Le 16 octobre 1906, au petit matin, Wilhelm Voigt, citoyen allemand, se revêt d'un uniforme de capitaine et se rend à Köpenick, un faubourg de Berlin. En se réclamant des ordres de l'empereur Guillaume II, il prend le commandement d'un petit groupe de soldats et se rend à la mairie. Il met aux arrêts le maire et le trésorier et les fait enfermer à la Neue Wache de Berlin. Grâce à un mandat falsifié, il parvient à dérober la caisse et à partir avec.
Cette anecdote qui secoua l'Allemagne du IIe Reich laisse perplexe. Elle nous pousse à repenser notre vision de l'autoritarisme allemand au début du XXe siècle. Elle est un appel à l'analyse d'une société qui sous des airs d'une rare docilité à l'égard du pouvoir impérial est porteuse de revendications et initiatrice d'actions.
S'il est vrai que l'histoire du capitaine de Köpenick dévoile le caractère inquiétant de l'autorité de l'armée dans le Reich. Au sentiment des contemporains, sa simplicité et son aspect pittoresque, presque burlesque, est l'illustration d'un évènement qui ne pouvait arriver qu'en Allemagne.
Quelle autorité est alors réellement exercée par le pouvoir central dans une société aussi composite que l'Allemagne wilhelmienne ?
[...] Il a le pas et la préséance dans toutes les circonstances. (Les civils laissent la place sur le trottoir aux femmes et aux officiers. Le civil doit lever son chapeau s'il aperçoit un militaire. Un militaire lui n'a qu'à saluer femmes de qualité. Dans les dîners en ville, la maîtrise placera toujours le militaire avant les fonctionnaires. Ce développement en Allemagne de la piété militaire exacerbe l'esprit d'obéissance L'affaire du capitaine de Köpenick le 16 octobre 1906 contribue à attirer l'attention sur le respect excessif dont jouit l'armée impériale. [...]
[...] Ils détiennent une part même du pouvoir religieux, car ce sont eux qui font nommer les pasteurs dans leurs propres paroisses luthériennes. Notons toutefois qu'existe en Allemagne une tradition de noblesse urbaine : la Stadtadel le patriciat des villes hanséatiques ou rhénanes par exemple, comme Hambourg, Brême, Lübeck ou Francfort ce qui fait son originalité par rapport à ses voisines françaises ou britanniques qui voient un réenracinement des valeurs de la noblesse dans le monde rural durant la période. Cette noblesse reste un ordre réel qui participe à la vie de cour : l'empereur, en la personne d'Eulenbourg, avait un favori qui inspira des décisions importantes de politique étrangère, comme le compromis avec la France lors de la crise du Maroc, sans exercer de fonctions gouvernementales. [...]
[...] L'âge de la retraite est accordé à 65 ans. Ces caisses favorisent l'intégration du monde ouvrier en ce sens qu'elles sont cogérées par les représentants des ouvriers, les représentants du patronat et l'état. Cette multiplication des associations ouvrières, l'influence et l'importance des syndicats ainsi que les différentes lois sociales font que l'ouvrier Allemand à un meilleur train de vie que ses homologues français ou britanniques. B. Culture de l'obéissance, culture des libertés L'Allemagne présente dans ses fonctionnements, sa structure et sa culture cette particularité tout à fait paradoxale de cohabitation de cultures politiques diverses. [...]
[...] Contrairement à son voisin français, le Reich est un empire ou très peu de choses passent par Berlin. Les administrations impériales proprement dites s'occupent essentiellement des postes, des chemins de fer, de la monnaie, de l'armée et de la politique étrangère. Dans l'éducation, dans la justice, dans le maintient de l'ordre, l'organisation de la société allemande reste gérée avant tout au niveau des états. C'est cette division des pouvoirs à de multiples niveaux qui est très bien révélée dans la constitution qui affaiblit la domination d'un pouvoir central. [...]
[...] Cet exemple permet donc lui aussi de nuancer l'allure autoritaire de la société allemande, où les prétentions hégémoniques du pouvoir impérial se heurtent sans cesse à des libertés locales et corporatives très enracinées et dotées de leur propre légitimité. Il faut enfin relever la culture militariste qui règne dans une société militarisée. À cette époque le modèle social prussien, créé par Frédéric Guillaume II domine. L'armée y est présentée comme un modèle social supérieur. L'armée est adulée étant donné le rôle important qu'a joué l'armée prussienne et les armées des différents États dans l'unification de l'Allemagne. [...]
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