Jean Claude Farcy : « Partir à la quête de la naissance d'un véritable temps libre en milieu rural avant 1950 serait vain ». Le temps de non-travail a existé à la campagne mais il s'agit alors d'un temps vécu sous le regard de l'autre. Il est soumis à l'impératif de l'activité et a pour but la réalisation d'une oeuvre tangible, il ne faut pas traîner, ni être désœuvré. Chez les ruraux il est anachronique de dissocier trop hâtivement le loisir du travail, le plaisir de l'effort, le jeu de l'apprentissage.
Rares sont les moments qui échappent à de telles associations : le temps de l'église bien sûr, celui de la noce, mais la fête elle-même n'est pas déliée de toute référence au travail. Il ne faut toutefois pas se laisser abuser par la figure de la « société traditionnelle » qui est une construction du XIXe et qui obéit à des visées aujourd'hui élucidées. Dans les campagnes, les usages du temps dit libre n'échappent pas à l'histoire et à l'évolution des campagnes.
Le travail est avant tout perçu comme une nécessité vitale, d'où le mépris du travail mal fait qui diminue les récoltes et des subsistances. Au contraire, le travail bien fait valorise son auteur. Mais le travail est aussi une œuvre et pas seulement une aliénation : le rythme de travail s'adapte aux forces et aux moments de la vie, il est varié et les paysans sont en partie libres dans leur organisation.
Ils alternent temps de travail et temps de non-travail : ils ne subissent pas le temps contraint des machines. On ne peut donc pas y appliquer la récente grille d'analyse développée par la sociologie du loisir (divertissement, délassement, développement : les 3D de Joffre Dumazier), il faut chercher des rythmes autres (hiver mort/gros travaux d'été).
[...] Mais qu'appellent-ils un paysage ? Des travaux ont montré comment les voyageurs ont inventé le paysage en privilégiant des endroits d'où l'on pouvait goûter une vue construite comme un tableau, qui donne au spectateur une place particulière : il domine un lieu d'où les traces d'activité ont disparu. Le site est donc choisi pour ses qualités pittoresques (qui méritent d'être peintes), on y trouvera toutes les curiosités naturelles : grottes, falaises, cascades, etc . On les connaît d'abord par l'édition (voir la France pittoresque d'Abel Hugo publié en 1835) et par les peintres. [...]
[...] Du bain à la baignade Les premiers établissements de bain sont créés (photo) et les plages sont aménagées (séparation des sexes, séparation nageurs/non-nageurs ; cabines de bain alignées qui sépare les espaces). Peu à peu les toilettes évoluent et les corps se dénudent. De nouveaux métiers apparaissent : le guide- baigneur qui de surveillant va devenir maître-nageur (début Xx eme) : les bains ne sont alors plus cure mais loisirs et jeux et c'est au début du XXe siècle que le plaisir du soleil est reconnu. Après la mode du bain froid revigorant, on invente les plaisirs de l'eau chaude et du soleil. [...]
[...] Puis ce sera Royan, La Rochelle (1837), Calais, Les Sables-d'Olonne, puis Biarritz lancée par la construction de la villa Eugénie en 1855 (voie ferrée Paris-Hendaye en 1860). La mode de la plage se fonde sur le principe du défi : il faut être au contact des éléments et s'en protéger : d'où ces dispositifs de digues qui dominent l'océan déchaîné. Le curiste attend son salut des qualités de l'air et des embruns maritimes. A la fin du Second Empire la mode d'été est au thermalisme (Vittel, Evian) et celle des hivers aux cures de mer (Arcachon, Nice). [...]
[...] Les changements dans les campagnes suivent le rythme de modernisation (opposition entre les montagnes, les campagnes isolées de l'Ouest et les campagnes du bassin parisien). Mais globalement les nouveaux modes de vie affranchissent du groupe. Ephraïm Grenadou (paysan du bassin parisien en 1930) : Avec les automobiles, les copains s'agrandissaient. On allait tous les samedis à Chartres Mais les temps libres varient de plus en plus selon les classes sociales qui sont plus importantes à la campagne qu'on ne le croie généralement ; les temps libres varient également selon les lieux. [...]
[...] Le guide rouge est né. André Michelin affirme alors : ce guide naît avec le siècle, il durera autant que lui et c'est en effet ainsi que ce guide édité la première année à exemplaires se fait progressivement une renommée. Gratuit pendant 20 ans, il verra en 1926 apparaître l'Etoile de bonne table Moderniser l'hôtellerie Voyager en auto en 1900 c'est explorer des espaces nouveaux et les bourgeois qui s'y adonnent souhaitent retrouver les normes de confort auxquelles ils sont habitués. [...]
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