Le 4 août 1914 à 23h, un télégramme est transmis des bureaux de l'Amirauté à toutes les unités de la Royal Navy : 'Commence hostilities against Germany'.
Comment se fait-il qu'un pays qui tout au long du XIXème siècle a appliqué la doctrine de l'isolement diplomatique se retrouve engagé dans une guerre européenne et, qui plus est, aux cotés de la France républicaine et de la Russie autocratique face à l'Allemagne dont l'empereur n'est autre que le petit-fils de la grande reine Victoria ?
[...] Christopher ANDREW et Paul VALLET, L'Entente cordiale et la menace allemande in L'Entente cordiale dans le siècle, Paris, Odile Jacob pages 28-39. John KEIGER, La genèse de l'Entente cordiale in L'Entente cordiale dans le siècle, Paris, Odile Jacob pages 18-27. [...]
[...] Le souvenir encore persistant de la guerre des Boers qui a duré trois longues années, a coûté 250 millions de livres et la vie de plus de hommes joue aussi dans le refus d'un engagement inconditionnel aux cotés de la France dans une guerre continentale. Lors des discussions relatives à l'Entente cordiale, Paul Cambon avait assuré que la France userait de toute son influence pour qu'un accord anglo- russe satisfaisant soit conclu, de fait la Convention signée avec la Russie le 31 août 1907 semble être une suite logique à l'Entente cordiale. [...]
[...] Un autre danger se profile à travers l'expansionnisme russe qui menace directement les intérêts britanniques au Moyen Orient, en Inde et en Extrême Orient. Le rapprochement franco-russe amorcé en 1891 souligne la nécessité de sortir de l'isolement pour ne pas assister au déclin sans réagir face à des concurrents qui s'allient. Finalement, on ne peut pas dire que l'isolement diplomatique du Royaume-Uni soit d'une nature différente de la Realpolitik car il est dicté par les intérêts du pays plus que par des principes abstraits. [...]
[...] On peut citer comme exemples de cet isolement l'attitude expectative de la Grande-Bretagne lors du printemps des peuples de 1848 et ses conséquences comme la guerre austro-sarde de 1849, tout comme les victoires prussiennes sur l'Autriche à Sadowa en 1866 et sur la France à Sedan en 1870 ne déclenchent aucune réaction de la part de la Grande-Bretagne. Pourtant, il existe de nombreuses exceptions à cette ligne de conduite qui peuvent faire penser qu'à la fin du XIXème siècle, le "splendide isolement" est plus proclamé, qu'appliqué à la lettre. Lors de la guerre de Crimée de 1853 à 1856 la Grande-Bretagne s'engage aux cotés de la France pour mettre un frein à l'expansionnisme russe et garantir la sécurité des détroits, et à partir des années 1890 la Grande-Bretagne semble se rapprocher des puissances continentales. [...]
[...] La France va adopter une attitude totalement différente sous l'impulsion de Théophile Delcassé, ministre des affaires étrangères de la France de 1898 à 1905. Delcassé a compris que la France ne doit pas exiger d'alliance avec la Grande-Bretagne mais qu'il faut que celle-ci se rapproche de l'Angleterre par paliers dans le cadre de la politique française d'encerclement de l'Allemagne. Ce rapprochement découle paradoxalement de la crise de Fachoda en 1898 qui avait vu les deux pays proches de la guerre poussés par des opinions publiques belliqueuses. [...]
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