Alphonse Aulard, "Ah que la République était belle sous l'Empire !"

Résumé du document

Le 4 septembre 1870 est proclamée en France la IIIème République, née de l'échec du Second Empire suite à la défaite contre la Prusse. Commence alors une nouvelle ère politique, et un nouveau régime, qui reste très instable et incertain à ses débuts.
Le radical socialiste Alphonse Aulard adresse au journaliste Duranes en 1885, soit quinze ans après les débuts de la IIIème République, cette remarque : "Ah que la République était belle sous l'Empire ! ". Il fait alors un parallèle entre deux régimes politiques qui par définition n'ont rien en commun, et met en évidence le fait que l'idéal républicain tel qu'il était sous le Second Empire était bien plus fervent et virulent que lors de la République en elle-même, ce qui semble assez paradoxal.

Les ambitions républicaines qui ont vu à nouveau le jour lors du processus de libéralisation de l'Empire amorcé à partir des années 1860 par Napoléon III, et qui correspondaient alors à une opposition au régime en place, soit l'empire, n'ont-elles pas abouties à proprement parler à une République solide, pleine d'idéaux et d'ambitions ? (...)

Extraits

[...] Cependant, vers les années 1860, il change de politique et amorce une nouvelle ère, celle de la libéralisation. C'est surtout à partir de ce moment, dans les années 1860, que l'opposition républicaine renaît et se manifeste réellement en exprimant ses convictions politiques et ses ambitions. La libéralisation entraine donc la montée de l'opposition dans le sens ou, ayant plus de liberté d'expression, ainsi que plus de droits pours se regrouper, et s'organiser, les opposants n'hésitent pas à faire à nouveau parler d'eux. [...]

[...] S'installe donc alors une période de désillusions et de déceptions pour les républicains à partir de 1870. Après la proclamation de la république en septembre 1870 est mis en place d'un gouvernement de la défense nationale, constitué principalement des députés élus à Paris en 1869 et placés sous la présidence du général Trochu. Mais dès les premiers jours, ce Gouvernement confronté à un double problème: établir son autorité alors qu'elle n'est que provisoire et organiser la lutte contre l'armée prussienne. [...]

[...] Il se montre favorable à des réformes radicales - c'est d'ailleurs pour cela que ce texte devient la ligne politique du parti radical, dont Alphonse Aulard fait partie notamment comme la liberté totale de la presse, la liberté d'association pleine et entière, la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Ce texte est plein d'ambitions et regroupent ce que l'on peut appeler l'idéal républicain sous l'empire. La ferveur républicaine, l'envie et le besoin de s'opposer au régime sont très présents de 1860 à 1870 et constituent entre autres, une des causes de l'échec du second empire. [...]

[...] On comprend donc le contraste mis en avant par Alphonse Aulard, entre les idéaux et les ambitions sous le second empire et la période de désillusion et de déception qui en découle, alors même que la république est proclamée. En effet, les divisions entre les républicains sont trop grandes jusqu'en 1879 et les mouvements monarchistes et communards bloque la réelle expansion républicaine, laissant place à une république instable et fragile. Maintenant que tous les pouvoirs sont entre les mains des républicains, il est grand temps d'affirmer les symboles : le drapeau tricolore, la fête nationale du 14 juillet, la marseillaise comme hymne national. Cela présage donc l'enracinement de la république qui se déroule de 1879 à 1885. [...]

[...] Les républicains quant à eux sont également très divisés, le temps de l'union sous le second empire semble passé. Deux groupes s'opposent : la gauche républicaine avec Jules Ferry, Jules Grévy, et l'union républicaine qui rassemble les proches de Gambetta. Cela laisse donc à Thiers une grande marge de manœuvre, mais la majorité de l'assemblée ne le soutient plus guère, le considérant comme dangereux dans sa volonté de créer une république très conservatrice. Il démissionne donc le 24 mai 1873 et se fait remplacer par Mac Mahon, un légitimiste. [...]