Action collective, tentatives de paix, guerre de Bosnie, ONU, Union européenne, massacre de Srbrenica, peacemaking, Casques Bleus, médiation collective, Yougoslavie, référendum d'autodétermination, FORPRONU, siège de Sarajevo
Nous nous intéresserons ici à la guerre de Bosnie, qui fait suite à la déclaration d'indépendance du pays le 3 mars 1992. S'inscrivant dans le contexte plus large de l'éclatement de l'ex-Yougoslavie, c'est ce conflit qui a souvent concentré -dans la littérature, mais aussi les médias, le plus d'attention, notamment en raison des crimes de guerre commis par les différentes parties (Srbrenica, Opération Tempête…) et de l'impuissance, ou de l'attentisme constatés des organisations internationales comme des États. Le cas de la Bosnie est ainsi souvent pris en "contre-exemple de ce que l'ONU doit faire (...) concernant ses activités relevant des chapitres VI et VII de la Charte des Nations Unies".
Il existe en effet un consensus, à la fois dans la littérature et dans l'imaginaire collectif, pour voir dans la gestion institutionnelle de la guerre de Bosnie un échec à la fois de l'ONU, de l'Union européenne et de leurs États membres. La persistance du conflit malgré de nombreuses initiatives diplomatiques, sa proximité géographique avec l'Europe comme ses scandales publics en ont fait un cas d'école dans l'approche critique des organisations internationales et des opérations de maintien de la paix (OMP). S'annonçant comme la première mise à l'épreuve du multilatéralisme et de la gestion institutionnelle des conflits, elle en a montré les problèmes et les limites, et les conséquences désastreuses qu'une telle gestion peut avoir sur les populations locales.
[...] Le succès de cette voie incarné par les accords de Dayton a motivé la critique et la restructuration des conceptions autour des OMP à l'ONU comme dans d'autres organisations. Le constat d'échec de l'action collective n'est pas contestable, cependant, cet échec tient-il réellement à la dimension collective ces efforts ? Il semble que le non-aboutissement des initiatives collectives soit aussi résultat de l'action des pays qui les ont portées ou non, et que l'ONU, soudainement considérée comme entité indépendante, a été victime du report des responsabilités individuelles des États membres (Tardy 2006). [...]
[...] Les organisations internationales peuvent-elles être un acteur pertinent dans la gestion des conflits ? C'est ainsi que nous interrogerons le cas bosnien comme révélateur des difficultés théoriques et pratiques de la médiation collective dans la résolution de conflit et le règlement des crises internationales. À cet égard, nous nous demanderons d'abord dans quelle mesure les logiques institutionnelles et structurelles animant les organisations internationales, intergouvernementales et plus généralement les structures d'action collective ont pu constituer un frein aux capacités de médiation en Bosnie - nous observerons ensuite en quoi la renationalisation et militarisation de la gestion de la guerre de Bosnie à partir de 1993-1994 éclaire les nécessaires ambivalences dans les relations entre les organisations et leurs États membres, et dans quelle mesure cette renationalisation de la question permet la résolution finale du conflit? [...]
[...] 26- 31 Samuel G. Amoo & William Zartman, op cit., p 4-18 octobre 1995 - Bosnie-Herzégovine. Entrée en application d'un cessez-le-feu », Encyclopædia Universalis Derek Chollet, op cit Thierry Tardy, op cit La question de la reconnaissance de l'indépendance de la Bosnie- Herzégovine après son référendum d'indépendance était déjà une question qui brisait la neutralité - la réponse récompensait ou punissait les deux parties au conflit. [...]
[...] La renationalisation et militarisation de la gestion du conflit et le Contact Group Après l'échec du troisième plan de paix, les Serbes renforcent le siège de Sarajevo, et l'explosion d'un mortier sur un marché provoquant la mort de 68 civils en février 1994 va principalement cristalliser l'attention. L'attaque pousse Boutros-Ghali à demander des frappes de l'OTAN[16], déjà impliqué dans l'application de la zone d'exclusion aérienne. Après une série de bombardements, sous les commandements conjoints de l'ONU et de l'OTAN, il est exigé que les Serbes retirent leurs armements lourds des hauteurs de Sarajevo. [...]
[...] La diplomatie préventive en Bosnie et l'établissement d'un cadre d'action collectif Rappelons d'abord les parties au conflit en Bosnie-Herzégovine, et les structures mises en place par la communauté internationale pour répondre à la crise. La Commission d'arbitrage pour la paix en Yougoslavie, présidée par Robert Badinter, est créée dès 1991. Avec un mandat très vague, elle « opine » sur la fragmentation de la Yougoslavie au nom de la Communauté européenne, et délivre quatre premières recommandations la même année. La quatrième doit répondre à la question suivante : la Communauté européenne doit-elle reconnaître la déclaration de souveraineté de la Bosnie- Herzégovine (octobre 1991) ? [...]
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