Ce travail traite de l'analyse d'une décision de politique étrangère française. Nous avons opté pour l'étude de la décision des autorités françaises de mener une opération militaro-disciplinaire au Nord du Maroc afin de mater la rébellion du Rif sous le commandement de l'émir Abdelkarim El Khattabi.
Cette intervention française au Nord du Maroc dans le cadre de la guerre du Rif est largement méconnue par le grand public. En effet, peu de recherches ou de publications ont été faites pour nous éclaircir sur l'une des premières guerres anti-coloniales du XXe siècle.
Dans le cadre de ce travail, l'objectif n'est pas d'effectuer un travail de récupération historique ou de prospection. Notre contribution sera principalement consacrée à l'analyse, la compréhension et l'explication du processus de prise de décision ayant conduit les responsables politiques français à s'engager militairement dans la région du Rif. Pour ce faire, il a fallu tenir en compte des éléments contextuels particuliers entrant en ligne de compte dans le cadre de cette opération, tout en se limitant sur la période allant de 1921 au 1926, année de la reddition d'Abdelkarim.
Notre analyse sera donc essentiellement basée sur le schéma institutionnel et sociologique de la décision, élaboré par James Rosenau dans l'explication de certaines variables, mais aussi sur le modèle élaboré par Jean-Baptise Duroselle, ainsi que sur l'approche « traditionnaliste-réaliste » dans son ensemble.
[...] Cette réflexion sur la prise de décision aura par ailleurs recours au schéma d'analyse de l'aval proposé par Duroselle. En d'autres mots, il s'agit de percevoir le processus d'exécution de la décision comme elle non seulement la machine bien huilée, mais aussi les grincements, c'est-à- dire les désobéissances, les ordres mal compris, les erreurs d'exécutions, les absences d'initiatives, bref tout ce qui est humain dans la conduite de l'organisme énorme et complexe qui est l'État-nation 1 Le contexte intérieur ou la variable gouvernementale Rappelons qu'à la veille de la guerre du Rif, le Cartel des gauches (de tendance colonialiste) arrive au pouvoir en France. [...]
[...] C.R. Pennell, La guerra del Rif, La Biblioteca de Melilla pp.257-258. J. BARRÉA, Théories des relations internationales, 2e édition, Louvain-la-Neuve, Ciaco,1991, p Cf. J.-B. DUROSELLE, Tout empire périra : une vision théorique des relations internationales, Paris, La Sorbonne p J.-L. Miège, Introduction historique, les relations internationales, Abd-el-Krim et la République du Rif, Paris, F. [...]
[...] Dans ce contexte, le déclenchement de la révolte rifaine attira de nouveau l'attention de l'opinion internationale sur la question marocaine. AbdelKrim, le leader rifain, a profité des déclarations anticolonialistes du président Wilson dans son message du 8 janvier 1918, notamment le point V de ses 14 points qui prévoyait un règlement large, libre et complètement impartial de toutes les revendications d'ordre colonial et soutenait le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Il a adressé un message à l'opinion américaine pour la sensibiliser à la cause rifaine[12] La variable individuelle Elle renvoie à la personnalité du décideur, elle est difficile à cerner dans notre cas puisque la décision a fait l'objet de plusieurs intervenant malgré que la décision finale revenait au président du Conseil, Paul Painlevé[13]. [...]
[...] Nous avions eu recours à différentes approches et modèles d'analyse afin de mieux comprendre le processus de prise de décision tel qu'il nous a été donné au cours. En effet, l'approche réaliste nous a permis d'appréhender les motivations sous-jacentes de l'implication de la France dans cette guerre, via le jeu de puissance, d'intérêt national, de rôle et de réputation, notions chères pour le courant réaliste. L'approche scientifique sociologique de James Rosenau nous a été de la plus grande utilité également dans la compréhension des facteurs principaux inhérents à l'élaboration de cette décision, en tenant en compte des variables allant de la personnalité du décideur jusqu'au système international dans lequel l'État se trouve. [...]
[...] De nombreux articles (surtout des éditoriaux polémiques) sont consacrés à la guerre du Maroc. Les actualités cinématographiques la présentent dans les salles de cinéma. En septembre 1924, Jacques Doriot pour les Jeunesses communistes et Marcel Sembat pour la Section française de l'Internationale communiste (SFIC) qu'est le jeune Parti communiste, vont signer un télégramme de salut intitulé : la victoire du peuple marocain sur les impérialistes espagnols Le milieu intellectuel a joué aussi un rôle important dans cette guerre, notamment en France. [...]
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