« Ce traité de Turin n'était que l'aboutissement logique d'une longue odyssée où pas un instant on ne perdit la direction ». Ces mots d'Henri Bordeaux illustrent bien l'historiographie française de l'annexion de la Savoie à la France en 1860 : cette annexion est présentée comme naturelle et répondant à des évidences géographiques et culturelles que le plébiscite d'avril 1860 ne semble contester.
Il est indéniable que la Savoie présentait, dès cette époque, une certaine perméabilité culturelle vis-à-vis de la France : les occupations militaires de cette dernière ont été telles que la majorité des Savoyards parlait déjà français. Cette approche historiographique paraît toutefois omettre les débats véhiculés par l'Annexion de 1860 en décrivant un unanimisme qui ne peut être qu'un trompe-l'œil. Le fait que des personnages comme J.L Bard quittent la Savoie pour la Suisse en 1860 à cause de leur opposition à la France symbolise le caractère illusoire de cet unanimisme si fréquemment décrit par les historiens.
Nous nous demanderons donc en quoi l'annexion de la Savoie à la France n'était pas une donnée « naturelle » s'imposant obligatoirement à la sphère politique.
[...] Si le sort de l'Italie est à plaindre, celui de notre pauvre Savoie l'est bien plus encore. Engagés malgré nous dans une lutte qui ne nous regardait pas, nous avons prodigué notre or, notre sang, pour le triomphe d'une cause qui nous était étrangère 1851-1858 : Le Piémont-Sardaigne multiplie par huit les impôts en Savoie[9]. Cet accroissement de la pression fiscale est vu par les Savoyards comme le résultat de la politique italienne du Piémont janvier 1859 : Victor-Emmanuel II de Savoie évoque les cris de douleur qui de tant de parties de l'Italie sont venus jusqu'à lui et confirme ainsi l'orientation italienne de sa politique juillet 1859 : Gaspart Dénarié affirme, dans le Courrier de Lyon, que la Savoie n'est pas italienne et ne peut pas l'être Annexe 4 : L'annexion de 1860 : Une superposition de clivages. [...]
[...] Les œuvres picturales anonymes se sont alors multipliées afin de démontrer la grandeur de l'Empereur et la joie des Savoyards suite à cette annexion (annexe 5). Citation extraite de ROCHE-GALOPINI (Gisèle), La Savoie à la croisée des chemins in Site de l'Association 1851 pour la mémoire des Résistances Républicaines (http://www.1851.fr/lieux/savoie.htm). Chiffre tiré de MENABREA (Henri), Histoire de la Savoie, Montmélian, La Fontaine de Siloé (réed), p 560. Chiffre extrait de MIEGE (Gérard), La Savoie dans tous ses états in Le XIXe siècle (1815-1915), (http://www.19e.org/articles/savoie.htm), printemps 2002. [...]
[...] - Le Bulletin du Centenaire du rattachement de la Savoie à la France (1860), 1959-1960. - La Suisse dans la question de Savoie, Lausanne Disponible sur Jstor (http://www.jstor.org/stable/60101333). Webographie - DIGNAT (Albin), 24 mars 1860, la France reçoit Nice et la Savoie in Hérodote, site d'Histoire en ligne (http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=18600324). - MIEGE (Gérard), La Savoie dans tous ses états in Le XIXe siècle (1815-1915), (http://www.19e.org/articles/savoie.htm), printemps 2002. - ROCHE-GALOPINI (Gisèle), La Savoie à la croisée des chemins in Site de l'Association 1851 pour la mémoire des Résistances Républicaines (http://www.1851.fr/lieux/savoie.htm). [...]
[...] 1690-1696 : Louis XIV occupe la Savoie, alliée à l'Angleterre et aux Allemands contre la France lors de la Guerre de Neuf Ans (1688-1697). 1703-1713 : Louis XIV réoccupe la Savoie du fait des visées expansionnistes de Victor-Amédée II septembre 1792 : les troupes révolutionnaires françaises emmenées par François Amédée Doppet envahissent la Savoie. Mai 1793 : Thônes, la petite Vendée se révolte contre la présence française du fait de l'importance de la conscription et de la persécution des prêtres : La Savoie est officiellement cédée à la France lors du traité de Paris août 1802 : Savoyards contre 44 approuvent le plébiscite faisant de Napoléon le Consul à vie mai 1814 : le Premier traité de Paris divise la Savoie, une partie allant à Louis XVIII et une autre à la Maison de Savoie novembre 1815 : Le Second traité de Paris donne à Victor-Emmanuel Ier l'ensemble de la Savoie mars-6 avril 1848 : Les Voraces, des démocrates venus de Lyon, occupent la Savoie après avoir fait fuir les représentants de la Maison de Savoie au- delà des Alpes : Léon Brunier, député d'Aiguebelle, écrit La Savoie en 1848, ouvrage dans lequel il prône l'annexion de la Savoie à la France. [...]
[...] Nous nous demanderons donc en quoi l'annexion de la Savoie à la France n'était pas une donnée naturelle s'imposant obligatoirement à la sphère politique. Nous commencerons par montrer que la Savoie est devenue une monnaie d'échange pour le Piémont avant de voir que cette annexion a provoqué de nombreuses controverses qu'il a fallu canaliser par le biais de politiques spécifiques. La Savoie, la monnaie d'échange contestée du Piémont-Sardaigne Un territoire sacrifié sur l'autel de la raison d'Etat Cavour, le président du Conseil du Piémont-Sardaigne, comprend que la cession de la Savoie demeure une condition sine qua non de l'unification italienne. [...]
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