En juin 1850, lord Palmerston développe devant les Communes un discours triomphant qui célèbre l'avènement mondial d'une Pax Britannica. Quarante ans plus tard, Kipling en 1891 prenait à témoins ses compatriotes, et posait dans The English Flag la question suivante : « « Que sauraient de l'Angleterre ceux qui se contenteraient de connaître l'Angleterre ? ». Ces deux exemples semblent témoigner de l'attachement indéfectible des Anglais à leur empire colonial, le premier au monde en 1914, qui recouvre un cinquième de la surface des terres émergées et regroupe plus de 400 millions d'habitants. L'historiographie récente, cependant, n'a eu de cesse d'interroger la nature et la profondeur des liens qui unissent les Anglais à leur empire, au point que Bernard Porter en 2005 n'a pas hésité à qualifier les premiers d'impérialistes inconscients. Quelle appréciation porter donc sur les rapports entre les Anglais et cet empire de 1850 à 1901, date à laquelle il atteint son apogée territorial ? La construction de l'Empire, assumée et défendue par une poignée d'Anglais, est un processus opportuniste, laborieux et conjoncturel, qui nourrit un discours impérialiste réel, mais dont l'audience ne préjuge en rien d'un rapport fusionnel des Anglais à cet héritage.
[...] L'historiographie récente, cependant, n'a eu de cesse d'interroger la nature et la profondeur des liens qui unissent les Anglais à leur empire, au point que Bernard Porter en 2005 n'a pas hésité à qualifier les premiers d'impérialistes inconscients (absent mindedimperialists). Quelle appréciation porter donc sur les rapports entre les Anglais et cet empire de 1850 à 1901, date à laquelle il atteint son apogée territorial ? La construction de l'Empire, assumée et défendue par une poignée d'Anglais, est un processus opportuniste, laborieux et conjoncturel, qui nourrit un discours impérialiste réel, mais dont l'audience ne préjuge en rien d'un rapport fusionnel des Anglais à cet héritage. [...]
[...] Les correspondances des missionnaires, les rapports de leurs congrégations et ceux des gouverneurs soulignent d'ailleurs les divergences d'intérêts entre ces différents colonisateurs. B. The GunboatDiplomacy : l'Empire comme moyen La diplomatie de la canonnière vise à maintenir l'hégémonie économique et navale de l'Angleterre sur le reste du monde, et instrumentalise aussi bien l'empire formel (occupation effective) que l'empire informel (empire commerçant). Les gouvernements britanniques sanctionnent l'expansion impériale par des approbations a posteriori, au nom des intérêts de la couronne : en 1882, c'est ainsi Gladstone, pourtant opposé à la colonisation, qui prépare l'occupation de l'Egypte. [...]
[...] Aux sources de l'Empire : The White Man's Burden (1899) ? Souvent donné pour un éloge de l'impérialisme britannique ou de la mission civilisatrice de l'Européen, le poème de Kipling, publié en février 1899, est en réalité une œuvre de circonstance qui salue au moins autant qu'elle met en garde les Etats-Unis face aux implications de leur installation aux Philippines. L'idée directrice de cette première partie est de mettre l'accent sur le caractère aventureux de la construction impériale, légitimé a posteriori par des politiques pragmatiques, pour conforter la domination britannique. [...]
[...] L'existence de ces voies divergentes suffit à infirmer la thèse d'un consensus impérialiste. Conclusion : L'extension de l'Empire et les célébrations en nombre croissant dont il fait l'objet, assorties d'une véritable propagande impériale orchestrée par un réseau puissant d'associations et de lobbys, permettent clairement d'identifier l'existence d'un lien entre des Anglais et l'empire, qui s'étend sur une carte du monde peinte en rouge Si la société britannique, cependant, est bien une nation impériale, les liens entre les Anglais et cet empire colonial paraissent bien ténus, grossis en réalité par des approches exclusivement centrées sur des sources impérialistes souvent tardives, qui traduisent le sentiment de déclin consécutif à la Première Guerre mondiale, alors que sur 41 millions de Britanniques recensés en 1901, moins de ont pu être en contact matériel avec l'Empire. [...]
[...] Il faut attendre la crise des Détroits, en 1878, et l'apparition du jingoïsme le mot jingo ayant été emprunté à une chanson de café-concert exaltant le patriotisme anglais ainsi que l'accélération du rush colonial pour que l'impérialisme s'affirme. L'année 1883 marque un tournant, avec la parution de l'ouvrage de Seeley, intitulé L'Expansion de l'Angleterre, et avant la création l'année suivante, par des conservateurs, de l'ImperialFederationLeague, destinée à renforcer les liens économiques entre la métropole et les colonies anglophones. Alliance hétéroclite, elle éclate en 1895, donnant naissance à deux courants : celui des libre- échangistes, unis autour de la British Empire League, et celui des partisans de la préférence impériale, qui militent au sein de l'United Empire Trade League. [...]
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