Lorsqu'on évoque le XIXe siècle, de nombreuses formules nous viennent à l'esprit : c'est le siècle de l'Industrialisation, des Nationalismes ou encore du Romantisme… Mais on oublie souvent que le XIXe fut aussi le grand siècle de la presse ! Pourtant, tout au long de la période, les régimes successifs craignent, à juste titre, les journaux, veillant à ce que leur liberté soit restreinte au maximum de peur d'en perdre le contrôle. La censure, monument absolutiste, est maintenue plus ou moins strictement jusqu'à la fin du siècle et, malgré certaines concessions, la presse ne jouit que d'une relative marge de manœuvre. Paradoxalement, la répression exercée à l'encontre de la presse n'a d'autre conséquence que de renforcer son poids : luttant pour leur liberté, les journaux se multiplient, leurs tirages augmentent et leur influence sur l'opinion publique devient cruciale. Comment expliquer l'apogée de la presse à la fin du XIXe ? Nous nous intéresserons à l'évolution de trois facteurs déterminants : le statut juridique et les lois encadrant la presse; les techniques qui en permirent le développement et enfin, les rapports entre la presse et la société du XIXe siècle.
[...] Les Trois Mousquetaires et Le Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas parurent en 1844, respectivement dans Le Siècle et dans Les Débats. Ce fut donc un élargissement du contenu et de l'audience. En poussant cette idée à l'extrême, se développe une diversification des publications : on assiste à la différenciation des types de quotidiens (journaux populaires, de qualité, d'abonnés, vendus au numéro ) Des journaux spécialisés dans le sport, la finance, la vie littéraire apparaissent. A cette occasion, signalons le document présentant un numéro du journal l'Auto, qui s'adresse donc aux fanatiques de sport et de l'automobile en général. [...]
[...] En effet, le prix d'un abonnement pouvait avoisiner les 80 francs par an, soit plus que le salaire mensuel d'un ouvrier ou encore le dixième du traitement annuel d'un instituteur. Lorsqu'ils y tenaient vraiment, les gens de classes moins élevées avaient toujours la possibilité de s'associer pour prendre un abonnement ou d'aller lire les journaux dans les salons de lecture ou les cafés. Pourtant, grâce aux progrès techniques et aux ressources de la publicité notamment, les prix allaient commencer à baisser. En 1836, l'abonnement des journaux Le Siècle et La Presse est fixé à 40 francs (ce qui revient à un prix unitaire de 10 centimes). [...]
[...] Ceci crée une puissance de nouveaux lecteurs potentiels, à mesure que l'alphabétisation progresse en France. La génération de la fin du siècle étant la mieux éduquée, il n'est pas étonnant que la véritable apogée de la presse se situe au-delà de 1900, à la Belle Epoque, période où les jeunes instruits atteignent l'âge adulte et vont ancrer la lecture des journaux dans leurs mœurs. Toutefois, cette évolution accompagne le mouvement d'urbanisation croissante au XIXe siècle, dans la mesure où l'agrandissement et la multiplication des villes aboutissent à l'anonymat des populations et à une certaine désaffection du lien relationnel (qui pouvait unir des ruraux par exemple, aux habitations pourtant éloignées les unes des autres), notamment dans les grandes villes: les habitants ont donc besoin des journaux pour apprendre les nouvelles de leur ville ou contrée. [...]
[...] Parmi les multiples avancées permises par la loi, on peut citer la suppression du cautionnement, dernière des lourdes contraintes administratives (dès lors, les journaux ont pour uniques obligations la déclaration et le dépôt) ; et la définition précise d'un nombre extrêmement restreint de délits de Presse : autrefois sévèrement réprimés, l'outrage à la République,à la morale publique et religieuse, l'excitation au mépris du gouvernement, de la famille et de la liberté des cultes ne sont plus considérés comme des crimes et jouissent donc d'une parfaite impunité de droit, tandis qu'une impunité de fait est constatée quant aux délits de diffamation ou d'injures aux personnes. En Allemagne, une loi de 1874 offre des libertés similaires bien que celles-ci prennent effet plus tardivement que dans le reste de l'Europe. La presse se voit ainsi octroyer une liberté d'expression et de critique totale qui explique son apogée jusqu'en 1914. [...]
[...] Vers une provincialisation de la presse L'extension de la presse ne se cantonnait cependant qu'aux seules capitales. Mais, ayant désormais atteint un standard populaire, la presse va s'éveiller en province également. En France, dès le début, chaque ville avait un journal gouvernemental, soumis aux ordres du préfet et donc à une tutelle sévère. Au début du Second Empire, commencent à s'élever deux ou trois feuilles d'opposition, avec l'accord des préfets. En 1870, Lille, Bordeaux ou encore Marseille ont leurs journaux à 5 centimes. [...]
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