Première Guerre mondiale, 1916, 1917, Verdun, Passendale, conspiration du silence, propagande commerciale
En 1916-1917, tandis que les grandes batailles sanglantes de Verdun, de la Somme et de Passendale s'achèvent sans résultat, chaque adversaire lance une campagne massive de propagande pour défendre les vertus de sa cause. À cette époque de la guerre, les agences d'État et les agences privées s'adressent à trois publics différents : les populations civiles nationales, pour soutenir leur moral ; les civils et les soldats ennemis, pour saper leur moral ; enfin les neutres, pour les faire entrer en guerre. Il n'y a pratiquement aucun moyen de mesurer le degré d'efficacité de ces campagnes visant à influencer l'opinion, car la plupart des gens, sous l'uniforme ou pas, développaient une sorte d'immunité à ce ''bourrage de crâne'' présenté dans la presse. Jusqu'à la fin de la guerre, la propagande eut probablement peu d'effet sur l'engagement des civils de part et d'autre. Mais, ironiquement, elle dut rendre plus difficile, pour les soldats comme pour les civils des puissances centrales, d'accepter la réalité de la défaite en 1918.
[...] Ils étaient dépouillés et les éléments utiles à la propagande en étaient extraits pour être ensuite diffusés dans les journaux français et dans la presse alliée. Propagandes britannique et allemande Après la guerre, il y eut au moins un soldat convaincu que la propagande britannique avait sapé le moral du combattant allemand : c'était Adolf Hitler. Mais pour une fois il est probable qu'il fit à ses adversaires un compliment qu'ils ne méritaient pas. L'armée allemande perdit le moral lorsqu'elle comprit qu'elle ne pourrait vaincre, non quand elle lut les tracts que les Alliés lançaient par avion sur ses lignes. [...]
[...] Hitler n'allait pas laisser cette situation se reproduire. Il décida donc d'utiliser pour la propagande nazie ce qu'il emprunta aux méthodes britanniques. C'est ce qu'il expose ainsi dans Mein Kampf, publié en 1915 : grande majorité de la nation est si féminine dans son caractère et son aspect que sa pensée et sa conduite sont gouvernées par le sentiment plutôt que par un raisonnement réfléchi. Cependant, ce sentiment n'est pas complexe, il est simple et cohérent. Il n'y a pas de nuances mais seulement les notions négative et positive d'amour et de haine, de bien et de mal, de vrai et de faux. [...]
[...] La conspiration du silence entourant les mauvaises nouvelles fut en général maintenue. C'est ainsi qu'en 1915 on s'efforça de cacher le désastre des Dardanelles. On y aurait réussi, n'eut été l'ingénuité d'un jeune reporter australien, Keith Murdoch (père du magnat de la presse, Rupert Murdoch), qui mit les pieds dans le plat. Des journalistes britanniques ne se seraient pas comportés de manière aussi fruste. L'histoire est intéressante, car elle montre que les nouvelles importantes qui dérangeaient n'étaient publiées que lorsque cela faisait l'affaire des hommes politiques. [...]
[...] En fait, les propagandistes alliés prêchaient les convertis. Il y a beaucoup plus de controverse à propos du caractère et de la force persuasive de la propagande allemande. À en juger par la propagande véhiculée par les affiches, les films et les actualités, aussi bien que par la littérature, la campagne allemande visant à influencer l'opinion quant à la nature de la guerre différait peu de celle de ses ennemis. Mais certains historiens ne sont pas d'accord sur ce point. [...]
[...] Il n'y eut pas de ministère de la Propagande, malgré les requêtes répétées des autorités militaires. Elles créèrent donc leur propre service de presse, le Deutche Kriegsnachrichten Nouvelles allemandes de la guerre''), et diffusèrent des appels patriotiques, avec la bénédiction de Ludendorff. Les efforts que firent les Allemands pour informer l'opinion étrangère furent également caractérisés par le manque de coordination. Les groupes privés se multiplièrent, mais on ne pouvait attendre grand chose de brochures produites par des groupes de professeurs patriotes. [...]
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