De l'antijudaïsme à l'antisémitisme : modernisation d'une doctrine de haine ?

Résumé du document

Au dix-neuvième siècle se développe une nouvelle doctrine de haine envers les juifs en Europe. C'est l'antisémitisme, qui supplante l'antijudaïsme. Après un certain courant tolérant, révélateur de l'esprit des Lumières qui se traduit par une baisse des mesures répressives contre les populations juives, on assiste à la résurgence du mouvement anti-juif. On peut considérer ici l'apparition d'une haine moderne, s'appuyant sur des démonstrations pseudo-scientifiques, tandis que l'antijudaïsme reposait sur une croyance religieuse, la haine du peuple déicide.
C'est en 1879 que l'allemand Marr, un des théoriciens de l'inégalité des races humaines, utilise pour la première fois le terme antisémitisme. Cette transformation dans les fondements théoriques de la haine des juifs se traduit par des actions encore plus violentes et une volonté d'exclusion beaucoup plus forte. Le juif est toujours méprisé, mais il devient en outre l'objet d'une certaine peur, c'est les différentes versions de l'histoire du « complot juif ».

Extraits

[...] Une nouvelle doctrine antijuive, baptisée antisemitismus, traduit antisémitisme en français, par l'auteur allemand Wilhelm Marr dans son pamphlet Victoire du judaïsme sur la germanité considérée d'un point de vue non confessionnel. Cette nouvelle doctrine dont le premier témoin majeur est l'essai sur l'inégalité des races humaines d'Arthur de Gobineau, paru en 1955, marque la résurgence de la pensée antijuive et marque le début de nouvelles persécutions très fortes des communautés juives en Europe. Elle repose en tout cas sur plusieurs bases, qui marquent toutes une modernisation de la doctrine de haine antijuive. On assiste tout d'abord à l'apparition de ce qu'on appelle l'antisémitisme économique. [...]

[...] Il est considéré comme une forte menace pour la nation, amenant avec lui l'impureté de la race. La solution est alors une exclusion totale des communautés juives, voire même leur élimination, et cette mise en pratique des thèses antisémites voit plus tard son sinistre apogée dans la politique du IIIe Reich. Bibliographie L'antisémitisme R.Finz, Casterman Dictionnaire historique des fascismes et du nazisme Bernstein et Milza, Ed. [...]

[...] De l'antijudaïsme à l'antisémitisme: modernisation d'une doctrine de haine? Au dix-neuvième siècle se développe une nouvelle doctrine de haine envers les juifs en Europe. C'est l'antisémitisme, qui supplante l'antijudaïsme. Après un certain courant tolérant, révélateur de l'esprit des Lumières qui se traduit par une baisse des mesures répressives contre les populations juives, on assiste à la résurgence du mouvement antijuif. On peut considérer ici l'apparition d'une haine moderne, s'appuyant sur des démonstrations pseudoscientifiques, tandis que l'antijudaïsme reposait sur une croyance religieuse, la haine du peuple déicide. [...]

[...] On trouve des arguments propres à l'antisémitisme économique chez Alphonse Toussenel, Les juifs, rois de l'époque, et même chez Marx. Cette forme de haine antijuive marque une certaine modernité, puisqu'elle s'appuie sur les principes de justice sociale, de révolte du faible contre le fort, de l'opprimé contre l'oppresseur. La doctrine la plus radicale, et qui marque vraiment le plus le passage de l'antijudaïsme à l'antisémitisme, est celle qui s'appuie sur les théories racistes. C'est sur les bases de l'ouvrage de Darwin, L'Origine des espèces, et sur sa théorie de la sélection naturelle, que s'appuient les théoriciens antisémites, Marr ou encore Houston Stewardt Chamberlain. [...]

[...] Dans les pays libéraux, c'est à dire modernes la discrimination antijuive s'atténue fortement. Des auteurs comme Proust ou Maupassant ont témoigné de l'intégration des juifs à la société, avec un certain rapprochement avec la bourgeoisie catholique en France au dix-neuvième siècle. L'intégration des juifs se fait libérale ou nationale. Avec l'essor du capitalisme et de la bourgeoisie d'affaires et le développement des métiers dans lesquels la communauté juive était fortement représentée, les juifs sont considérés comme des citoyens ou des sujets à part entière. [...]