En mai 1851, s'ouvre à Londres la première exposition universelle, officiellement intitulée « exposition des œuvres de l'industrie de toutes les Nations » : il s'agit d'une véritable vitrine pour l'industrie britannique et l'occasion de démontrer son avance technologique. Près de 6 millions de visiteurs se pressent à Hyde Park pour admirer le Crystal Palace, bâtiment combinant le fer et le verre, et visiter les stands des 14 000 exposants. Cette manifestation est l'illustration du règne de la machine, du fer et du charbon et trouve son écho dans la réflexion de Michelet : « l'Angleterre est devenue un bloc de houille et de fer» : désormais, le royaume est réellement entré dans l'ère industrielle, avec tous les bouleversements qu'elle implique ; depuis l'arrivée de la reine Victoria sur le trône, en 1837, l'Angleterre a définitivement quitté l'Ancien Régime. Par son règne d'une durée exceptionnelle – elle décède en 1901 –, Victoria traverse le XIXe siècle et marque de son empreinte une période de progrès et de changements sans précédent pour l'Angleterre, à tel point que l'on a pu parler de « civilisation victorienne ».
Entrée de plein-pied dans « la modernité », c'est à dire dans la période contemporaine, par opposition à l'Ancien Régime, l'Angleterre victorienne semble être un modèle et une exception en Europe : elle est à son apogée et distance ses voisins sur de nombreux points. La modernité comporte plusieurs aspects : elle est tout à la fois politique, économique, mais aussi culturelle et sociale ; de façon synthétique, E. Hobsbrown la défini comme « l'avènement de l'Etat » et Norbert Elias comme « un processus de civilisation ».
En quoi l'Angleterre du XIXe siècle est-elle l'illustration de l'achèvement de ce processus de modernisation ? Peut-on dire que l'Angleterre victorienne représente l'apogée de la modernité ? Mais cette modernité n'a t-elle pas aussi des aspects sombres ?
Pour répondre à ces questions, nous verrons que l'Angleterre victorienne est l'âge d'or de la modernité sur de nombreux plans (I) mais que cette modernité ne bénéficie pas à tous et a aussi des contreparties négatives (II).
[...] Au cours du XIXe siècle des avancées sont obtenues : par exemple, grâce aux Married Woman's Property Act de 1870 et 1882, l'épouse retrouve la pleine propriété de ses biens. Entre 1850 et 1880, les femmes accèdent aussi à l'éducation : quelques collèges sont crées, réservés à la bourgeoisie, et les jeunes filles peuvent accéder à l'université. Sur le plan politique, dès 1867 est créée la National Society for Woman's Suffrage, association organisant réunions, conférences et publication d'article pour étendre le suffrage, mais ce n'est qu'après 1900 que le mouvement des suffragettes connaît un véritable essor. Le mouvement féministe est encore marginal sous le règne de Victoria. [...]
[...] La société est aussi profondément divisée, entre ceux qui profitent à plein de la modernité et ceux qui en souffrent : le monde ouvrier, le prolétariat urbain Le monde des villes, vitrine de la modernité connaît aussi son lot de misère et de taudis. Dans la vie politique, les Irlandais voient leurs revendications balayés et radicalisent leurs actions pour se faire entendre ; les femmes sont elles aussi marginalisées, puisque le droit de vote leurs est toujours refusé, malgré quelques avancées en particulier pour les divorces. Il faut encore attendre quelques décennies, voire plus, pour voir tous ces problèmes résolus, et faire en sorte que la modernité soit une réalité pour tous. [...]
[...] L'adduction d'eau et l'éclairage public se généralisent dans les grandes villes : un nouveau confort est associé à l'image des villes. A ce processus d'urbanisation ainsi qu'à la révolution des transports sont associés le développement d'un nouveau cadre de vie, un changement dans les modes de consommation, l'apparition de nouvelles relations sociales, des loisirs, c'est à dire presque la naissance d'une nouvelle civilisation. Par exemple, c'est à cette époque que le thé et le tabac voient leur consommation généralisée, tout comme les sports comme le rugby ou le tennis sont davantage pratiqués. [...]
[...] Des difficultés économiques qui montrent les limites de la modernité britannique Une agriculture à l'écart de la modernité Des années difficiles : la crise de 1873 Une modernité qui accentue les contrastes sociaux Le monde ouvrier, en marge de la modernité Les villes : le royaume du vice ? Des questions politiques en suspend La question irlandaise et le refus du nationalisme Les femmes : dernières exclues de la vie politique ? Bibliographie F. Bedarida, La société anglaise du milieu du XIXe siècle à nos jours, Editions du Seuil R. Marx, Histoire de la Grande Bretagne, Armand Colin R. Marx, M. [...]
[...] En outre, l'industrie britannique est particulièrement portée par le développement du chemin de fer qui s'accélère à partir de 1830, permettant à la fois de distribuer les marchandises à travers le pays et d'assurer des débouchés aux entreprises métallurgiques et mécaniques. Les lignes s'étendent grâce à des compagnies privées (près de trois cent en 1848) qui obtiennent du Parlement l'autorisation de procéder aux expropriations nécessaires. En 1870, il y a déjà miles de voies construites, contre seulement miles en 1850. Dans le même temps, la grande industrie gagne du terrain face à l'artisanat, les entreprises se concentrent et grossissent, la production augmente. [...]
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