La loi du 15 janvier 1975, proposée par la ministre de la santé Simone Veil, autorise, en France, l'IVG jusqu'à douze semaines d'aménorrhée (absence de règles). Cette loi, d'abord provisoire, a été rendue définitive par la loi du 31 décembre 1979. Depuis, les femmes peuvent recourir à l'avortement, à l'interruption d'une grossesse non désirée, et ce sans nécessiter l'accord de leur mari.
Il est frappant de constater que ce n'est devenu un droit en France que très récemment, tardivement en comparaison d'autres pays. Dans l'histoire de France et d'ailleurs, cette pratique a toujours été interdite, pour des raisons évoluant dans le temps, et plus ou moins réprimée selon la période.
Si l'on effectue des recherches sur l'histoire de l'avortement, on se rend compte que c'est un sujet qui a bien souvent été au cœur de débats brûlants où l'on peut voir sans peine une crainte des hommes de voir les femmes acquérir un droit immense sur la paternité et sur leur propre corps. Etudier l'histoire de l'Interruption Volontaire de Grossesse permet en réalité, dans une certaine mesure, d'étudier l'histoire de la femme et de son statut, du rôle que la société lui donne par rapport à l'homme et qu'elle accepte, enfin de la vision qu'on a du corps de la femme.
Comment la pratique et la répression de l'avortement sont-elles liées et évoluent-elles en parallèle avec les relations entre les deux sexes ?
Pour répondre à cette question, nous étudierons dans un premier temps l'avortement de l'Antiquité à l'époque moderne, dans un second temps les premiers progrès de l'avortement, et enfin l'Interruption Volontaire de Grossesse dans la société contemporaine.
[...] Le personnel infirmier a tout au long de cette procédure la consigne de se montrer prévenant et compréhensif ; il est difficile de savoir ce qu'il en est dans les faits. Néanmoins, il semble que peu d'accompagnement soit prévu pour la période postérieure à l'avortement. C'est pourtant presque toujours pour la femme un acte très difficile, douloureux, ressenti comme une perte. Elle peut en ressentir des remords, en particulier si elle avait hésité. Elle se sent bien souvent coupable et peut subir des pressions de la part de son entourage, se heurter à de l'incompréhension, un jugement de la société, enfin se sentir tout autant en détresse qu'avant l'opération. [...]
[...] L'homme étant plus fort physiquement, il bénéficie du prestige des aptitudes guerrières, et d'une plus grande efficacité dans les travaux des champs. La femme ne peut pas rivaliser dans ces deux domaines très importants et cela la place donc dans une position d'infériorité. A cette époque, où l'espérance de vie est faible et où le taux de mortalité infantile est élevé, le rôle de la femme est d'assurer une descendance à son mari. La femme, dans la société, est d'abord définie comme fille de quelqu'un, puis comme épouse de quelqu'un, et enfin comme mère de quelqu'un. [...]
[...] Elle distingue entre autres les IVG désirées et les IVG obligées. Parmi les IVG désirées, où la grossesse est inconsciemment voulue par la femme sans qu'elle ait de désir d'enfant, elle décrit les IVG : - narcissiques : il s'agit généralement de femmes près de la ménopause ou ayant déjà subi un avortement et désirant voir si elles sont toujours fertiles. Ces femmes cherchent à se réassurer de leur fertilité et, par là, de leur identité féminine. - initiatiques : la grossesse est la marque de l'accession à un statut de femme adulte par un jeune femme, qui marque également la séparation des sexes par le pouvoir de procréation de la femme. [...]
[...] La crainte et la détresse, ainsi que la certitude ne trouver de secours nulle part, pousse un certains nombres de ces mères célibataires à se suicider. D'autres, qui choisissent la voix de l'avortement, courent également des risques. Cette opération illégale s'effectue dans la clandestinité. On ne connaît pas l'avortement par instruments, pas avant le milieu du XIXème siècle, les connaissances sont hésitantes, et il y a peu de progrès. Les méthodes d'avortement peuvent être très brutales, comme on l'a vu, et dangereuses. [...]
[...] On dénonce l'avortement comme un fléau social. On stigmatise l'avortée comme une mauvaise femme, coquette et frivole, qui refuse le devoir sacré de la maternité, une meurtrière d'enfants (on peut voir un exemple de propagande en document annexe). On fait des exemples. Marie-Louise Giraud, une faiseuse d'anges est exécutée après un procès expéditif. En 44, les lois de Vichy relatives à l'avortement et à la répression pour les avortées sont abrogées, mais le pays sort d'une guerre et n'est pas près à le rendre légal. [...]
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