Le 12 octobre 1950, l'Etat-major français annonce officiellement, par voie de presse, la défaite des troupes françaises lors de l'évacuation du poste de Cao Bang. L'événement prend vite de l'ampleur: il ne s'agit plus d'un simple conflit colonial mais de l'une des premières batailles inscrites dans le contexte de la "guerre froide". Les troupes du Viet Minh ont capturé plusieurs milliers de soldats, sous-officiers et officiers français, légionnaires ou ressortissants de l'Union Française. Pour résoudre les problèmes liés à la gestion d'un si grand nombre de prisonniers, ils développent un système inédit de camp destiné à les endoctriner et les soumettre aux doctrines communistes. Comment le Viet Minh est-il parvenu à un tel succès et pourquoi se lance-t-il dans un projet si ambitieux? L'année 1949 est marquée par l'accession au pouvoir des communistes en Chine. Leur tutelle sur le parti indépendantiste vietnamien (le Viêt Nam Doc Lap Dong Minh Hoi ou Viet Minh) se renforce et à l 'importante aide matérielle s'ajoute une formation idéologique. L'Indochine devient un passage incontournable pour le contrôle de toute l'Asie du Sud-Est. L'arrivée d'une telle masse de prisonniers ne serait-elle pas exploitable? Car les objectifs du Komintern ne sont pas inconnus: le but est d'atteindre, à terme, tous les pays colonisés en partant de l'Asie pour finir en Afrique, et cela afin d'encercler totalement le "Clan impérialiste". On peut, dès lors, supposer que les prisonniers des troupes françaises puissent être utilisés à cette fin. Les soldats de l'Union française en particulier, qui sont susceptibles de devenir ainsi de futurs agents des idéaux communistes une fois retournés dans leur pays. Peut-on croire que, devant le nombre considérable de captures, le Viet Minh ait improvisé ce système concentrationnaire en l'affinant jusqu'à la méthode de "lavage de cerveau" appliquée dans tous les camps après la bataille de Dien Bien Phû ? Au contraire, ce système de camps n'était-il pas déjà en place, la victoire de Cao Bang fournissant alors les moyens de l'exploiter à grande échelle? C'est une question capitale pour mieux comprendre la place de la bataille de Cao Bang dans l'évolution du contexte international dans les années 1950. Etait-ce une victoire programmée pour lancer une politique d'expansion communiste ou n'est-ce qu'un concours de circonstances?
[...] Parfois elle est ponctuée d'étapes dans des camps de passages. A cette époque, le camp n'est pas un lieu fixe. Il est basé sur un village dont ils peuvent occuper certaines cases et qu'ils ponctionnent pour le ravitaillement. Il faut donc déménager de temps en temps quand il n'y a plus de ressources ou si les villageois l'exigent. Tous sont dans la zone nord du pays, près de la frontière chinoise, dans un milieu tropical hostile où la jungle règne, interdisant toute tentative de fuite. [...]
[...] Ils rejoignent en tas les autres éléments survivants du groupement. Prévenu de cet échec, Lepage renonce à sa progression et attend les survivants au niveau de la cote 765. Dans l'après-midi, il choisit de partir dans la direction de la colonne Charton et s'installe pour la nuit dans une cuvette ouverte au sud-ouest par l'étroite vallée de Coc Xa. Le B.E.P, qui n'a pu encore le rejoindre se fait encerclé dans la vallée, il doit subir une violente attaque nocturne avant d'accéder, enfin, au cirque où les attend le reste du groupement. [...]
[...] De Lang Son, Constans maintient l'ordre de décrochage immédiat vers le sud, en forçant le passage quelqu'en soit le prix. Assaillis eux aussi, les hommes du groupement Charton paniquent et abandonnent leurs positions pour fuir vers le sud. En complet désordre, tous sont peu à peu capturés. Charton lui-même est grièvement blessé et fait prisonnier en fin de journée. Lepage, qui n'a plus de nouvelles de Charton se résout lui aussi au décrochage vers That Khé. Entre la nuit du 8 octobre et le 11 octobre, les derniers petits groupes sont quasiment tous récupérés par les Viet minh. [...]
[...] Ces derniers bénéficient, d'ailleurs, de stages de formation mis en place, à partir de 1950, par Borodine, représentant du Komintern pour l'Asie. Cao Bang n'est plus seulement la perte d'un lambeau de l'Empire français, c'est la première victoire du communisme sur le monde occidental. Et il semble que cette bataille, voir même cette victoire, ait été planifiée par les "Grands Frères" russes et chinois dès qu'ils en ont eu la possibilité. De ces changements découlent le traitement inédit infligé aux prisonniers. [...]
[...] Il projette pour l'automne l'évacuation de Cao Bang, de Dong Khé et de That Khé. Lors de l'opération "Phoque" l'occupation simultanée de Thai-Ngyuen, ville sur la R.C.3 réputée comme étant la capitale d'Hô Chi Minh, doit alors détourner l'attention et permettre d'établir une nouvelle ligne de défense du delta plus au sud. Le 16 septembre Dong Khé est assaillie encore une fois par deux régiments viet minh, certainement le régiment 174 et le 209 qui est aux ordres de Le Trong Tan (à cette date, un régiment viet minh, ou Trung Doàn, regroupe à peu près 3600 hommes et une division hommes). [...]
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