« Messieurs les démocrates joueront vainement de la flûte lorsque le peuple s'apercevra que les princes se préoccupent de son bien-être ». Cette phrase attribuée à Bismarck illustre bien la volonté de celui-ci de discréditer ce qu'il appelle les « démocrates » et qui désigne principalement les socialistes allemands. Il met en place un modèle social, un nouveau type de régime social avancé qui sert de référence, à partir des années 1880. Bismarck, premier ministre de la Prusse de Guillaume Ier à partir de septembre 1862, est un acteur majeur de l'unification de l'Allemagne au sein du IIe Reich, proclamé le 18 janvier 1871 dans la galerie des Glaces de Versailles. Il est depuis cette date Chancelier d'Empire : il mène une politique libérale de modernisation économique, avec par exemple l'introduction d'une monnaie unique, le mark, gagé sur l'or, en 1878.
Cette date constitue un tournant, où Bismarck, le Juncker réactionnaire mais qui sait établir des compromis avec la modernité lorsque cela profite aux intérêts du Reich, dont il est un ardent défenseur, opère un changement en s'appuyant sur les conservateurs et les catholiques, ennemis d'hier dans le cadre de la Kulturkampf. C'est à partir de cette période, et jusqu'à sa démission, le 18 mars 1890, où le nouvel Empereur Guillaume II lui succède, qu'il met en place un ensemble de mesures sociales très novatrices.
Pourquoi Bismarck, qui est un homme ultra-conservateur et serviteur unique des intérêts de la Prusse puis du IIe Reich fait-il instaurer, au cours des années 1880, un ensemble de législations sociales modernes qui visent à améliorer la condition ouvrière allemande ?
[...] En 1878, l'inspection des fabriques devient obligatoire. En 1883, une caisse d'assurance maladie est instaurée. Elle est alimentée pour un tiers par les cotisations patronales, pour les deux tiers par les cotisations salariales et en 1884 l'assurance contre les accidents est mise en place. En outre, une loi d'assurance invalidité-vieillesse est établie en 1889. Ces législations protectrices traduisent également une volonté de conserver les structures familiales traditionnelles en s'efforçant d'écarter femmes et enfants du travail et de favoriser l'hygiène et la sécurité. [...]
[...] Le sentiment de crise naît en réalité d'une recomposition du secteur industriel, se traduisant par un déclin de l'industrie ferroviaire au profit du bâtiment, de la chimie et de l'électrotechnique. On constate effectivement que la production industrielle augmente de entre 1873 et 1883. Au-delà de ces débats historiographiques, le protectionnisme oblige les patrons à s'efforcer de conserver la paix sociale en améliorant la vie quotidienne de leurs salariés, sur qui repose une partie importante de l'activité économique nationale, pour les attacher à leurs entreprises. [...]
[...] Bibliographie : Outils de travail BERNHARD, Gérard, BOURGEOIS, René, Lexique de culture et de civilisation allemandes, Dalloz, Paris ROBERT, Jean-Louis, Le XIXème siècle, Bréal, Paris Ouvrages généraux DROZ, J., Histoire de l'Allemagne, Paris, PUF KOTT, Sandrine, L'Allemagne du XIXème siècle, Hachette, Paris ROTH, François, L'Allemagne de 1815 à 1918, Armand Colin, Paris WINKLER, H. A., Histoire de l'Allemagne. XIXe s.-XXe s. Le long chemin vers l'Occident, Fayard, Paris Ouvrages spécialisés 5 GALL, Lothar, Bismarck, Fayard, Paris GOUGEON, Jean-Pierre, La social-démocratie allemande. 1830-1996. [...]
[...] De Rhénanie les Caisses Raiffeisen s'exportent du reste de l'Allemagne, en 1882 par exemple pour l'Alsace-Lorraine, puis en Europe occidentale. Certains patrons allemands mettent en 3 place des systèmes combinant contrôle social et avantages matériels, comme le système Stumm dans la Sarre, du nom d'un industriel spécialisé dans la sidérurgie. Ils impliquent de fortes contraintes sociales, comme l'obligation de participer à la vie religieuse, d'intégrer l'association sportive ou la chorale et la défense d'intégrer un syndicat en échange d'un logement pavillonnaire avec son lopin de terre qui peut être acheté grâce à des prêts avantageux à très long terme et d'une caisse d'assurance maladie. [...]
[...] Les Etats ont également déjà adopté des législations sociales, comme la Prusse qui vote en 1845 l'autorisation des communes à édicter un cadre contraignant à des caisses de secours. Bismarck veut substituer à la bienveillance du patron celle de l'État central. Il peut s'appuyer aussi sur des caisses déjà existantes, qui constituent alors la base du nouveau système. Par exemple, la loi d'assurance-maladie, adoptée en 1883, qui assure des indemnités journalières aux ouvriers qui cotisent dans le cas d'une maladie et pour les soins, est fondée sur trois types de caisses : caisses locales, d'entreprises et par branches. [...]
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