Si je dis années 20, la majorité d'entre vous a l'image d'une jeune femme aux cheveux courts portant une jupe courte révélant sa féminité évoluant dans une société reconstruite et renforcée après la guerre. Cette jeune femme quelle que soit sa position sociale semble pouvoir aspirer à un avenir radieux et en attendant profite de sa jeunesse en se cultivant et en jouissant des distractions offertes par les villes. Les années 20 évoquent donc en premier lieu une modernisation et une révolution culturelle. Mais est-ce réellement le cas ? L'image que nous avons n'est-elle pas exagérée pour éviter que le XXème siècle ne soit seulement synonyme de massacres ou crises ? L'idée que nous avons aujourd'hui des années 20 ne serait elle pas finalement un ensemble de stéréotypes ou d'images d'Epinal ?
Pour répondre à ces questions, nous verrons en quoi ont consisté les transformations subies par la société. Je détaillerai ensuite l'évolution culturelle pour en montrer les aspects novateurs mais aussi les limites. Enfin, nous verrons que la modernisation qui s'est manifestée au cours des années 20 n'a pas concerné tous les groupes sociaux.
[...] Cette population reste dénigrée par les urbains et encore plus depuis la guerre puisque les paysans furent désignés comme les responsables de la vie chère. Effectivement, la mort de nombreux agriculteurs a entraîné la formation d'exploitations plus grandes et la situation de pénurie a entraîné l'augmentation des prix permettant aux ruraux de faire usage de l'épargne et souvent de devenir propriétaires. Cependant, cette idée ne se vérifia pas au long des années 20 puisque la transformation urbaine ne connut pas de comparaison dans le milieu agricole. Il est vrai que la modernisation est bien en marche. [...]
[...] Ensuite, dès 1924, le programme des études secondaires et du Baccalauréat est le même pour filles et garçons. En 1925 est même inaugurée la première Ecole Polytechnique pour filles. De plus, l'habillement évolue transcrivant une évolution des mentalités, le sous-vêtement sous forme de pantalon disparaît pour devenir une culotte, le maillot deux pièces fait ses premières apparitions. Et enfin, le corset qui comprimait la poitrine disparaît mais, les femmes voulant rompre avec leur image féminine associée à une bienséance imposée adoptent le style longiligne, faisant penser à celle des petites filles et continuent donc de cacher leur forme, c'est la mode du haricot vert. [...]
[...] Les fêtes religieuses perdent aussi de leur caractère sacré. Ajouté à cela, l'agriculture se mécanise, fait usage d'engrais pour améliorer ses rendements mais, même si le nombre des petites exploitations recule, celui des grandes exploitations aussi. C'est le triomphe de l'exploitation familiale allant de 10 à 50 hectares, employant 1 à 2 ouvriers et représentant le quart des exploitations en 1929. Les rendements restent donc limités, avec des prix trop élevés par rapport aux prix mondiaux mais souvent trop faibles par rapport au prix de revient. [...]
[...] Une autre particularité de la société parisienne avant-gardiste des années 20 est son fort cosmopolitisme. L'illustration la plus représentative reste la lost generation (formulée par Gertrude Stein, the making of America 1925 livre le plus célèbre) désignant les écrivains américains qui avaient la vingtaine lors de la Première Guerre mondiale et qui s'expatrièrent en Europe, pour fuir le matérialisme et la répression. Parmi eux, on peut citer des écrivains tels que Ernest Hemingway ou encore F. Scott Fitzgerald et même si aucun courant littéraire ne leur est attribué, ils participèrent au renouvellement de la littérature, en usant de réalisme et d'éléments autobiographiques dans leurs œuvres (et rompant ainsi avec la Genteel tradition). [...]
[...] Les années 20 virent donc naître des transformations profondes. Celles-ci à l'origine de la construction d'une société plus moderne de par son égalité, son ouverture et son esprit novateur ajoutés à la soudaineté de ce comportement peuvent pousser à évoquer une démonstration de folie. Mais plutôt qu'une folie spontanée et enthousiaste, il vaudrait peut être mieux évoquer l'évacuation d'un malaise et une transformation qui n'est finalement que le légitime aboutissement de l'expérience commune et traumatisante que fut la guerre. Rétrospectivement, on peut aussi être conduit à évoquer une folie parce que cette période est délimitée par deux évènements lourds de conséquences que sont la Première Guerre mondiale et la crise des années 30 qui ont pu nous pousser à idéaliser cette décennie où les conflits et les problèmes semblaient inexistants. [...]
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