Le 28 juillet 1946, à Bar le Duc, le Général de Gaulle, prononce un discours dans lequel il affirme que «le drame de la guerre de trente ans, que nous venons de gagner, a comporté maintes péripéties et vu entrer et sortir maints acteurs». Cette phrase est lourde de sens et met en exergue une question historiographique majeure. Ici, il semble affirmer qu'il y a eu une continuité entre le début de la Première Guerre mondiale et la fin de la Seconde, comme si, en réalité, il n'y avait eu qu'une seule et unique guerre s'étalant sur toute la période 1914-1945.
[...] On notera à titre d'exemple la guerre russo-polonaise (1920-1921), le problème du Fiume (1919-1924), l'occupation de la Ruhr par la France en 1923, l'affaire de Mandchourie et l'invasion japonaise dès 1931. La Guerre d'Espagne de 1936 à 1939 est spécifique en ce sens qu'elle incarne réellement la montée des tensions et conforte l'idée d'une répétition générale de la Seconde Guerre mondiale. En outre, les colonies commencent à demander leur indépendance, comme l'Inde par exemple à travers le Parti du Congrès. [...]
[...] La Première Guerre mondiale est une guerre de tranchées à la stratégie offensive que l'on croit très courte au début et qui est très vite marquée par une hégémonie allemande. C'est également une guerre imprégnée par des idéaux patriotiques, le darwinisme social, le pré- racisme, la montée des nationalismes et le rejet des valeurs communes européennes. Au contraire la Seconde Guerre mondiale qualifiée jusqu'en 1940 de drôle de guerre est une guerre qui semble plus prévisible que la première (montée progressive des tensions, violation des traités de paix par Hitler ) et basée sur une stratégie plus défensive. [...]
[...] Y a-t-il donc une réelle rupture et un renouveau du système international dans l'entre guerres, marquée par une absence totale de conflits armés ? Ou au contraire, faut-il voir en la période 1914-1945 une guerre de Trente Ans marquée par une paix précaire et où les acteurs ne s'opposent pas directement par les armes mais par d'autres moyens tout aussi virulents ? Il faudra tout d'abord montrer que la période 1914-1945 est traversée par une pérennité des conflits et tensions entre acteurs du système international et l'illusion d'une paix. [...]
[...] Au regard de ce constat relativement pessimiste d'un état paix il est plus facile de comprendre la période qui nous intéresse. L'instauration d'une paix réelle semble quasiment impossible et l'on pourrait presque qualifier la paix de 1919 de morte née Il faut tout d'abord souligner l'échec des traités de paix et notamment du Traité de Versailles de 1919. Le non-respect par les Allemands des clauses de ce traité perçu comme un véritable Diktat résulte tout d'abord des contradictions de la conférence (18 janvier-28 juin 1919) concernant le statut de l'Allemagne d'après-guerre. [...]
[...] Les deux guerres se ressemblent : elles partent toutes les deux de conflits strictement européens pour se propager à l'échelle planétaire. II. Rupture du système international et tentatives d'instauration d'une paix réelle Pourtant, à première vue, il semblait difficile d'affirmer que la période 1914-1945 est traversée par une guerre continue. En effet, officiellement, le 11 novembre 1918, L'Allemagne demande l'armistice qui débouche deux mois plus tard sur la conférence de la Paix. De plus, les appellatifs de Première et Deuxième guerre mondiale signifient bien qu'on distingue ces deux phases de l'histoire. [...]
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