Lorsqu'on parle de « Guerre de Trente Ans », on se réfère généralement à la suite de conflits armés qui ont eu lieu en Europe, surtout centrale, entre 1618 et le Traité de Westphalie de 1648. La Guerre de Trente Ans a ravagé l'Allemagne et modifié profondément l'équilibre des forces européennes. Postérieurement, dans son discours prononcé à Bar-le-Duc le 28 juillet 1946, le général De Gaulle se réfère également à une guerre de Trente Ans en parlant de la période 1914-1945 : « Le drame de la guerre de Trente Ans, que nous venons de gagner, a comporté maintes péripéties et vu entrer et sortir maints acteurs. […] Les circonstances ont pu nous contraindre à varier notre tactique […]. Mais nous ne comptons finalement qu'une seule sorte d'anciens combattants ». Le général fait ressortir ici la dialectique que nous allons développer et qui repose sur l'ambiguïté de la période, entre rupture et continuité, entre variations et similitudes.
Pour certains, comme René Girault, « la période 1914-1941 forme un tout ». D'autres, à l'image de René Rémond, contestent l'expression d'« entre-deux-guerres » y voyant une formule poussant à un déterminisme injustifié. Il faut donc se poser la question de la nature et de la force du lien qui unit les deux conflits mondiaux.
Quelle est donc la nature de la guerre menée pendant la période 1914-1945 ? Malgré la tendance à voir une continuité entre les deux conflits, jusqu'à quel point peut-on les relier, et ce notamment pendant la période de l'entre-deux guerre ? Le lien de cause à effet est-il suffisant pour qu'on puisse parler d'une « guerre de Trente Ans » ?
[...] Le déroulement de ces guerres est également différent, notamment de par les armes utilisées. La Première Guerre mondiale se caractérise surtout par l'emploi d'obus, bombes, grenades et gaz volatils, tandis que la Seconde Guerre mondiale voit les débuts de l'utilisation de lance- roquettes, chars, canons d'assaut, destroyers et surtout de la bombe atomique, nouvelle arme de destruction massive, utilisée pour la première fois en 1945 par les Etats-Unis contre le Japon. Enfin, les deux guerres mondiales varient par leurs conséquences : huit millions de morts et six millions d'invalides pour la première, contre soixante-deux millions de décès liés à la seconde. [...]
[...] L'expression de guerre de trente ans paraît excessive, même si elle illustre bien une certaine continuité effective. Si l'on parle de guerre de trente ans, ne peut-on pas émettre l'hypothèse d'une guerre de cinquante ans jusqu'en 1965, comme le suggère Georges-Henri Soutou ? N'existe-t-il pas un risque de simplification à vouloir trop rapprocher les évènements les uns des autres ? Bibliographie indicative La faillite de la paix : 1918- De Rethondes à Stresa : 1918-1935. Par Maurice Baumont, aux Presses universitaires de France Les relations internationales de 1918 à 1939. De Pierre Milza, aux éditions A. [...]
[...] Sans tomber dans le déterminisme, il est en effet possible de distinguer dès 1918 des éléments annonciateurs de nouveaux conflits futurs. La période de l'entre-deux-guerres est en effet caractérisée par l'échec du maintien de la paix entre les anciens belligérants et la pérennité des conflits, même s'ils sont de nature différente. Une paix illusoire morte-née La paix est, selon Le Petit Larousse 2004, définie par la négative : situation d'un pays qui n'est pas en guerre On l'a vu, le terme de guerre peut avoir un double sens et l'on voit rapidement combien il est alors difficile de caractériser clairement une situation de paix. [...]
[...] Colin, 2008. [...]
[...] Alors que la guerre qui débute en 1914 est une guerre très courte, la drôle de guerre de 1939 est plus prévisible et on a conscience de l'envenimement possible du conflit. La première guerre mondiale a pour cause directe la crise des Balkans, mais également la montée des nationalismes et le rejet de valeurs communes européennes. Elle conduira notamment à l'éclatement de l'Empire ottoman, l'homme malade de l'Europe La Seconde Guerre mondiale est différente. De nouveaux pôles de décision extra-européens, aux Etats-Unis, en URSS ou au Japon, existent, et le conflit est plus planétaire que le premier. [...]
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