La grande difficulté, et sans doute tout l'enjeu de cet exposé, est de définir ce qu'est la délinquance. Selon le dictionnaire, il s'agit de l'ensemble des infractions commises à l'encontre de l'ordre public et appréhendées du point de vue de leur incidence sociale. Cela est très vague, surtout que « infractions » comme « ordre public » sont des notions dont le sens peut changer avec le temps.
La délinquance dépend donc directement des évolutions de la « légalité » et donc aussi des mœurs, particulièrement importantes au cours de la période qui nous intéresse. On peut toutefois exclure ici toutes les violences qui ont un lien trop direct avec la politique, faisant par exemple abstraction de celles entrainées par l'anticléricalisme, l'anarchisme et les grandes grèves ou l'antisémitisme.
La délinquance est sans conteste un thème récurrent de la seconde moitié du XIXe siècle, mais cela signifie-t-il qu'elle a connu un réel accroissement ? Un tel bouleversement des mouvements de pensée ou de pratique que celui qui se produit à l'époque s'accompagne sans doute de conséquences parfois violentes, mais n'oublions pas que la délinquance est la violation d'une norme établie par la confrontation de la morale et des usages sociaux.
[...] On peut en outre citer la popularité de policiers prenant de plus en plus la plume pour raconter leurs expériences (nourrit donc une réception publique obsédée par les affaires de police et de crime). Pour appuyer la nécessité de la relativisation de l'accroissement de la délinquance, on peut finalement citer le fait que sous le Second Empire, la conjonction d'une répression policière accrue et du contrôle de la presse atténue largement le phénomène (ne réapparait qu'à la fin de la décennie 1860). - Les normes, la répression et leurs effets La délinquance est un fait social normal, étant donné que toute règle suppose la possibilité de la violer. [...]
[...] Plus qu'une réelle augmentation des transgressions, il y aurait alors peut-être redéfinition de leur perception. Les sociétés industrielles, intensifiant les rapports entre les groupes, ont tendance à tout codifier, multipliant normes et interdits (et du même coup fabriquant des délinquants). Ainsi, sauf pour la criminalité de sang, les statistiques de la délinquance ne livrent pas de faits bruts mais traduisent des procédures liées aux modifications des lois et des codes. A titre d'exemple, la loi de 1873 crée en France le délit d'ivresse dans la rue = les statistiques bondissent, sans augmentation de l'alcoolisme. [...]
[...] L'accroissement de la délinquance est-elle une réalité en Europe et aux Etats-Unis dans la seconde moitié du XIXe siècle ? La grande difficulté, et sans doute tout l'enjeu de cet exposé, et de définir ce qu'est la délinquance. Selon le dictionnaire, il s'agit de l'ensemble des infractions commises à l'encontre de l'ordre public et appréhendées du point de vue de leur incidence sociale. Cela est très vague, surtout que infractions comme ordre public sont des notions dont le sens peut changer avec le temps. [...]
[...] Par ailleurs les grands progrès de l'expertise (médecine légale, graphologie, etc.) permettent à la police d'être plus efficace. Mais les Etats ne réagissent pas que par la répression. Ils essaient aussi d'agir à la source, et c'est là sans doute ce qui produit les meilleurs résultats. C'est ainsi que la journée de travail passe progressivement de 10 à 11h dans la plupart des pays européens qu'en France l'ouvrier voit en 1890 son livret disparaître (en 1898 c'est à l'employeur de le garantir contre l'accident de travail), ou encore qu'est crée un ministère du travail. [...]
[...] Les étrangers et le rôle de l'émigration On peut considérer les déplacements de population comme créateurs de certaines délinquances. On observe en effet de nombreux rejets xénophobes, qui s'accentuent quand les mœurs, la religion ou encore la langue sont différentes. C'est ainsi qu'en 1863 aux EUA, des tensions entre ouvriers irlandais et noirs libres aboutissent à de multiples émeutes et actes violents (que l'on observe en France face à la migration italienne). En général la dialectique est telle que les plus anciens rejettent les nouveaux arrivants. [...]
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