Marquée par la fin de la guerre en Algérie et le référendum sur l'élection du Président au suffrage universel, 1962 est une année charnière de la république gaullienne. Dans quelle mesure l'année 1962 a-t-elle réorganisé la répartition des pouvoirs entre le Président et les Assemblées ? Quels furent ses impacts sur la nature du régime, transformation déjà entamée, et surtout sur l'organisation de la vie politique ? Comment la personnalité de Charles De Gaulle a-t-elle pu imprégner notre pays sans toujours rester dans le cadre juridictionnel ?
[...] L'opposition se construit donc au nom de la tradition républicaine. De plus, De Gaulle annonce que l'article 11 de la Constitution sera utilisé : le référendum primerait donc sur la voie classique de vote des assemblées (article 89). Pour la majorité des députés et des juristes, le Président outrepasse ses droits et détourne la Constitution à son profit. Gaston Monnerville, Président du Sénat, parle de " violation de la Constitution " et accuse le gouvernement de " forfaiture Ce qualificatif se dresse en fait directement contre la tentative de pouvoir personnel de De Gaulle. [...]
[...] Conclusion L'année 1962 est l'année d'une nouvelle ère politique. L'homme providentiel est au cœur de cette année et du nouveau régime qu'il engendre. C'est la fin du conflit algérien et de l'instabilité politique qui minèrent la IVème République. Mais l'élection du Président de la République au suffrage universel est un véritable ouragan dans les institutions et la vie politique française. La légitimité présidentielle ne peut qu'en être renforcée ainsi que les pouvoirs personnels du Président qui fait ombre au Premier Ministre. [...]
[...] Les partis doivent assumer l'échec d'un régime qui était le leur et se rangent derrière De Gaulle car le drame les laisse sans solution. L'Union pour la Nouvelle République (UNR) renonce à l'autonomie et devient le soutien si ce n'est l'instrument du Président. Le PCF reste dans l'opposition affirmant ses convictions pacifistes mais il est favorable à la politique étrangère du Général (indépendance de l'Algérie, autonomie face aux Etats-Unis rapprochement avec les états communistes) et appelle à voter "oui " au référendum sur l'indépendance. Les autres partis se rangent dans la tendance en appuyant la politique algérienne à bas mots. [...]
[...] Celui-ci est un collaborateur personnel du président et n'est ni parlementaire ni homme politique. La volonté d'accentuer la tonalité présidentielle du régime n'en est que plus visible. Peu à peu, les opposants au régime se font plus nombreux. Une crise est ouverte lorsque De Gaulle affirme sa vision européenne comme celle des " Etats-Nations " dans une conférence de presse le 15 mai 1962. Sa prose exaspère les partisans de l'Europe supranationale : les cinq ministres MRP (dont Pflimlin et Schumann) démissionnent du gouvernement. Les Républicains indépendants –dont V. [...]
[...] Comme pour chaque référendum gaullien, la menace de démission place derrière l'appel à voter " oui Le référendum est une victoire pour le chef de l'Etat. Tous les partis politiques avaient appelé à voter " non " à la réforme. Cette coalition se rangeait derrière Paul Reynaud (modéré) et essuie un bel échec. Le Président a vaincu les partis : l'avenir du régime sera présidentiel. Pourtant, De Gaulle avait contre lui les partis, les organisations professionnelles, les syndicats et une grande partie des juristes. Mais la culture parlementaire ne pouvait espérer sortir de la crise dans laquelle elle s'embourbait depuis l'entre deux guerres. [...]
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