En 1848, l'Empire d'Autriche résiste apparemment bien au choc du « printemps des peuples » dirigé entre autres contre son système politique et la « chape de plomb » qu'elle fait peser sur les douze différentes nationalités qui la composent. En effet, les différents mouvements nationaux de l'époque se soldent tous par des échecs (comme le note David Colon) et la création de l'Autriche-Hongrie en 1867 peut sembler une adaptation adéquate afin de limiter le choc des revendications nationales. Pourtant en 1914, commence une guerre qui épuise l'Autriche-Hongrie et aboutit au démantèlement de cet Empire de 49,425 millions d'Austro-Hongrois et de 625 000 Km2 en 1905.
Par conséquent, comment expliquer cette évolution si préjudiciable à ce pays de 1848 à 1914?
[...] Ses défaites militaires face à Victor Emmanuel à Magenta et à Solferino en 1859 ont pour effet de lui faire perdre l'ensemble de ses territoires italiens en 1866. Cet échec a pour effet de fragiliser le pouvoir impérial, affaiblissant sa politique étrangère face aux autres grandes puissances européennes, et pour conséquences sur le plan intérieur la libéralisation progressive et l'abandon du néo-absolutisme par François Joseph. La rivalité avec la Prusse est ancienne. A la suite de la reculade d'Olmültz en 1850, la Prusse se sent humiliée et cherche à se venger. La guerre avec l'Autriche-Hongrie commence en 1866 en raison de l'affaire des duchés. [...]
[...] L'administration reste fidèle à la monarchie. Au niveau fédéral elle est allemande à mais dans chacune des régions elle est majoritairement nationale de Tchèques à Prague). L'armée reste dans les faits la véritable institution fédérale. Il s'agit d'un creuset d'intégration des nationalités et de promotion sociale, dont le symbole reste l'académie militaire de Wiener Neustadt. Cependant, François-Joseph refuse de revenir à un véritable gouvernement fédéral, et en reste à l'association de l'Autriche et de la Hongrie. Les diètes régionales ont peu de pouvoir dans les faits, alors qu'elles sont en droit chargées du vote de la loi (en droit, il s'agit d'une compétence partagée). [...]
[...] Elle manque de capitaux propres : 10 milliards de couronnes d'investissement viennent de l'extérieur d'Allemagne de France du Royaume-Uni). Après 1860, l'Autriche-Hongrie semble se lancer avec retard dans la seconde révolution industrielle. En effet, chimie, automobile et construction électrique se développent à un rythme moins rapide en Autriche-Hongrie que dans d'autres pays européens comme l'Allemagne et la France. Ceci s'explique par le fait que l'Autriche-Hongrie subit de plein fouet la grande dépression (1873 à 1897), dont l'épicentre en 1873 se trouve à Vienne. [...]
[...] On assiste à la libération de la paysannerie, avec le rachat des droits féodaux et la disparition du pouvoir administratif des seigneurs en Transleithanie ; cela était déjà acquis en Cisleithanie depuis la première moitié du XIXème siècle. Cependant on observe un appauvrissement de la paysannerie qui doit partir en ville pour trouver du travail. La société de l'Autriche-Hongrie est donc marquée par un fort exode rural ; environ 25% des austro-hongrois vivent dans les villes en 1860 et 45% en 1905. De plus, la société austro-hongroise est marquée par une profonde inégalité sociale. Les 6000 plus grands propriétaires possèdent environ 40% des terres de l'Autriche-Hongrie en 1914. [...]
[...] A la suite du changement de siècle, l'Autriche-Hongrie devient un empire où il est de bon ton de sembler âgé. On se laisse en fait pousser la barbe, dans le seul but de ressembler à François-Joseph. Enfin c'est un empire où la contrainte sociale est omniprésente. Les codes vestimentaires par exemple sont très présents et ne sauraient être transgressés sans un coût social très élevé. En fait c'est toute exposition du corps ou référence à celui-ci qui est socialement réprouvée. [...]
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