A la veille des évènements de 1848, le terme d'Allemagne ne correspond pas un territoire nettement défini. Il s'applique, dans la pensée de ceux qui le prononcent, à l'ensemble des pays où, selon la poésie d'Ernst Moritz Arndt, « résonne la langue allemande ». L'espace germanique constitue effectivement un ensemble de 39 Etats très disparates, regroupés en Confédération germanique depuis le Congrès de Vienne de 1815.
Le seul lien unissant ces Etats est la Diète de Francfort, assemblée constituée par les plénipotentiaires des divers souverains, ne possédant aucun pouvoir effectif. Loin de créer un pouvoir central, la formation de cette ligue, sous l'influence du chancelier autrichien Metternich, maintient ainsi le particularisme politique ainsi que les divisions religieuses et socio-économiques entre les Etats allemands.
Par ailleurs, aucun Etat de cet espace allemand ne dispose d'institutions politiques véritablement représentatives et d'une Constitution garante des droits fondamentaux.
C'est donc à la fois l'opposition contre cet ordre absolutiste et la volonté d'établir un Etat national unitaire qui forment les aspirations à la veille de 1848. Dès lors, la révolution allemande de 1848 a-t-elle été avant tout libérale ou nationale ? Les aspirations nationales du peuple allemand allaient-elles s'accorder avec les exigences du libéralisme ?
[...] En effet, les aspirations nationales demeurent très fortes, elles représentent la chaîne entre les maillons divers du mouvement révolutionnaire. II Mais elles reflètent en toile de fond la question de l'unité nationale 1. Les aspirations nationales, terreau de la révolution allemande En effet, les aspirations nationales constituent le terreau de la révolution allemande. Le Vormärz, origine des aspirations nationales qui vont causer la révolution. En effet, le sentiment national est extrêmement fort en Allemagne depuis la Befreiungskrieg de 1813 contre la domination napoléonienne. [...]
[...] En Prusse, les journées révolutionnaires du 18 au 21 mars voient s'affronter le peuple et la garde nationale. Finalement, le roi cède devant les revendications populaires et concède aux forces subversives, la formation d'un cabinet libéral (Camphausen et Hansemann), qui annonce l'élection d'un Landtag au suffrage universel. Les princes allemands se voient contraints de nommer des ministres libéraux qui proclament la liberté de la presse et le droit de réunion ainsi qu'une réforme du droit de vote. L'optimisme est général. [...]
[...] La solution de la petite Allemagne, après rédaction des droits fondamentaux et de la constitution, est acquise à une faible majorité : on propose alors la couronne à Frédéric-Guillaume IV en mars 1849. Mais celui-ci, ne voulant pas d'une légitimité issue de la révolution, refuse un titre et une constitution pourtant acceptés par 28 autres gouvernements allemands. Ceci porte le coup de grâce au Parlement de Francfort. Les députés libéraux, découragés, abandonnent le Parlement. Des révoltes démocratiques éclatent. L'armée prussienne intervient et chasse les derniers députés. C'est la fin de l'unité des forces révolutionnaires de 1848. Les forces de la Réaction rétablissent rapidement l'ancienne Confédération germanique. [...]
[...] Néanmoins, si leur combat contre l'absolutisme les pousse à se radicaliser peu à peu, les tendances révolutionnaires des classes populaires ne vont pas sans les inquiéter. A mesure que cette crise s'étend, les libéraux cherchent à freiner ce mouvement dont ils veulent à tout prix conserver la direction. Ils estiment en effet que le développement social risque de retarder la solution des problèmes politiques, essentielle à leurs yeux. C'est dans cette optique qu'ils condamnent les jacqueries des paysans du Sud de l'Allemagne en janvier 1848. [...]
[...] En réalité, la question centrale à laquelle le Parlement est réellement confronté, c'est la question nationale. Après de nombreux compromis, le Parlement décide en octobre 1848 que le statut de l'Allemagne sera un empire : dès lors, les députés vont se diviser sur la question : quelles doivent être les limites de cet empire et à qui revient la couronne ? Très vite, s'opposent deux conceptions majeures pour la formation de la nouvelle Allemagne : -la petite Allemagne, celle du Zollverein c'est-à-dire une Allemagne dominée par la Prusse où la religion protestante est majoritaire. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture