L'abbé Pierre est d'abord un homme d'église, qui vécut sept années reclus dans un monastère durant sa jeunesse (de ses 19 à ses 26 ans). Lui qui se destinait à une vie coupée du monde va le vivre pleinement puisqu'il s'engage dans la Résistance au cours de la Seconde Guerre mondiale, puis devient député de Meurthe-et-Moselle une fois la paix revenue.
Homme politique donc, puis homme médiatique, qui va débuter un combat caritatif qu'il mènera tout au long de sa vie par… un appel à la radio. Ce célèbre « appel de 1954 » alors que l'hiver commence, que les températures sont terribles et que les démunis obligés de dormir dehors sont toujours plus nombreux, marque le début du combat de l'abbé Pierre et de son empreinte dans chaque foyer de toute classe sociale.
Un combat caritatif donc, dans la plus pure tradition catholique. Néanmoins, pour l'abbé Pierre il s'agira aussi d'un combat politique et militant marqué par la recherche de l'efficacité dans l'action, puis d'un combat médiatique. Son but est bien d'agir sur les conséquences de la pauvreté, mais aussi sur ces causes. Il mélange donc à volonté l'action politique et l'action militante de terrain. Il prolonge ainsi un débat du court terme au long terme, du « j'agis » au « j'organise », du théorique au concret.
[...] En s'engageant dans la Résistance, l'abbé Pierre démarre un parcours politique fort, qu'il poursuivra en tant que député. Le débat sera vite déplacé du long au court terme et l'abbé Pierre devra répondre à un besoin de concret, ce qui changera sa pensée. En 1939, l'abbé Pierre est mobilisé comme sous-officier, puis il est envoyé comme prêtre à Grenoble après l'armistice de 1940. C'est ici que commence son engagement dans la Résistance, lorsque deux juifs sonnent à sa porte et lui demandent de l'aide. Dans la clandestinité, il prendra le nom d'abbé Pierre. Sa pensée évolue alors. [...]
[...] Sa modernité dans un combat commencé dans les années 1950 se traduit tout au long de ce siècle et aujourd'hui encore puisque Martin Hirsh, ancien président d'Emmaüs France, fait partie du gouvernement français en tant que Haut Commissaire aux Solidarités Actives. Le combat de l'abbé Pierre fait encore, comme en 1954, partie de notre actualité quotidienne. L'abbé Pierre est un personnage aux multiples facettes. Nous avons choisi de développer trois axes pour mieux le comprendre. La base sur laquelle se construit le personnage de l'abbé Pierre, son moteur, nous apparaît être la foi. Le catholicisme est le fil conducteur de l'existence de l'abbé Pierre, depuis son enfance jusqu'au début de son engagement. [...]
[...] Grâce à ces actions éclair, l'abbé Pierre sensibilise très fortement la population. L'action concrète sur le terrain fait appel au plus grand nombre. Il en appelle à l'humanité de tous, et lui-même s'engage, ce qui fait de lui une figure très humaine pour les populations, qui reste proche des gens, et vit avec eux. Le combat de l'abbé Pierre est donc largement diffusé, et ce notamment grâce à une grande mobilisation du quatrième pouvoir : la presse. La modernité de l'abbé Pierre passe par son utilisation très fine des médias. [...]
[...] L'abbé Pierre n'a pas de goût pour la politique proprement dite. Il ne sent pas à sa place dans cet engagement éloigné des réalités. Il fait sien ce mot de Robert Buron disant de la politique qu'elle est l'art de rendre possible ce qui est nécessaire Ainsi l'abbé Pierre ajoute une expérience en plus dans son parcours atypique. Toucher la réalité de la politique lui fait comprendre qu'il a besoin d'être aux côtés des plus faibles, et ce de façon très directe. [...]
[...] L'abbé Pierre cultivera même un style vestimentaire particulier pour fonder son image publique. Il portera l'habit simple des moines franciscains, ce qui montre son humilité, et sa proximité avec ceux qu'il aide. Sa barbe, son béret, sa cape, tout concorde pour dire de lui qu'il est un homme simple attaché à des valeurs universelles de respect et d'aide au prochain. Il nous faut noter qu'ici l'abbé Pierre tient un rôle particulier auprès de l'Eglise. Par cette action très directe et son utilisation des médias, l'abbé Pierre se tient en marge de l'Eglise, qu'il critique même vivement pour son conservatisme, ses fioritures, et ses richesses. [...]
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