Les documents étudiés sont une sélection de 9 affiches comprenant 51 caricatures publiées entre 1899 et 1900 par un dessinateur du nom de Victor Lenepveu. Cette collection s'intitule Le Musée des Horreurs et le simple nom de la série permet d'emblée de savoir à quel type de caricatures le spectateur à affaire et quel public est visé. En effet, on retrouve sur ses affiches des dessins de personnalités ayant joué un rôle dans l'Affaire Dreyfus, des personnages l'ayant soutenu ou tout simplement des hommes influents de l'époque, souvent de confession juive.
Cet événement majeur de l'Histoire républicaine de la France, débute en 1894 lorsque les services secrets français se voient adresser un bordereau contenant des informations confidentielles sur la réorganisation de l'armée, destinées à l'ambassade germanique à Paris. La justice militaire trouve très vite un coupable avec le capitaine Dreyfus après une enquête exécutée de façon sommaire. Très vite l'accusé devient coupable aux yeux du Conseil de Guerre, il est condamné à la dégradation et à la déportation à vie au bagne de Cayenne, sur l'île du Diable le 22 décembre 1894. Mais certaines personnes ne croient pas en ces accusations et tentent de faire rebondir l'affaire et la transformer en scandale. En 1898, toutes ses tractations ayant échoué, Matthieu Dreyfus, frère de l'accusé, révèle dans le Figaro, la découverte du chef du 2e bureau, Marie-Geoges Picquart, qui affirme que le commandant Esterhazy est le véritable coupable. Pour empêcher une révision du procès, les autorités militaires traduisent Esterhazy devant le Conseil de guerre, qui l'acquitte (10 janvier 1898).
La sentence rendue, enflamme l'opinion et le 13 janvier paraît l'article ? J'Accuse ? d'Emile Zola dans l'Aurore. Cette lettre ouverte au président de la République dénonce le déni de justice commis par l'armée et ses complices, hommes politiques et magistrats. Zola est condamné mais cette histoire a pris un nouveau tournant avec l'implication de Zola, les politiques et intellectuels de l'époque vont prendre parti pour le révisionnisme ou non du jugement, puis l'opinion publique entrera dans le conflit, l'affaire se transforme en Affaire Dreyfus.
[...] Zadoc Kahn est grand Rabbin de France à l'époque des affiches, il est un ardent défenseur de sa religion et connait Dreyfus pour l'avoir lui- même marié. Il est transformé par l'auteur, en Renard, animal fourbe, rusé, porteur de la rage donc dangereux. Il tient dans sa main droite une paire de ciseaux et dans sa main gauche la queue d'un porc(Zola?!) dont on voit l'arrière-train posé sur une table nappée, cette action imite la pratique judaïque de la circoncision, où le Renard coupe la queue du porc juif). Derrière lui une affiche le confirme Tarif des sacrifices. [...]
[...] L'association est créée pour la défense des droits des individus et des valeurs de justice et d'égalité, mais aussi en opposition à certaines associations telles que La Ligue antisémitique fondée en 1896 par Edouard Drumont et Jules Guérin. 1899: Fondation de l'Action française par Charles Maurras en réaction à la création de la Ligue des Droits de l'Homme juin 1899: Ouverture d'un second procès à Rennes, Dreyfus est à nouveau condamné pour circonstances atténuantes, c'est le signe de l'aveu de l'erreur judiciaire par le Conseil de guerre, Dreyfus est gracié par le Président Emile Loubet. 1906: Après plusieurs années de procès en révision, Alfred Dreyfus est innocenté. [...]
[...] Mais le chien pour la caricature est aussi un animal sans personnalité, aux ordres de quelqu'un. Fernand Labori est le suivant sur la liste des ennemis de l'antirévisionnisme, il est considéré comme un profiteur de l'affaire, dans laquelle il fût l'avocat de la femme de Dreyfus lors du procès de Rennes contre Esterhazy en 1898. Labori est représenté sous la forme d'un âne, l'animal borné, têtu et idiot, il est en position active sûrement parce qu'il se fait tirer dessus par un pistolet à bouchon. [...]
[...] Lenepveu veut faire passer ces hommes pour des monstres et les montrer tels qu'ils sont aux yeux de tous, le Musée des horreurs rejoint un intérêt du public de l'époque pour l'affreux, le monstrueux comme le prouve le succès en 1884 de la tournée d'une fête foraine britannique exposant des monstres tels John Merrick (Elephant Man) des personnages loufoques comme la femme à barbe ou les siamois, ou comme en témoigne le succès de la monstruosité du Dr Jekyll de Robert Louis Stevenson. Les dreyfusards sont bel et bien montrés comme des bêtes de foire. Le prolongement d'une pensée antidreyfusarde Les caricatures de Lenepveu sont clairement à visées antidreyfusardes. Le choix des personnalités suffit à le prouver, car ils sont tous dreyfusards, ce sont des personnalités de l'époque et certains sont juifs. Peu importe le rôle qu'ils ont joué dans l'affaire, leur pensée révisionniste et leur notoriété en fait des proies pour l'auteur des charges. [...]
[...] Lorsque la pensée antisémite à l'égard des juifs ressurgit dans la deuxième moitié du XIXe s. la représentation du juif selon des codes bien précis que sais-je p.78) afin de les reconnaître eux qui seraient responsables de divers problèmes économiques notamment en France avec en 1882 la banqueroute de l'Union générale est immédiatement attribuée aux intrigues de la banque juive en 1892 la présence de personnalité juive parmi lesquels le Baron de Reinach, dans le scandale de Panama, fait de cette affaire un argument antisémite. [...]
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