Comment parler des Etats-Unis au XXè siècle sans évoquer l'histoire de l'automobile ? Cela semble impossible tant son importance dans le mythe de l' « American Way of Life » n'a d'égal que le poids des « Big Three » (Ford, General Motors, Chrysler) dans le domaine économique.
Ainsi, si en 1917 les Etats-Unis font déjà figure d'une société de l'automobile avec un véhicule pour quatre habitants, la tendance ne fera que se confirmer avec l'acquisition de la puissance économique. L'année 1988 montre, elle, la progression de nouveaux acteurs sur le marché automobile , au lendemain de chocs pétroliers traumatisants.
Il pourrait en fait s'avérer intéressant d'emprunter à cette histoire de l'automobile ses évolutions les plus significatives pour obtenir en reflet celles des Etats-Unis, et ce tant sur le plan économique que culturel, à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières.
Il conviendra pour cela de voir d'abord en quoi l'automobile est le symbole de la superpuissance économique américaine. A l'heure des « Trentes Glorieuses », c'est vers le terrain culturel qu'on axera la réflexion, en voyant de quelle manière l'auto s'impose au fondement de l' « American Way of Life ». Enfin, les contre-performances de l'automobile américaine apparaissent mécaniquement dans les années 1970 comme les révélateurs des fissures de l'économie et du modèle américains.
[...] Dans le domaine syndical, l'industrie automobile américaine montre bien, du Wagner Act au Taft-Harley Act, une montée en puissance de syndicats tels que l'United Auto Workers. Ces derniers obtiennent le plus souvent gain de cause contre les bastions anti-syndicaux que sont notamment Ford et General Motors. Si le succès de l'industrie automobile américaine et du modèle qu'elle véhicule rejaillissent sur les Etats-Unis (pensons notamment que le chiffre d'affaires de General Motors était dans les années 1960 l'équivalent de 80% du budget de la République Française), l'inverse s'avère mécaniquement possible. [...]
[...] L'automobile américaine est représentative, en même temps qu'elle participe des mutations économiques des Etats-Unis, par la désindustrialisation de la Rust Belt et, plus globalement, la tertiarisation de l'économie. Les évolutions de l'automobile américaine de 1917 à 1988 nous amenaient, au travers de ses mutations, de ses développements et de son influence sur la société toute entière, à analyser l'histoire économique, culturelle et aussi politique d'une certaine façon des Etats-Unis. Le poids économique des Big Three aux Etats-Unis comme en Europe, était un bon révélateur de la superpuissance économique américaine, tant durant les années 1920 que les Trente Glorieuses Ces dernières années, si elles furent l'âge d'or de l'automobile américaine, furent aussi les plus représentatives de l' American Way of Life et de la place fondamentale de l'auto dans cette société. [...]
[...] Si la période, qui fait la part belle aux succès d'un mode de vie basé sur l'automobile, montre un léger déclin, celui-ci ne doit nullement occulter la santé du secteur automobile et de l'économie en général en 1988. Les proportions de voitures américaines dans le monde n'atteignent pas les chiffres des années 1950, mais cela n'empêche pas General Motors de demeurer un indicateur clé de l'économie américaine, car possédant traditionnellement le chiffre d'affaire le plus important des Etats-Unis. Le modèle culturel basé en partie sur l'automobile n'est pas non plus en reste, s'exportant plus que jamais dans les pays industrialisé, symbole que le mythe qui entoure les Etats-Unis est toujours vivante en 1988. [...]
[...] Les évolutions géographiques des Etats-Unis, et notamment le maillage du territoire par les autoroutes, trouvent là leur cause. Les Etats-Unis deviennent ainsi plus que jamais la civilisation de l'automobile, comme la montre la multiplication des drive-in que ce soit pour la restauration, le cinéma ou les motels, spécifiquement étudiés pour accueillir les grosses cylindrées américaines. La voiture fait aussi son entrée à Hollywood, avec l'invention d'un procédé donnant l'impression de filmer l'intérieur d'une voiture en mouvement (le spectateur voit les paysages filmés défiler à travers la lunette arrière). [...]
[...] Les modèles d'automobile ne possèdent pas encore la capacité de traverser les Etats-Unis dans de bonnes conditions, ce qui explique l'importance, à cette époque encore, du train. En ville toutefois, la possession d'une auto est, outre le symbole d'une certaine importance sociale, le moyen d'habiter hors de la ville, ce qui explique les premières extensions des banlieues et les constructions de voies les reliant au centre-ville. L'automobile reste cependant encore minoritaire, et c'est pendant les Roaring Twenties qu'elle prendra toute son importance. [...]
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