A l'heure ou l'Union Européenne peine à trouver un second souffle, à définir son identité, son projet, il est peut être utile de se tourner vers les premiers moments de sa construction pour comprendre quel esprit animait les « pères de l'Europe ».
Que savons-nous d'Alcide De Gasperi ? Pour les Italiens, il est avant tout le reconstructeur d'un pays sorti exsangue de la Seconde Guerre mondiale. Pour les Européens, c'est aussi l'un des pères fondateurs de l'Europe aux côtés de Robert Schuman et de Konrad Adenauer. Des trois hommes, il est probablement le moins connu. Pourtant, Jean d'Hospital dit de lui : « Si les peuples et les républiques n'étaient pas ingrats, De Gasperi aurait son buste sur toutes les places de la Péninsule et des îles. Il y aurait plus de rues dédiées à son nom qu'il y en a de consacrées à la mémoire de Thiers ou de Gambetta en France ».
[...] De retour dans sa ville, il prend la direction de la revue la Voce Cattolica qui devient en en 1906 Il trentino. Entré à l'Union Politique Populaire, parti démocrate chrétien autrichien, il commence sa carrière politique lorsqu'il est élu conseiller municipal de Trente en 1909. Par la suite, en 1911, il devient député du Trentin à la Diète, le parlement autrichien. De Gasperi croise à cette époque un certain Benito Mussolini, responsable de la propagande des socialistes dans le Trentin. [...]
[...] Alcide De Gasperi et interdit pour trois ans de se rendre dans sa province. Il prend alors la défense des Trentins qui sont éloignés de leur terre et entassés dans des camps de regroupement comme des réfugiés et obtient le secours de la Croix Rouge Suisse. Le 28 septembre 1917, il prononce un discours lors de la réouverture du Parlement où il fustige les abus de l'administration centrale viennoise dans sa province. C'est de Suisse qu'il apprend la fin de la Première Guerre mondiale, le 4 novembre 1918, réfugié après avoir proclamé la volonté des populations italiennes soumises aux autrichiens de s'unir à leur patrie de cœur. [...]
[...] Ce dernier ne répond pas. En juin 1925, De Gasperi se démet du secrétariat du PPI qui est dissout en 1926. Il est ensuite emprisonné et condamné dans une parodie de procès où on l'accuse d'avoir voulu fuir à l'étranger. Il est finalement libéré en 1928 suite aux pressions de l'Église mais reste assigné à résidence. En 1929, ses amis lui trouvent un emploi à la Bibliothèque du Vatican pour le tirer de soucis financier. Il y restera jusqu'en 1943. [...]
[...] Le président de la République lui demande pourtant de s'occuper du ministère des Affaires Étrangères ce qu'il refuse afin de laisser le champ libre à ses successeurs. Il accepte néanmoins le secrétariat de la Démocratie Chrétienne et continue à lutter pour l'Europe. Fin 1953, à une table ronde à laquelle participent aussi Schuman et Adenauer, il répète et précise sa vision de l'Europe: Nous préconisons l'Europe Unie pour elle-même, non pour l'opposer aux autres: nous travaillons pour l'unité, non pour la division. L'Europe existera et rien de ce qui fait la gloire et le bonheur de chaque nation ne sera perdu. [...]
[...] A l'origine de cette civilisation se trouve le christianisme A ceux qui lui reprochent de vouloir construire une petite Europe cléricale, il répond qu'« on fait un effort pour s'insérer dans une conception plus large, humanitaire, et on cherche à reconstruire les liens de cette humanité qui se sont perdus Ce discours à Paris est en quelque sorte le testament politique européen d'Alcide De Gasperi. Le 19 août 1954, Alcide De Gasperi meurt dans sa région du Trentin. La médaille du Prix Charlemagne sera la seule décoration qui le suivra dans son cercueil, montrant par là son attachement au rêve européen. [...]
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