Accords de Matignon de 1988, Nouvelle-Calédonie, colonialisme, code de l'Indigénat, ZEE Zone Economique Exclusive, peuple kanak, FLNKS, crise d'Ouvéa, Lionel Jospin, référendum d'autodétermination
Le traitement de la période s'étendant de l'année 1988 à 2018 permet d'observer l'événement déclencheur du processus des Accords de Matignon puis leur évolution dans le temps jusqu'à nos jours. Située dans l'océan Pacifique Sud, la Nouvelle-Calédonie est un archipel centré sur la Grande Terre et composé des îles Belep au nord-ouest, de l'île des Pins au sud-est et des îles Loyauté au nord-est (Ouvéa, Lifou, Tiga et Maré). Elle est découverte par l'explorateur anglais James Cook le 4 septembre 1774, mais il faut attendre les années 1840 pour voir arriver les premiers missionnaires français. Le 24 septembre 1853, le contre-amiral Febvrier Despointes proclame la Nouvelle-Calédonie colonie française, et du fait de son éloignement et de sa position, l'île est rapidement utilisée comme bagne et le reste jusqu'aux premières décennies du XXe siècle.
[...] Certains Kanaks sont alors en perte de repères, déchirés entre la France et leur identité profonde. Par exemple lors de la crise d'Ouvéa, la tribu loyaliste de Weneky fournit un guide à l'armée jusqu'à la grotte de Gossanah où sont réfugiés les indépendantistes. Du côté français, les presses locales et métropolitaines mettent en scène l'impossibilité des deux camps à se comprendre. Les Nouvelles Calédoniennes, le Figaro ou encore France Soir diabolisent et réduisent à des actes de vandalisme les revendications nationalistes kanakes et provoquent une incompréhension vis- à-vis du mouvement. [...]
[...] La décision y est prise de mettre l'île sous la gestion directe de l'État français dont le mandat s'étend sur une année, soit jusqu'au 14 juillet 1989. De plus dans un souci de calmer rapidement les tensions, les Accords actent l'indemnisation et la libération des prisonniers kanaks de la crise d'Ouvéa. À cela vient s'ajouter l'amnistie pour tous les belligérants des évènements, faite pour éviter, dans la mesure du possible, de trop nombreuses poursuites judiciaires, qui n'aurait pour effet que d'attiser les rancœurs. Il est donc estimé de meilleur ton que « seuls sont poursuivis les auteurs principaux de crime de sang »[3]. [...]
[...] Conclusion Ainsi, la crise d'Ouvéa fait office de catalyseur des tensions coloniales en Nouvelle-Calédonie. Par le choc impulsé à la Nation et au Territoire, l'évènement permet de sortir de l'impasse et d'aboutir à la signature des Accords de Matignon qui déclenchent un processus de décolonisation et de décentralisation progressif sur le Territoire. L'action du gouvernement en Nouvelle-Calédonie reste cependant motivée par des enjeux géostratégiques et économiques (Z.E.E et mines de nickel), mais cette réelle volonté de bâtir un destin commun, malgré ses limites, aboutit à l'organisation d'un référendum d'autodétermination prévu pour le 4 novembre 2018, dans 3 semaines. [...]
[...] Par la suite et dans la lignée des réconciliations ouvertes par les Accords de Matignon ont lieu plusieurs évènements d'importances. En particulier la Paix des Cœurs à l'été 2004 qui organise des cérémonies de pardon entre les protagonistes de la crise d'Ouvéa. La reconnaissance le 18 août 2008 par Michel Rocard sur France Culture des crimes des soldats français ayant achevé des blessés kanaks lors de l'assaut sur la grotte est elle aussi une avancée. En septembre 2014, les restes d'Ataï sont restitués à la Nouvelle-Calédonie et enfin, le 5 mai 2018, Emmanuel Macron devient le premier président de la République à se rendre sur le lieu des évènements d'Ouvéa pour une grande cérémonie de communion. [...]
[...] Sans le dire, comme en Algérie, placer l'affaire sous le commandement de l'armée met la France en état de guerre. Les protagonistes deviennent alors les pions des enjeux électoraux, car, après le premier tour, perdant du terrain face à François Mitterrand, Jacques Chirac doit faire preuve de force pour ne pas paraître laxiste aux yeux de l'électorat d'extrême droit dont il a besoin. Quant au président Mitterrand, il souhaite ne pas apparaître en retrait de son Premier ministre et signe donc l'ordre d'assaut, abandonnant la solution des négociations. [...]
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