L’Angleterre, 1695, ambassadeurs vénitiens, relations diplomatique, puissances européennes, XVIIe siècle
Au XVIIe siècle, les relations diplomatiques entre les puissances européennes reposent essentiellement sur des ambassadeurs. Loranzo Soranzo et Girolamo Venier, ambassadeurs extraordinaires de la République de Venise - établis seulement pour quelques mois- sont chargés d'établir un rapport (ou relation) d'ensemble sur l'Angleterre en 1695. (On utilise ici « Angleterre » pour équivalent de Grande-Bretagne). Leur rapport nous fournit ainsi une analyse extérieure et synthétique de la situation politique de l'Angleterre sous Guillaume III et Marie II.
[...] La structure de l'Eglise ne fut donc pas modifiée. En revanche, le Toleration Act de 1689 avait établit la liberté de culte « pour tous les sujets protestants de Leurs Majestés ». Les Vénitiens notent ce « retour à la liberté de conscience » l.83. Ce décret ne concernait que les protestants, toutes les restrictions de droit civil prévues pour les dissidents par le Code Clarendon de 1661 demeuraient. Les Catholiques n'étaient donc pas concernés par ce décret de tolérance. [...]
[...] Dans cette lutte entre les partisans d'un pouvoir royal fort et ceux d'une suprématie affirmée du Parlement, Guillaume III est amené à dépendre du Parlement pour obtenir les moyens de gouverner, et est progressivement privé des moyens d'imposer sa volonté. En 1701, l'acte de Succession établit que les descendants de Sophie, petite-fille de Jacques Ier, succèderaient au trône d'Angleterre. Tout souverain d'Angleterre devait communier selon le rite anglican. Le royaume choisissait désormais ses rois. Certains tories firent ajouter à l'acte des clauses limitant l'action royale dans le domaine de la politique étrangère. [...]
[...] Les ambassadeurs vénitiens relèvent en effet une restriction du pouvoir monarchique mise en place par une série de décrets. Ils évoquent d'abord l'Acte triennal de1694 (ligne 73) qui obligeait le roi à dissoudre le Parlement au bout de trois ans, afin que le souverain ne maintienne pas indéfiniment un parlement trop docile. En outre le Parlement avait développé son contrôle sur les dépenses royales, en votant en 1690 le revenu des douanes pour une durée de quatre ans seulement. En décembre 1690, la création d'une « commission de comptabilité publique » choisie par le Parlement établissait également le droit de regard parlementaire sur les finances publiques. [...]
[...] Les ambassadeurs vénitiens, eux, divisent la nation politique en trois partis. Le premier parti présenté, dit « celui du roi Guillaume » ligne 44, semble rassembler des conservateurs qui soutiennent le roi pour leurs propres intérêts. Le roi s'était en effet tourné à partir de 1694-1695 vers une faction whig favorable à la guerre (la Junto). Selon leurs chefs de file, comme Thomas Warton ou Sir John Somers, une victoire anglaise devait permettre d'écarter les prétentions au trône de Jacques II et de son fils. [...]
[...] Jacques II avait en effet mécontenté l'ensemble de la nation politique anglaise en favorisant les Églises dissidentes et les catholiques, et en se rapprochant de la papauté et de Louis XIV. Les ambassadeurs commencent par évoquer cette politique impopulaire de Jacques II. Il ne cachait pas son catholicisme, et avait tenté d'instaurer une politique d'indulgence. En avril 1687 et 1688, il fit publier deux déclarations qui dispensaient les catholiques et les dissidents d'assister au culte anglican. Les ambassadeurs vénitiens, étant catholiques, approuvent cette politique en faveur des catholiques. « on vit renaître les espérances du véritable culte. » ligne 6. [...]
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