Fulton, Missouri, mars 1946, Churchill affirme qu'un rideau de fer s'est abaissé sur l'Europe. Au printemps 1947, la guerre froide est déclenchée pour de bon, tour à tour on assiste à l'expulsion des ministres communistes du gouvernement français, en mai, bientôt suivi par tous les pays occidentaux de l'Italie au Danemark. La riposte soviétique, un peu embarrassée au départ, ne se fera pas attendre très longtemps, blocus de Berlin, grèves insurrectionnelles en France et en Italie, intensification de la guerre civile en Grèce, coup de Prague.
Pourtant après cette première phase de mouvement intense, la guerre froide cesse de se réchauffer, l'affrontement des deux blocs se stabilise progressivement dans un rapport de force essentiellement statique en Europe. En Asie, la violence est beaucoup plus présente mais même là l'Amérique n'affronte jamais directement ses adversaires soviétiques et chinois.
[...] Privée d'accès au commerce mondial l'empire soviétique est voué à s'étioler et peut même connaitre effondrement et famine, à un stade donné de crise interne, l'empire soviétique en viendra nécessairement à composer. La recommandation politique de Kennan est donc la suivante: dans un premier temps il faut casser le ressort agressif de l'Union soviétique en le contenant c'est-à- dire en l'empêchant de se détendre. Cette politique c'est le containement au sens strict. Par ailleurs il faut éviter le roll back c'est-à-dire l'aventure qui consisterait à essayer de reprendre par la force ce que les communistes ont arraché au lendemain de la guerre au risque d'un nouveau conflit. [...]
[...] C'est désormais l'affrontement et il faudra moins de 5 ans au bloc soviétique pour perdre entièrement la bataille sur le plan économique le plus important de tous. La combinaison d'une dépense civile américaine généreuse et d'une défense militaire bon marché : la menace nucléaire, qui économise les forces classiques aura permis à un coût très faible de reconstruire l'Allemagne de l'Ouest et de geler la menace soviétique en France et en Italie. C'est la démonstration de l'efficacité exemplaire du containement. [...]
[...] Après une brève période de transition, le nouveau président se choisit pour chef de sa diplomatie, comme secrétaire d'État le général George Marshall. Issu d'une petite école militaire de Virginie, George Catlett Marshall devient entre les deux guerres l'un des rares officiers d'état-major efficace que comprenait la petite armée des États-Unis. En 1938 Roosevelt sentant la guerre venir le promeut par dessus 34 de ses supérieurs hiérarchiques pour en faire le chef d'état-major général de la future et gigantesque armée de conscription qu'il entend se donner, administrateur hors pair Marshall dirigera depuis son bureau de Washington une immense organisation administrative et technique qui étend son emprise sur l'Europe et le Pacifique. [...]
[...] Cette tentative trop proclamée provoquera en réaction l'initiative habile de Staline visant à déclencher la guerre de Corée avec l'aide de son ami Kilmi Soung quelques mois plus tard. Le containement a apparemment échoué en Asie dès 1950. La fin de la présidence Truman est ainsi marquée par l'éclipse des hommes du containement. Antisémite discret mais vigoureux Marshall s'était mis hors jeu de toutes les façons dès 1948 par son opposition avec le président sur la reconnaissance de l'État d'Israël. [...]
[...] L'Amérique gagnera cette guerre si elle étend les bénéfices du New Deal à l'ensemble du monde occidental. Ainsi la théorie du containement de Kennan fournit-elle à l'administration Truman tout à la fois une ligne de conduite claire et une voie moyenne. D'un côté la nouvelle stratégie exclut toute complaisance envers le régime Stalinien, c'est une critique voilée de Roosevelt mais dans le même temps elle gère avec une extrême prudence la composante purement militaire du conflit, et elle conclut par la nécessité même en politique étrangère d'un primat de la politique intérieure. [...]
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