Accommodements, résistances, sociétés coloniales, 1850-1950, Empires coloniaux, populations autochtones, Européens, Seconde Guerre mondiale
« Ce fut à l'Afrique que l'on dut s'adresser pour coloniser l'Afrique. » Par cette phrase, Henri Brunschwig montre dans Noirs et blancs dans l'Afrique noire française que la présence européenne dans les colonies, à quelques exceptions près, est numériquement trop faible pour la pérennisation d'un État colonial qui pourrait se passer de la coopération des autochtones eux-mêmes, en Afrique. Mais ce constat semble s'imposer dans toutes les sociétés coloniales, dont les colonies de peuplement : les hommes et les femmes venus de métropole sont trop peu nombreux, d'abord rétifs à s'installer dans ces territoires que l'on considère comme « le tombeau de l'homme blanc », puis peu intéressés par l'absence de réelle promotion sociale que constitue la vie dans les colonies. Il faut donc s'appuyer sur la population elle-même pour espérer assurer les fonctions régaliennes que sont notamment le maintien de l'ordre ou la perception de l'impôt, et plus particulièrement sur les élites lettrées qui constitueront un intermédiaire entre le pouvoir colonial et la masse.
[...] La majorité est africaine, d'après L'appel à l'Afrique de Marc MICHEL. Du côté de l'Empire anglais million d'Indiens sont mobilisés. Charles Mangin est même surnommé le boucher des Noirs à partir de la bataille du Chemin des Dames en 1917 en raison du grand nombre de pertes que connaissent ceux qui sont appelés les tirailleurs sénégalais au cours du combat. Pourtant, le recrutement ne s'était pas fait sans peine en raison de révoltes qui avaient éclaté dans l'AOF lors du recrutement des troupes, et de sévères répressions dans le Sahel avaient entraîné la mort de Africains. [...]
[...] L'augmentation des mobilités pousse également les élites coloniales à se rencontrer et à opérer une montée en généralité à travers un discours parfois plus internationaliste que nationaliste. Le panafricanisme est ainsi prôné par Marcus Garvey dans son journal The Negro World, tandis que des auteurs comme Aimé Césaire ou Léopold Sédard Senghor développent le concept de négritude porteur d'un discours anticolonialiste. Enfin, l'Internationale communiste essaime dans les différentes colonies et encourage là aussi à la rencontre entre les meneurs du monde entier. [...]
[...] (Benedict ANDERSON, L'imaginaire national.) III) 1939-années 1950 : Les nationalismes et le triomphe des intermédiaires la mort du complexe d'infériorité Léopold Sédar Senghor) La Seconde Guerre mondiale et le ferment des nationalismes La Seconde Guerre mondiale voit les premières indépendances, tandis qu'à la sortie de la guerre plusieurs Empires sont prêts à accorder des concessions, mais celles-ci sont trop tardives pour véritablement satisfaire les populations indigènes. Des mouvements indépendantistes et nationalistes continuent de naître au cours de la Seconde Guerre mondiale, et notamment le mouvement Quit India en 1942 mené par Gandhi. Ce mouvement est issu du Parti du congrès, pourtant jusque-là modéré dans les revendications faites au colonisateur. [...]
[...] Par ce statut d'intermédiaire, les élites constituent un entre-deux identitaire qui se répercute parfois dans la terminologie : appelées évolués en France, educated natives dans l'Empire britannique, ou assimilados dans les colonies espagnoles, elles constituent une forme originale d'appropriation et d'hybridation de la culture métropolitaine, adaptée aux caractéristiques des sociétés coloniales. Car il serait faux de penser que la période coloniale a été baignée par une pax britannica dans l'Empire britannique ou une pax colonia en général. Au contraire cette période fut parcourue de résistances, c'est-à- dire de refus de la situation coloniale par les populations autochtones, par la voie de la violence ou de la résistance passive (autrement dit, ensemble des actions collectives pour lutter contre une autorité politique ou sociale). [...]
[...] Les familles sont prêtes à payer cher pour faire entrer leurs enfants dans ces écoles qui assureront à ceux-ci de faire partie des élites de la société coloniale. Ainsi 1000 diplômés sortent des universités indiennes chaque année environ, diplômés que l'on retrouve ensuite pour une grande partie dans le Congrès national indien qui ressemble ainsi dans les premiers temps à un club élitiste, avec de ses membres juristes à sa création en 1885. Mais la désillusion est parfois totale pour ces diplômés qui s'aperçoivent que leurs études ne possèdent que peu de valeur auprès de l'administrateur. [...]
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