En 1938, l'anti-interventionnisme est le maître mot de la diplomatie américaine. En plein contexte de tensions de plus en plus violentes en Europe, les Etats-Unis ne cessent d'affirmer leur volonté de rester neutres, en dehors de tout conflit, refusant ainsi de prendre la responsabilité du maintien de la paix sur le continent européen. Cette politique volontairement isolationniste s'explique par plusieurs éléments. Tout d'abord, l'opinion publique américaine, marquée par les suites du premier conflit mondial et durement touchée par la crise économique, reste dans une logique de repli national et de désintérêt pour l'extérieur. L'isolationnisme est aussi très enraciné au Congrès qui exerce une pression constante pour empêcher l'Administration au pouvoir d'aller à l'encontre des positions neutralistes. A cela s'ajoutent différents lobbies, comme le comité America First, qui agissent pour préserver la paix, les valeurs et les intérêts américains. Ainsi, Roosevelt, contraint de prendre en compte la vigueur de l'isolationnisme et le contexte intérieur de son pays, se fait très hésitant quant aux mesures à prendre vis-à-vis de l'extérieur.
Néanmoins, la défaite spectaculaire de la France en juin 1940 constitue un réel tournant, puisqu'elle affaiblit le « mythe » de l'isolationnisme. En effet, se sentant de plus en plus menacée, l'opinion américaine, influencée par de nombreux groupes favorables à une entrée en guerre, réalise qu'une intervention est imminente et inévitable pour contrer le nazisme.
Dès lors, la politique américaine évolue, et le neutralisme peut être alors qualifié d'engagé, puisque les Etats-Unis prêtent officiellement main forte à la Grande-Bretagne. Ils révisent la législation de neutralité, se réarment, et mènent une « short of war », c'est-à-dire une politique d'appui matériel actif sans participation directe à la guerre, qui dure jusqu'au 7 décembre 1941, date à laquelle les Etats-Unis abandonnent l'anti-interventionnisme pour s'engager pleinement, malgré eux, dans la Seconde Guerre mondiale.
[...] L'appel désespéré lancé par Paul Reynaud le 10 juin 1940 après l'offensive allemande et demandant l'entrée en guerre des Etats-Unis dans un temps très court reste sans réponse. II. Cependant, dès l'effondrement de la France en juin 1940, l'anti- interventionnisme recule et les Etats-Unis se voient contraints de jouer leur rôle de grande puissance Les victoires de Hitler entraînent un revirement progressif de l'opinion publique qui prend conscience de la nécessité d'entrer en guerre Les nouvelles des persécutions antisémites et l'arrivée aux Etats-Unis de savants, d'écrivains, d'artistes chassés d'Allemagne nazie, comme Einstein, Thomas Mann ou Walter Gropius, troublent les Américains. [...]
[...] Lindbergh (Charles) : 1902-1974. Fils d'un membre du Congrès du Minnesota, il développe très tôt un goût pour l'aviation. Il achète un avion surplus de guerre et vole dans tout le pays, que ce soit dans l'armée ou pour l'aviation postale. Dans le cadre d'un prix, il traverse pour la première fois l'océan Atlantique le 20 mai 1927 à bord du Spirit of Saint Louis et en retire une célébrité gigantesque. Son fils est enlevé et tué en 1932, ce qui provoque un immense émoi. [...]
[...] L'anti-interventionnisme des Etats-Unis est-il dû à une idéologie, aux intérêts de certains groupes, au contexte politique et économique intérieur ? De plus, quelles sont les raisons qui ont mis fin à cette politique de repli et poussé les Etats-Unis à prendre part au deuxième grand conflit mondial ? En effet, si l'anti-interventionnisme bat son plein jusqu'en 1940, la menace nazie et surtout la prise de conscience du danger qu'elle représente pour les Etats-Unis sonnent le glas de la politique du neutralisme et de l'isolement. [...]
[...] Les doutes sur l'avenir du pays ont fait place à un orgueil patriotique fièrement affirmé : les Etats-Unis, agressés, se battent pour le bien. Une fois de plus, et ce en dépit des précautions des isolationnistes, le pays est entraîné dans un conflit mondial. Bibliographie PORTES, Jacques, Les Etats-Unis au XXème siècle, Paris Armand Colin Ouvrage complet, clair et précis, présenté sous forme de cours et de synthèses, qui présente une histoire globale des Etats-Unis au XXème siècle en insistant sur leur extraordinaire montée en puissance et sur leurs complexité et diversité, en tenant compte des derniers développements de l'historiographie. [...]
[...] Ouvrage centré sur la question de l'anti-interventionnisme, étudié sous tous ses aspects, avec une analyse pertinente de ses origines profondes et de ses différentes tendances. GUINSBURG, Thomas, triumph of isolationism”, p.90, in MARTEL (Gordon), American foreign relations reconsidered 1890-1993, Londres et New-York, Routledge p. Une quinzaine de pages qui expliquent les raisons de l'importance de l'anti-interventionnisme aux Etats-Unis sous Roosevelt. KASPI, André, Les Américains Naissance et essor des Etats-Unis : 1607- 1945, Paris, Seuil p. Ouvrage de référence, il est intéressant pour son analyse de la société, du peuple et de l'opinion américaines. [...]
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