Beat generation, flower children, hippies, contre-culture, révolte sociale, révolte morale, révolte politique
L'été 2009, l'industrie audiovisuelle et littéraire fêtait en grande pompes les 40 ans du festival américain de Woodstock. Rééditions, coffrets inédits, multitude de livres-témoignages et de traités disséquant le sujet... un an après Mai 68, on célébrait à nouveau la mémoire de la contre-culture des années 60 chez les éditeurs et dans les caisses des magasins. L'occasion de revenir sur le mouvement originel lui-même, la beat generation et les flower children, ceux qu'on a rapidement appelé les hippies. Phénomène qui a défini les années 60 et l'après guerre, et qui aura marqué à jamais l'évolution des sociétés occidentales modernes dans son inconscient, la contre-culture sixties demeure un sujet de profondes divisions. Révolution manquée pour certains, poudre aux yeux pour d'autres. Née sur la côte Est américaine et relancée à San Francisco avec la vague flower power, la beat generation aurait-elle pu changer le monde et donner accès à une société radicalement différente où l'on aurait vécu autrement ?
[...] Le romantisme à contre-courant de la modernité" III. Une révolte sociale et morale La beat generation est née d'une rupture d'avec les valeurs traditionnelles, la "civilisation de la bombe atomique" remettant en cause l'attachement des jeunes aux valeurs parentales et sociétales d'avant. De la Guerre Froide qui succédait à la Seconde Guerre Mondiale aux crises intra nationales américaines qu'était la ségrégation et la ghettoïsation des classes pauvres, le contexte de l'époque a insufflé aux jeunes générations une volonté de redéfinir la morale et la conception philosophique de la vie pour les lier à la "civilisation cosmique" et réfuter le matérialisme, le conformisme et la religion, dénoncés par Ginsberg dans son poème America. [...]
[...] La démarcation du mouvement s'est aussi traduite par un style vestimentaire à contre courant par des vêtements orientaux et des cheveux longs. Aux valeurs beatnik s'ajoute chez les hippies l'exploration artistique et sensorielle par l'utilisation du LSD, "l'acide", drogue de synthèse inventée par Albert Hoffman et popularisée par Timothy Leary, chantre de la culture beat, psychologue mêlant son domaine aux philosophies tantriques et orientales. Grâce aux Merry Pranksters, groupe fondé par Ken Kesey, et qui sillonna les Etats-Unis pour effectuer des acid-tests dans un bus avec de la musique psychédélique, et aux Diggers, groupe de théâtre de rue qui distribua gratuitement soins, nourriture et LSD, le mouvement hippie connut un essor très rapide à travers les Etats-Unis depuis son épicentre de San Francisco, berceau du flower power. [...]
[...] La drogue a pris le contrôle stratégiquement et effacé la réflexion, et l'apathie critiquée par les hippies a fini par revenir s'installer en eux. Pour beaucoup de témoignages d'époque, San Francisco en 1966 et en 1969, c'était le jour et la nuit. Les plus radicaux pensaient que le mouvement était déjà mort quand les termes beatnik et hippies leurs furent accolés, car originellement ils refusaient toute étiquette, et ces dernières allaient prophétiquement leur nuire aux yeux des masses, des medias et des autorités, sans même qu'ils aient besoin de chercher à se les enfiler sur le dos. [...]
[...] Il a rebondi à travers l'Amérique vendant l'expansion des consciences, sans même réfléchir aux réalités bien dégueulasses qui attendaient tous ceux qui l'avaient pris au sérieux. Tout ces tristes défoncés à l'acide qui croyaient s'offrir la paix et la compréhension à 3 dollars la dose. Mais leur égarement et leur faillite sont les nôtres aussi. Ce que Leary a emporté dans sa chute, c'était l'illusion centrale de tout un monde de vie qu'il avait aidé à promouvoir. Une génération d'infirmes à vie, d'explorateur raté, qui n'ont jamais assimilé le mensonge mystique originel de la culture psychédélique. [...]
[...] Plus souples que les coûteux établissements privés, ces écoles mixtes sans uniformes encouragent l'avant-garde dans la pédagogie, et enseigne la poésie beat, le free jazz, le cinéma d'essai, l'art abstrait En Californie, musiciens, intellectuels et figure de proue du flower power se réunissent à San Francisco, inspirés par la naissance du phénomène beatnik new yorkais, du rock dandy de Lou Reed et du Velvet Underground et du pop art d'Andy Warhol et du Greenwich Village. Ainsi naissent les premières communautés hippies en janvier 1966, après les communautés beatniks apparues au milieu des années 50. Michael Löwy, Robert Sayre, "Révolte et mélancolie. [...]
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