El Cordobazo et les différents mouvements sociaux en Argentine se déroulent dans les années 1970, dont le contexte est celui d'une crise majeure qui affecte les pays avancés, et plus particulièrement le tiers-monde. La conjoncture est l'internationalisation du capital et la formation d'une nouvelle économie mondiale contrôlée par des multinationales : une nouvelle division internationale du travail en découle et touche l'Argentine.
L'Argentine a connu un certain développement dans les années 60 : qui a été favorisé par l'ouverture aux capitaux multinationaux, et une restructuration économique et sociale a été nécessaire. On observe alors plusieurs phénomènes : la bourgeoisie industrielle a investi dans les secteurs associés au capital multinational : c'est l'exemple surtout de l'industrie automobile dans le grand Buenos Aires et à Córdoba, qui est la deuxième plus grosse ville du pays. De façon parallèle, il y a une sorte de prolétarisation de la classe moyenne traditionnelle : des professions libérales, des artisans, des petits agriculteurs, mais aussi des employés de services, des étudiants et des intellectuels. On voit alors apparaître, dans une nouvelle classe ouvrière, des résistances à l'évolution du travail.
De plus, sur le plan politique, l'Argentine est traumatisée par une succession de juntes militaires depuis le gouvernement de Perón : l'instabilité politique règne depuis 1945. La classe ouvrière et une partie de la classe moyenne sont soutenues par une « nouvelle gauche révolutionnaire » qui va participer activement à la lutte contre la dictature, et on va assister à des luttes sociales de plus en plus importantes et organisées. Le point culminant est le Cordobazo : ce fut un mouvement ouvrier et étudiant de grande ampleur dans la ville de Cordoba, pôle industriel majeur et ville universitaire.
[...] Les structures en Argentine sont alors très complexes. On va donc se demander en quoi résident la complexité et la spécificité des luttes sociales argentines ? C'est-à-dire en quoi peut-on considérer les différents mouvements sociaux, l'extrême gauche et l'organisation des syndicats comme originaux ? Nous allons voir tout d'abord en quoi le Cordobazo est-il symptomatique et précurseur de l'évolution des structures des mouvements populaires, puis la réaction de ces structures à l'instabilité politique et enfin le tournant du gouvernement vers la droite réactionnaire. [...]
[...] A la tête de ce mouvement, un dirigeant péroniste de Buenos Aires, Raimundo Ongaro. Il devient le président d'une nouvelle CGT qu'on appellera la CGT des Argentins (ou CGTA) en opposition à la CGT dite orthodoxe, c'est-à-dire la seule reconnue par l'Etat, mais qui lui est de plus en plus asservie. La CGTA fera alors partie des syndicats dits combatifs : ils s'opposent violemment et par actions contre l'Etat. La CGTA est appuyée par plusieurs syndicats des services : les cheminots, les postiers, les dockers, mais également par des régions de l'intérieur du pays : Tucuman, Cordoba et Salta sont les premiers à rallier la CGTA. [...]
[...] III) 1973-1978 : le tournant vers la droite réactionnaire Mars 1973-Juillet 1974 : avènement de la réaction Le nouveau gouvernement emmené par Campora, mais en réalité sous le giron de Peron était dit gouvernement populaire Possédant une large assise populaire , il se voulait le gouvernement de la reconstruction nationale d'un pays dévasté par 18 années de gestion catastrophique . En réalité, ce retour de Peron si porteur d'espoir pour les classes populaires était le moyen qu'avait trouvé la classe dominante pour freiner les aspirations de celle-ci en lui offrant la seule figure qui à ses yeux n'ait jamais répondu à ses aspirations. Mais Peron n'avait aucune intention d'opérer une redistribution du revenu au profit de la classe ouvrière. [...]
[...] Il est le représentant de la droite catholique argentine. Il souhaite faire ce qu'il appelle la Révolution argentine Il s'agit d'une transformation du système économique argentin. On fait table rase du passé pour revenir à zéro. Cela passe par une dissolution du parlement et une interdiction des partis politiques et d'une partie des syndicats. C'est le début d'une répression constante de la masse populaire. Le gouvernement d'Ongania a besoin d'avoir les mains libres pour appliquer son plan. Celui-ci consiste en un blocage des salaires ce qui se manifeste par une diminution de du salaire réel des individus en 3 ans. [...]
[...] Un processus de dénationalisation des entreprises est entrepris. Les rares syndicats encore tolérés sont qualifiés de bureaucratiques, ils fonctionnent avec l'Etat. Ils sont censés défendre les intérêts des ouvriers contre les réformes de l'Etat. Mais l'oppression et la peur les entraînent à se taire et à laisser faire l'Etat. La CGT est l'un de ces syndicats. Elle n'ose plus intervenir contre les abus du gouvernement. En juin 1966, le gouvernement réprime fortement une manifestation contre la politique universitaire de l'Etat. [...]
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