Le 20e siècle naît-il en 1919 ? C'est bien l'impression que donnent ceux qui ont connu les salons snobs du Faubourg Saint-germain, décrits notamment par Proust dans A la recherche du temps perdu. Après l'épreuve de la Grande Guerre, les années 1919 à 1929, voire 1931, signent une ère nouvelle, celle du bouleversement des mœurs, celle de l'appétit de vivre, de la facilité et du modernisme : les Années folles.
Mais ces dix années de frénésie ne masqueraient-elles pas quelque chose de plus profond ? Y a-t-il vraiment eu émergence d'un monde nouveau et oubli de la guerre ?
[...] La culture des Années folles Le foisonnement culturel est sûrement ce qu'il y a de plus marquant de cette période. Paris reste la ville des Lumières et renoue plus que jamais avec sa tradition cosmopolite : les artistes des quatre coins du monde viennent habiter la capitale : Picasso, Dali, Modigliani, Kandinsky, Chagall, Soutine, Dufy, Hans Arp, Picabia, et il en va de même pour les intellectuels : beaucoup d'intellectuels américains élisent domicile à Paris : Hemingway, Miller ou F.S Fitzgerald. [...]
[...] Pour la peinture, on poursuit également la lancée d'avant-guerre : héritage du cubisme avec Picasso, Braque et Léger. Après la fiévreuse recherche intellectuelle de l'avant-guerre on assiste à un apaisement et retour vers le figuratif et le réel (Becker Berstein). B : Aspiration au retour à l'Age d'or Un certain nombre de mythes qui sont le négatif des difficultés vécues tendent se développer. L'opinion publique attend des gouvernants d'effacer les traces de la guerre et de ramener le pays à l'avant-guerre. [...]
[...] L'automobile se répand également, elle qui allie sport et machine. C'est aussi l'ère de la communication et des médias : en 1921 c'est la première émission radio à la Tour Eiffel, c'est encore l'âge d'or du journal : les affaires criminelles, les procès et scandales (procès Landru) alimentent les chroniques. Les artistes deviennent peu à peu des stars Le développement de l'électricité rend en grande partie possible ces changements. Une nouvelle conception de l'urbanisme voit jour: Auguste Perret, Maurice Denis, le Corbusier, qui allient simplicité, rationalité, fonctionnalité. [...]
[...] Cette nouvelle génération elle aussi est viscéralement pacifiste. Cela aboutit à une sorte de conflit de génération: les jeunes reprochent à leurs aînés leurs idées et comportements obsolètes ainsi que les massacres injustifiables de la Grande Guerre par leur attachement à de vieux mythes. C'est donc assez logiquement la jeunesse qui va partir à la recherche de nouvelles idées : réalisme semble être leur mot d'ordre, ils veulent une action pragmatique et efficace pour gérer le pays et assurer la paix. [...]
[...] L'idée de Breton de changer la vie est représentative de l'ambiance des Années folles. II. La rémanence d'un monde ancien A : Visible dans la culture S'il y a bel et bien eu relève, c'est celle des maîtres de l'avant- garde par une génération d'artistes et d'auteurs déjà présente avant guerre. Les nouveaux maîtres ne sont pas des inconnus : ils sont tous groupés autour de la Nouvelle Revue Française dominée par Gide, et donnent la priorité à l'exploration de l'âme humaine. [...]
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