« Nous Slaves, nous accueillerons le dualisme avec une douleur sincère, mais sans crainte. Nous avons existé avant l'Autriche, nous existerons encore après elle ». Comme l'évoque Palacky, le chef du parti national tchèque, dans son oeuvre "L'idée de l'Etat autrichien" (1865), la question des nationalités est le principal problème rencontré par la monarchie austro-hongroise qui constitue une véritable "mosaïque des peuples" (David Colon).
Le 1er février 1867 marque la naissance de l'Empire austro-hongrois avec la signature d'un compromis qui met en place deux États souverains, l'Autriche et la Hongrie, dotés de leur propre Constitution et de leur administration, réunis au sein d'une monarchie unique avec un empereur d'Autriche couronné roi de Hongrie.
Ces différents peuples jouissent-ils de la même autonomie, des mêmes libertés politiques, économiques, culturelles, ou sont-ils « emprisonnés » et privés de tout droit d'expression ? Pour en revenir à la problématique, l'Autriche-Hongrie constitue-elle une « prison des peuples » à l'instar de l'Empire russe ? Les autorités austro-hongroises sont-elles parvenues à gérer la question des nationalités entre la constitution de la double monarchie et la dissolution de l'Empire ?
[...] Ainsi, les fondements mêmes du Compromis et sa mise en application vont se révéler être les bases d'une prison pour les peuples minoritaires. Les conditions du Compromis : une prison pour les peuples minoritaires Le Compromis met en place une double centralisation puisque les Parlements hongrois et autrichiens élisent des délégations qui se réunissent chaque année pour ratifier le budget commun et approuver des politiques communes. Pour les peuples slaves de la monarchie, cette entente entre les Allemands et les Magyars implique qu'ils renoncent à l'austro- slavisme à savoir un Empire qui donnerait à ses populations slaves la place qu'elles méritent compte tenu de leur poids démographique et de leur loyalisme envers l'Empereur. [...]
[...] La Moravie et la Bohême se couvrent d'un réseau d'associations, auquel se greffe le parti national tchèque. En 1884, la chambre de commerce de Prague passe sous contrôle tchèque. Ces derniers développent un réseau de caisses mutuelles et d'épargnes faisant de Prague le cœur financier des pays slaves de la Monarchie. Les Tchèques participent également à la vie culturelle : en 1881 est inauguré le Théâtre National Tchèque, en 1882 la première Université tchèque indépendante ouvre ses portes de même qu'une Ecole nationale tchèque de musique voit le jour. [...]
[...] Par exemple, en Bohême, les caisses d'épargne populaire sont détenues par des Tchèques et l'individu qui y dépose son argent appuie la cause nationale. En outre, dès 1862, deux Tchèques fondent les Sokols, association de gymnastique dont l'entraînement vise à faire du jeune Sokol un patriote. Les premiers Congrès de Sokols rassemblent des gymnastes de Bohême Moravie mais aussi des Croates, des Serbes et des Polonais. A la veille de la Première Guerre mondiale, l'association, véritable vivier pour le recrutement de cadres nationaux, rassemble 120000 membres. Les jeunes et les ouvriers participent aussi par des manifestations à la volonté d'émancipation tchèque. [...]
[...] En 1880, chaque citoyen habitant en Autriche doit indiquer la langue usuelle (Umgangsprache), dont il se sert dans sa vie sociale et professionnelle. Les citoyens habitants en Hongrie doivent quant à eux indiquer leur langue maternelle. Théoriquement, les peuples ont le droit de parler la langue de leur nationalité même si cela n'est respecté qu'en Cisleithanie, tardivement et partiellement. En Cisleithanie, les peuples disposent de droits politiques. A titre d'exemples, après 1867, en Bohême et en Moravie, ils peuvent participer à des associations. Ainsi en 1870 celles-ci rassemblent près de 40% de la population autrichienne. [...]
[...] L'Autriche-Hongrie - la prison des peuples ? (1867-1920) Nous, Slaves, nous accueillerons le dualisme avec une douleur sincère, mais sans crainte. Nous avons existé avant l'Autriche, nous existerons encore après elle Comme l'évoque Palacky, le chef du parti national tchèque, dans L'idée de l'Etat autrichien (1865), la question des nationalités est le principal problème rencontré par la monarchie austro- hongroise qui constitue une véritable mosaïque des peuples (David Colon). Le 1er février 1867 marque la naissance de l'Empire austro- hongrois avec la signature d'un Compromis qui met en place deux Etats souverains, l'Autriche et la Hongrie, dotés de leur propre Constitution et de leur administration, réunis au sein d'une monarchie unique avec un empereur d'Autriche couronné roi de Hongrie. [...]
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