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La visite historique de Donald Trump en Arabie saoudite semble avoir fortement rassuré les autorités saoudiennes, après que Donald Trump ait fustigé le royaume pendant des mois sur Twitter. Les principaux chefs d'accusation étaient que l'Arabie saoudite soutenait les mouvements terroristes. Pourtant, à y regarder de plus près, l'Arabie saoudite a tout fait depuis les années 1990 et encore plus depuis 2001 pour se débarrasser des terroristes sur son territoire et s'en désavouer à l'international.
Pour mieux comprendre cela, il faut s'intéresser à la période de la Sahwa, période de réveil islamique en Arabie saoudite qui sera un tournant majeur dans l'histoire de l'Arabie saoudite, aussi bien par rapport au pacte fondateur entre la dynastie saoudienne et les oulémas wahhabites, que par rapport aux relations internationales du royaume.
[...] Afin de mener ce conflit, Fayçal ibn Saoud, prince puis roi d'Arabie saoudite, va chercher une idéologie politique à opposer au socialisme panarabe de Nasser. Si le wahhabisme se révèle alors incapable de fournir à l'Arabie saoudite une idéologie politique à la hauteur, c'est sur l'idéologie des Frères musulmans que Fayçal va s'appuyer, d'autant que les Frères, victimes de la répression de Nasser, sont à l'avant-garde du combat idéologique contre le nationalisme et le socialisme panarabe. Ainsi, Fayçal mènera dans les années 1960 une série de réformes visant à élaborer un contre-modèle à l'Égypte nassérienne, avec l'aide des Frères musulmans. [...]
[...] La phase finale de la Sahwa sera donc une phase de militarisation du conflit, dont le point culminant sera l'attentat de 1995, qui va pousser à une sévère réaction saoudienne qui mettra un terme définitif à la Sahwa. V. La réaction des autorités saoudiennes Outre les pressions, arrestations voire exécutions qui ont eu lieu notamment dans les années 1990 contre la Sahwa, cette contestation va sonner comme une alarme pour les autorités saoudiennes, qui vont devoir réformer l'articulation faite entre politique et religieux, afin de réaffirmer le pouvoir exécutif. Les autorités saoudiennes décident de couper l'herbe sous les pieds de la Sahwa, en décidant en 1993 que désormais seul le roi peut nommer les directeurs d'universités. [...]
[...] Ce salafisme quiétiste sera principalement développé par Rabî' al-Madkhalî, d'où le nom de madkhalisme que l'on trouve parfois. Ce salafisme entend recentrer les préoccupations du croyant autour de la purification de la croyance, et non sur les questions politiques. C'est le retour des dynasties d'oulémas wahhabites, comme les al-Fawzân ou les Âl ash-Shaykh, ces derniers étant les descendants directs de Muhammad ibn al-Wahhâb. Ce salafisme quiétiste critiquera très sévèrement la Sahwa, accusée de nombreuses déviances dogmatiques dont ils iront trouver les sources dans les premiers écrits des Frères musulmans. [...]
[...] Le rôle de ce comité est désormais de valider les décrets royaux en s'assurant de leur compatibilité avec l'islam. Les oulémas renoncent donc à la critique du pouvoir pour s'occuper de la société et des mœurs. Toutefois, ils vont chercher à soutenir des initiatives métapolitiques dans la mesure où elles leur apparaissent comme compatibles avec le wahhabisme. Ainsi, la Sahwa bénéficie à ses débuts d'un regard bienveillant de la part de certains oulémas du palais comme Ibn Bâz ou Ibn ‘Uthaymîn. [...]
[...] Pour diffuser leurs thèses, les madkhalistes reprendront les méthodes utilisées par la Sahwa, et notamment les cassettes audios. Ils rédigeront également des rapports envoyés aux autorités saoudiennes dans lesquels ils alertent contre une conspiration islamiste visant à renverser le régime. Ce retour en force du loyalisme au sein du clergé wahhabite sera également utilisé par l'Arabie saoudite, en perte de légitimité religieuse, pour redorer son blason aux yeux des musulmans du monde entier. Grâce au hajj et aux chaînes de télévision (comme IqraTV), l'Arabie saoudite va ainsi chercher à diffuser ce salafisme quiétiste, dont les principaux adversaires sont alors les hizbiyyîn, ceux qui se constituent en partis. [...]
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