Le libéralisme a souvent été associé à la bourgeoisie, pensé comme un mouvement de classe, lié à l'émergence de nouvelles relations sociales. Pourtant s'est manifesté dans les grandes familles européennes du XIXè siècle un 'libéralisme aristocratique', un libéralisme de conviction, dans lequel des nobles s'engageaient pour leurs idées. Mais un libéralisme également de circonstance, lié à une volonté de sauvegarde d'intérêts particuliers
[...] En transformant son parti en un parti agrarien, l'aristocratie terrienne admettait que la propriété, et non plus le statut, gouvernait l'arène politique. Et ce faisant, l'aristocratie libérale signait-elle son arrêt de mort au profit de nouvelles élites. Mais le mouvement portait dans ses fondements même son insurmontable contradiction Et plus encore de son libéralisme Défenseurs de la liberté les aristocrates n'étaient pas les champions de l'égalité. Ils craignaient la démocratie autant qu'ils haïssaient le despotisme. L'inadéquation de ces principes avec leur temps s'est accentuée progressivement. [...]
[...] Il semble en effet que libéralisme aristocratique allemand ait, en comparaison avec l'Angleterre, joué un rôle plus limité dans la modernisation politique et sociale du 19ème siècle Des divergences internes Par delà les différents modèles nationaux le libéralisme aristocratique offre des variantes internes. En effet, on constate des divergences, voire des oppositions au sein même des pays européens, particulièrement dans les Etats non unifiés. En Allemagne, on distingue principalement deux types d'Adelsliberalismus : le libéralisme aristocratique est-prussien et le libéralisme aristocratique allemand. [...]
[...] Le cabinet de Palmerston en 1859 comportait 7 pairs fils de pairs et 3 barons. Seuls 3 de ses membres n'étaient pas titrés. Un paternalisme rural de l'aristocratie terrienne qui se poursuivit pendant encore une génération après la mort de Palmertson. En Angleterre, les aristocrates, en se montrant intelligent et flexibles, en acceptant des concessions à l'opinion publique (abandon de privilèges, fortes taxes sur les hauts revenus), ont dominé le développement économique et politique du pays. Même les villes acceptaient un "aristocratic whig leadership", lorsqu'il était exercé avec tact et responsabilité. [...]
[...] D'autre part, le libéralisme aristocratique se distingue aussi bien des conservateurs que des bourgeois par sa conception de la société. En effet, il ne présente pas une approche globale et universaliste. Il porte une attention particulière aux paysans, cherchant à exercer une influence renouvelée sur le monde des campagnes. On assiste ainsi à une tentative de clientélisation, plus ou moins réussie dans toutes les régions d'Allemagne Origine, naissance d'un libéralisme aristocratique En Angleterre, une composante essentielle de la constellation libérale est l'ancien whiggisme représenté par Burke, qui intègre à la fois tradition et nouveauté. [...]
[...] Il faut y ajouter d'autres exigences, comme celles du droit d'initiative des lois pour le parlement, de l'application du principe de consentement à l'impôt, des libertés de presse et d'association. Les représentants du libéralisme aristocratique ne sont pas non plus étrangers à l'idée de responsabilité ministérielle, tant que cela contribue à accroître leur influence. D'autre part, on peut également parler de libéralisme aristocratique lorsqu'un groupe régional ou social précis se transforme en mouvement militant pour la mise en place d'une constitution. Le libéralisme aristocratique se distingue du libéralisme bourgeois par un certain nombre de caractéristiques. [...]
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