Les accords de Munich constituent-ils un sauvetage d'une paix mise à mal pendant la crise tchécoslovaque ou portent- ils déjà en eux les germes de la guerre future ? Les accords de Munich semblent tout d'abord éviter à l'Europe de sombrer dans un nouveau conflit mais l'existence d'une telle menace peut être questionnée. La déclaration de guerre qui a lieu moins d'un an après la signature de ces accords n'est-elle pas un argument suffisant pour affirmer que les accords de Munich n'ont pas sauvé la paix ?
[...] C'est notamment le cas de l'aviation française. Le général Vuillemin, chef d'Etat major général de l'armée de l'air, a pu admirer la puissance de la Luftwaffe, pendant son voyage en Allemagne. Il exprime sa crainte de voir l'armée de l'air française fondre en deux semaines si elle doit affronter la Luftwaffe. Il est donc possible de remettre en cause l'existence d'une vraie menace qui aurait pesé sur la paix pendant la crise de Munich puisque ni les puissances fascistes ni les démocraties ne souhaitent entrer dans un conflit dont l'issue pourrait leur être défavorable. [...]
[...] Ribbentrop fait des propositions dans ce sens au cours de l'été 1938 qu'il réitère à Munich auprès de Mussolini et Ciano. L'Allemagne et son allié ne semblent donc pas vouloir déclencher une guerre qui leur apparaît comme encore hasardeuse à la fin de l'été 1938 malgré la violence des revendications de l'Allemagne. Le péril de guerre n'est donc peut-être pas si grand, d'autant plus que les démocraties lui sont hostiles plus que jamais L'impuissance des démocraties n'est pas une chose nouvelle Si les démocraties semblent vouloir faire preuve de fermeté face à Hitler, il apparaît rapidement qu'elles sont prêtes à tout pour éviter la guerre. [...]
[...] Les deux régimes autoritaires signent le 22 mai 1939 à Berlin le Pacte d'acier très nettement offensif. L'article 3 prévoit l'entrée en guerre automatique de l'autre partie si la première se trouve engagée dans un conflit, quelle que soit sa nature. Les deux puissances sont désormais des alliées indéfectibles qui poursuivent leur politique d'agression qui débouche sur la déclaration de guerre de la France et de la Grande Bretagne le 3 septembre 1939 à la suite de l'invasion de la Pologne. [...]
[...] Pour Jean Baptiste Duroselle, l'attitude française continue à être passive. Elle peut-être caractérisée par cette phrase de Charvériat, directeur adjoint des Affaires politiques, lors d'une réunion hebdomadaire de liaison le 3 août : Il faut attendre le résultat de la mission Runciman [ ] Selon leur coutume, les Britanniques tardent à donner aux Français des informations précises quant aux conclusions de leur envoyé. A cette paralysie due à une attitude du chacun pour soi s'ajoute le fait que les hommes au pouvoir sont des partisans d'une politique d'apaisement. [...]
[...] Après la conférence de Munich, l'URSS est animée par une profonde hostilité envers les démocraties. En effet, Staline voit dans ce compromis le signe que les démocraties veulent détourner l'agressivité allemande de l'Ouest en la tournant vers l'est. Cette méfiance se traduit par une détérioration des relations entre l'URSS et la France notamment. Cette détérioration apparaît dès le 1er octobre à Bonnet lors de son entrevue avec Litvinov qu'il trouve défavorable à une coopération franco-soviétique. A terme, cette méfiance aboutit à la signature du pacte germano-soviétique qui permet à Hitler de pouvoir attaquer l'ouest sans être entraîné dans une guerre sur deux fronts. [...]
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