, de l'anticolonialisme à la conquête de l'Ethiopie … ? La personnalité de Mussolini est donc au cœur de l'affaire et son analyse a fait couler beaucoup d'encre parmi les historiens. En effet, la difficile conservation de l'objectivité entraîne certains historiens vers le chemin de l'hagiographie. Néanmoins, le recul temporel combiné à l'existence d'une importante documentation permet une correction de ces dérives. Ainsi, Pierre Milza, lui-même se basant sur les travaux d'Emilio Gentile, historien spécialisé sur le fascisme, a pu effacer la plupart des dernières zones d'ombre subsistant dans la vie du Duce. Ce dernier insiste notamment sur l'importance de la vie privée du Duce dans l'évolution de sa personnalité ainsi que sur celle du mythe mussolinien qui est à l'origine du consensus entre Mussolini et le peuple italien. En conséquence, il serait intéressant d'étudier la vie de Benito Mussolini en suivant les pas de Pierre Milza et de voir donc, dans un premier temps, de quelle façon la formation puis les choix du Duce le conduisent au pouvoir, soit les trente neuf ans séparant sa naissance du 28 octobre 1922, date de la Marche sur Rome avant d'analyser la mise en place du mythe mussolinien jusqu'au tournant de la Guerre d'Ethiopie en 1935. Enfin, l'étude des dernières années du régime permet de mettre en évidence comment l'ambition du Duce, en tournant à la mégalomanie, entraîne la chute du régime.
[...] Dans la logique de Mussolini, il ne suffit pas de faire de l'Italie une grande puissance, encore faut-il qu'elle soit capable de conserver ce rôle. Pour Mussolini, seuls les pays connaissant une expansion démographique sont promis à un avenir de grandeur. Or, la politique nataliste du Duce n'a pas porté ses fruits et ce dernier impute ces mauvais résultats à la modernité gage de la décadence. De ce fait, les villes et ses élites sont montrées du doigt, ce qui entraîne une véritable offensive antibourgeoise. De ce combat renaît ou plutôt s'accentue le mythe de l'homme nouveau qui doit remplacer l'individu devenu décadent. [...]
[...] La première, classique, implique l'embourgeoisement de Benito Mussolini. En fréquentant les meilleurs cercles, celui-ci a fini par considérer qu'une alliance avec la bourgeoisie pouvait s'avérer utile. La seconde se base sur son ambition, Mussolini veut le pouvoir et a observé la défection de la Gauche lors des dernières élections et décide donc de s'appuyer sur le bord adverse. Le rapprochement avec la Droite entraîne le ralliement aux fasci de personnes issues de l'Ultra Droite comme les futuristes ou encore les arditi. [...]
[...] Par le choix de l'alliance hitlérienne, Mussolini porte donc seul la responsabilité de l'engrenage dans lequel il a coincé le pays. Son seul atout reste le délai de deux ans promis par le Führer avant de déclencher le conflit, un atout bien négligeable . à la mort du Duce En ordonnant à Ciano de signer le pacte d'Acier, Mussolini a parfaitement conscience qu'il franchit le point de non-retour mais n'imagine pas qu'Hitler puisse déclencher les hostilités dès 1940. Toutefois, la détermination nazie quant à la question de la Pologne se fait de plus en plus évidente durant l'année 1939, révélant un des grands paradoxes de l'attitude de Mussolini. [...]
[...] Le 1er novembre 1936, Benito Mussolini proclame la création de l'Axe Rome-Berlin. Le voyage de Mussolini en Allemagne en septembre 1937 renforce les liens entre les deux dictateurs, Hitler étant plus que sensible à l'assurance donnée par Mussolini : lorsque le fascisme à un ami, il marchait avec cet ami jusqu'au bout De ce fait, Mussolini et Ciano rentrent conquis en Italie, ignorant qu'Hitler leur a caché un point important de sa stratégie, l'Anschluss, soit l'annexion de l'Autriche le 11 mars 1938. [...]
[...] Il s'agit simplement d'un aspect de l'ambition de Mussolini. Ce dernier désire plus que tout jouer un rôle personnel, chose impossible en restant sous le carcan du PSI. La guerre semble, en fait, lui donner l'occasion de rompre avec l'ordre ancien qu'il attend. Son ralliement à la cause interventionniste provoque un véritable raz-de-marée dans le milieu socialiste, en quelques jours Mussolini passe du rôle de chef à celui de traître, c'est un véritable effondrement du premier mythe mussolinien. Il ne reste, désormais, à Benito Mussolini que le Popolo d'Italia qui obtient toutefois un large écho auprès des interventionnistes de gauche. [...]
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