Le 4 août 1914 à 23h, un télégramme est transmis des bureaux de l'Amirauté à toutes les unités de la Royal Navy : "Commence hostilities against Germany".
Comment se fait-il qu'un pays qui tout au long du XIXème siècle a appliqué la doctrine de l'isolement diplomatique se retrouve engagé dans une guerre européenne et, qui plus est, aux cotés de la France républicaine et de la Russie autocratique face à l'Allemagne dont l'empereur n'est autre que le petit-fils de la grande reine Victoria ?
Pour expliquer cette évolution et la nuancer il faudra étudier d'abord si l'on peut parler de la fin du « splendide isolement » de 1890 à 1902, puis comment la Grande-Bretagne cherche les avantages de l'amitié sans les risques de l'alliance de 1902 à 1907 et finalement les raisons d'une entrée en guerre non contrainte par des alliances.
Après l'échec de la quadruple alliance née du congrès de Vienne, en 1815, le Royaume-Uni adopte la doctrine de l'isolement diplomatique dont un des initiateurs est Lord Palmerston qui dirige le Foreign Office de 1830 à 1841 et de 1846 à 1852 puis est Premier ministre presque sans interruption de 1855 à sa mort en 1865. Lord Parlmerston applique trois grands principes en politique étrangère : le premier est le refus de toute alliance conclue en temps de paix qui pourrait la contraindre à faire la guerre, ensuite le Royaume-Uni respecte les régimes existants et n'intervient donc pas dans les affaires intérieures des autres Etats, le troisième principe stipule qu'une hégémonie d'un pays sur le continent doit être évitée car elle mettrait en danger la suprématie anglaise.
[...] L'Angleterre, du splendide isolement aux alliances de guerre Le 4 août 1914 à 23h, un télégramme est transmis des bureaux de l'Amirauté à toutes les unités de la Royal Navy : "Commence hostilities against Germany". Comment se fait-il qu'un pays qui tout au long du XIXème siècle a appliqué la doctrine de l'isolement diplomatique se retrouve engagé dans une guerre européenne et, qui plus est, aux cotés de la France républicaine et de la Russie autocratique face à l'Allemagne dont l'empereur n'est autre que le petit-fils de la grande reine Victoria ? [...]
[...] L'Allemagne s'obstine à demander une alliance avec la Grande-Bretagne alors que, comme le fait remarquer Henry Kissinger, "ce n'était pas une alliance qu'aurait dû demander la Grande-Bretagne mais une neutralité bienveillante en cas de guerre continentale", l'Allemagne était suffisamment forte militairement pour ne pas avoir besoin d'une alliance offensive avec l'Angleterre. Dès lors, toutes les négociations entre 1898 et 1914 avec l'Allemagne échouent car la Grande-Bretagne ne veut pas accorder une alliance qui l'obligerait à entrer en guerre sur le continent européen et l'Allemagne exige cette alliance. L'attitude arrogante de la diplomatie post-bismarckienne en Allemagne est donc à l'origine de l'échec de toute entente anglo-allemande. [...]
[...] Christopher ANDREW et Paul VALLET, L'Entente cordiale et la menace allemande in L'Entente cordiale dans le siècle, Paris, Odile Jacob pages 28-39. John KEIGER, La genèse de l'Entente cordiale in L'Entente cordiale dans le siècle, Paris, Odile Jacob pages 18-27. [...]
[...] Qui plus est le déficit commercial du Royaume- Uni ne cesse de croître et le pays semble en retard face à l'Allemagne dans les secteurs de pointe comme la chimie et face aux Etats-Unis au niveau quantitatif. Sur le plan intérieur, la Grande Dépression qui commence en 1873 montre aux Britanniques que la croissance n'est pas infinie, qu'elle obéit à des cycles, et la crise engendre des tensions sociales de plus en plus fortes. Et comme l'agriculture du Royaume-Uni ne peut nourrir ses habitants que 150 jours par an, la survie de la Grande-Bretagne passe par le contrôle des mers qui permet l'acheminement sans danger des produits agricoles vers les îles britanniques. [...]
[...] Bismarck a compris que si l'Allemagne proclamait des ambitions mondiales, elle s'opposerait au Royaume-Uni : "Aussi longtemps que je serai Chancelier nous ne ferons pas de politique coloniale". Cette politique inquiète les Britanniques car, comme le montre le mémorandum de 1907 de sir Eyre Crow, le fait que l'on ne puisse pas déceler de fondement logique à l'expansionnisme allemand constitue un danger permanent pour l'Empire britannique. Or si l'on ne sait pas ce que veulent les Allemands il est difficile de conclure une convention avec l'Allemagne comme avec la France ou la Russie. [...]
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