L'article « J'accuse » de Zola, publié le 13 janvier 1898 dans le Journal l'Aurore dirigé par Clémenceau, va faire rebondir l'affaire Dreyfus (un militaire juif français condamné pour trahison). Dans cet article, Zola, auteur engagé, accuse avec force la hiérarchie militaire et les hommes politiques d'avoir laissé condamner en toute connaissance de cause un innocent. La portée de son texte se révèle importante, étant donné qu'elle permet à l'Affaire Dreyfus de sortir de son cadre juridique. Ainsi publiquement, Zola réaffirme ses principes républicains et démocratiques. Alors que la République avait failli être emportée par la violente crise provoquée par cette affaire, on se rend compte que le malaise des masses entraîne une transformation des pratiques politiques. On prend aussi conscience du fait que la démocratie politique ne conduit pas nécessairement à la démocratie sociale. C'est pourquoi on voit se développer des courants politiques s'appuyant sur les classes moyennes qui souhaitent que l'Etat intervienne dans le domaine économique et social pour protéger les pauvres et les faibles tout en conservant la démocratie libérale. Ces idées se développent en France dans un courant : le radicalisme. Mais le radicalisme existait bien avant l'Affaire Dreyfus. Cette doctrine politique s'est développée depuis le début du XIXème siècle, mais on peut même en retrouver des traces aux sources même de la Révolution, par les « Lumières » et principalement par Voltaire et Condorcet. Puis, les radicaux se regroupèrent autour d'Alexandre Ledru-Rollin pour combattre la monarchie de Juillet puis ils soutiendront les grandes réformes de 1848, concernant l'instauration du suffrage universel, l'abolition de l'esclavage, la liberté de la presse et le droit de réunion. De nouveau, les radicaux s'opposent au régime de Napoléon III et ils trouvent en Léon Gambetta un nouveau leader. D'ailleurs, Gambetta a publié en 1863 « La Politique radicale », recueil de discours qui synthétise la doctrine radicale. Le programme des radicaux, qui prend corps dans un discours de Gambetta, le « Programme de Belleville » prononcé en 1869, s'axe sur un rétablissement des libertés publiques et une démocratisation passant par un retour au suffrage universel. Puis en 1870, les radicaux devront composer avec les monarchistes orléanistes et les républicains modérés. En effet, à cette période, le radicalisme est perçu comme un courant de pensée trop progressiste pour les électeurs des zones rurales. Au tournant du siècle, les radicaux sont influencés par le solidarisme (théorie selon laquelle la solidarité doit régir les rapports sociaux et l'État intervenir pour corriger les inégalités) et par la force des idées de Clémenceau, qui a rejoint le camp des radicaux déclara : « Nous les Républicains radicaux, nous voulons la République pour ses conséquences : les grandes et fécondes réformes sociales qu'elle entraîne ». A partir de cette déclaration et jusqu'à la veille du premier conflit mondial en 1914, la France est dominée par le radicalisme, qui milite concrètement pour une meilleure justice et égalité sociale.
Comment le courant radical français va réussir à accéder au pouvoir et mettre en place des réformes face à une montée de plus en plus forte du socialisme puis un glissement de la République vers la droite ? De la naissance du parti radical et radical socialiste à la victoire du Bloc des gauches, l'ascension rapide du radicalisme en France entraîne la mise en place de réformes anticléricales et parfois sociales. Alors que Clémenceau doit faire face aux grèves ouvrières, la continuité de la politique radicale sans radicaux au pouvoir confirme l'âge d'or du radicalisme français durant cette période exceptionnelle de prospérité.
[...] Les durées des grèves sont trois fois plus longues que trente ans auparavant et peuvent atteindre jusqu'à 22 jours. Le plus souvent offensives, les grèves utilisent au mieux une conjoncture économique florissante. Aux traditions revendicatives de salaire, toujours prioritaires, aux grèves de colère ou de solidarité qui exigent la réintégration d'un camarade ou le départ d'un contremaître, s'ajoutent les luttes entreprises pour que diminue le temps quotidien consacré au travail. Les tensions sociales et les inquiétudes culminent lors du 1er mai 1906. [...]
[...] Alors que Clémenceau doit faire face aux grèves ouvrières, la continuité de la politique radicale sans radicaux au pouvoir confirme l'âge d'or du radicalisme français durant cette période exceptionnelle de prospérité. La publication à Paris, en 1901, du livre pionner de M. Ostrogorski, la Démocratie et l'Organisation des partis politiques, est contemporaine de la naissance des organisations nationales qui se réclament de la politique de défense républicaine assumée par Waldeck-Rousseau. En effet, le 01 juillet 1901, Waldeck-Rousseau fait voter la loi sur les associations. Elle prévoit que la plupart des associations non professionnelles peuvent se former librement. [...]
[...] L'âge d'or du radicalisme français (Fin XIXème et début XXème siècle) L'article J'accuse de Zola, publié le 13 janvier 1898 dans le Journal l'Aurore dirigé par Clémenceau, va faire rebondir l'affaire Dreyfus (un militaire juif français condamné pour trahison). Dans cet article, Zola, auteur engagé, accuse avec force la hiérarchie militaire et les hommes politiques d'avoir laissé condamner en toute connaissance de cause un innocent. La portée de son texte se révèle importante, étant donné qu'elle permet à l'Affaire Dreyfus de sortir de son cadre juridique. [...]
[...] Cependant, le parti radical est fondé avant même l'adoption des lois de juillet 1901. De plus, le programme très vaste du parti radical permet de contenter de nombreuses classes sociales différentes. Enfin, on remarquera que le parti radical réussit l'objectif qu'il s'était fixé pour les élections de 1902. Le premier pas dans l'ascension du radicalisme est la création du parti radical. Le 08 avril 1901, un appel pour la tenue à Paris d'un congrès du parti républicain-radical est lancé. Selon un article du 10 juin 1901 paru dans le journal la Lanterne, ce congrès a pour but d' assurer l'unité afin de combattre le cléricalisme, défendre la République et créer un programme de réformes démocratiques en vue des élections de 1902. [...]
[...] Il s'agit du programme de Nancy de 1907. Ce programme permet aux radicaux de se distinguer des socialistes et de se forger une identité politique indépendante et forte, comme nous l'avons vu sous la présidence de Clemenceau. Dans son programme politique, le parti radical insiste sur l'attachement aux institutions de la République, préconise une politique sociale progressive rejetant le libéralisme et la lutte des classes, enfin, il fonde sa politique étrangère sur la défense nationale. Les changements idéologiques des radicaux et la dislocation du Bloc des Gauches ne sont pas sans conséquence sur la vie politique française. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture