‘Paix impossible, guerre improbable'. Telle est la formule de Raymond Aron pour qualifier l'équilibre de la Terreur, donc la course aux armements caractéristique de la guerre froide. Mais improbable ne signifie pas inconcevable. Or les mutations internationales qui s'engagent au milieu de la décennie 70 révisent profondément les fondements de la stabilité du système international permise par la Détente, en introduisant une longue période d'hésitations bilatérales entre continuité et rupture. Continuité relative d'abord avec le processus de nouvelle détente engagé dès juillet 1973 et aboutissant en 75 à la signature des accords d'Helsinki ; mais rupture avec la dynamique de jeu égal à l'œuvre depuis la fin de la seconde guerre mondiale, et qui assurait aux deux Grands une domination bipolaire sans contestation véritable. Comme durant les années précédant les deux conflits mondiaux, l'année 75 semble engager une période d'accélération des évènements et d'intensification des tensions.
Ainsi, en quoi le système international se trouve-t-il profondément ébranlé par les mutations géopolitiques qui s'ouvrent alors, et comment expliquer que celles-ci n'ont pu suffire à créer les conditions d'un Troisième conflit mondial ?
[...] Le Japon et la CEE contestent ainsi la suprématie du dollar, ce qui constitue une situation inédite dans le cadre de la GF. La crise est aussi politique. Le scandale du Watergate, jetant le discrédit sur la fonction présidentielle, prééminente aux Etats-Unis, a amené l'opinion américaine à douter de la valeur même de son système politique. Ces interrogations se trouvent par ailleurs renforcées par le manque d'envergure des successeurs de Nixon, Gerald Ford puis James Carter. Ces doutes se relèvent enfin dans les attitudes diplomatiques américaines. Tout d'abord, l'Occident n'est plus un bloc uni derrière Washington. [...]
[...] Le regel que nous avons expliqué se double en effet du renforcement des mouvements de libérations nationales, de la volonté d'autonomie des acteurs régionaux et de la progression du terrorisme. Cette situation, aggravée par la persistance du sous-développement des pays pauvres et de la dureté de la concurrence économique entre pays riches ; paraît devoir mener inéluctablement à une issue comparable à celle qu'a engendré la crise mondiale des années 30. III-B) Ce n'est donc que par la profondeur des mutations engagées par les deux Grands que le spectre d'une Troisième guerre mondiale s'éloigne progressivement. [...]
[...] Toutes ces dispositions, explicites dans certaines de leurs expressions mais aussi ambiguës dans leurs motivations réelles, conditionnent une évolution des mentalités, de la détente vers la représentation du possible avènement d'une guerre chaude. II-A) C'est en 1979 que s'opère cette transition vers un conflit direct au moins dans les discours entre les Deux Grands : la guerre fraîche, selon l'expression de Brejnev. Cette année se caractérise en effet par deux crises majeures, qui entraînent l'avènement d'une situation diplomatique porteuse de tous les risques pour le fragile équilibre du système international qui se dessinait autour de la montée en puissance de l'Union soviétique marque d'abord le début de la crise des euromissiles. [...]
[...] En mai 82, Reagan poursuit son travail de sape de l'influence russe en Europe orientale, en signant un traité prévoyant des mesures économiques, politiques et secrètes destinées, je cite, à neutraliser les efforts de l'URSS pour maintenir son Empire en Europe orientale La situation redevient donc tendue, en Europe et dans le monde. Au Moyen-Orient, le conflit israélo-arabe a repris à la suite de l'assassinat de Sadate en 81, et menace de déraper d'un moment à l'autre. En Amérique centrale, l'administration américaine tente de contenir l'influence soviétique en soutenant des régimes dictatoriaux, comme au Guatemala et au Salvador où des guerres civiles déstabilisent la région. [...]
[...] 1975-1985 : Vers une troisième guerre mondiale ? Le doute qui gagne les Etats-Unis au milieu des années 1970 incite l'Union soviétique à relancer ses visées expansionnistes, contournant les principes modérateurs de la détente (1975–1978). Le malaise américain : un modèle en crise politique, économique et diplomatique La poussée soviétique : renforcement des positions et nouvelles perspectives d'influence II- Les mutations stratégiques complexifiées par l'émergence de rivalités et de problématiques nouvelles qu'engagent alors les deux camps, font craindre l'avènement d'un nouveau conflit global (1979-1982). [...]
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